Liaison transmanche rapide

vendredi 18 février 2005 OUEST-FRANCE

La Brittany Ferries met le turbo

Elle a affrété un navire ultra rapide pour relier la Normandie à l'Angleterre

Le « Normandie Express » a fait escale, hier, à Roscoff (Finistère) pour y débarquer « Sill et Véolia », le catamaran du skipper Roland Jourdain, resté en Australie après une avarie pendant le Vendée Globe (lire en dernière page). Affrété par la Brittany Ferries pour relier Portsmouth à Cherbourg et Caen, le « Normandie Express » sera le plus grand navire rapide transmanche.

Vingt jours. C'est le temps qu'il aura fallu au Normandie Express, qui arrive cet après-midi à Ouistreham puis Cherbourg, pour couvrir les 17 000 km séparant l'Australie de la Bretagne. Soit une moyenne de 20 noeuds à l'heure (près de 40 km/h) avec des pointes à 40 noeuds. C'est dire si l'engin, construit en 2000 en Australie, à l'occasion des Jeux olympiques de Sydney, va vite. C'est d'ailleurs pour ça que la Britanny Ferries l'a affrété : pour pouvoir « proposer des traversées rapides, en complément de l'offre de croisières traditionnelles ».

Cherbourg-Portsmouth en 3 heures

Long de 98 m, pouvant accueillir 900 passagers et 280 voitures, le Normandie Express permettra, à partir du 16 mars et jusqu'à la fin octobre, de rallier le port anglais de Portsmouth en 3 heures au départ de Cherbourg, et en 3 h 45 au départ de Caen-Ouistreham. Soit un gain de temps d'une heure et demie sur la première ligne et de deux heures sur la seconde. Ce qui est loin d'être négligeable, car, du côté de l'armement roscovite, on a conscience que « pour un certain type de clientèle, notamment les jeunes, la vitesse de traversée est très importante. On savait qu'il fallait mettre ce type de liaisons rapides en service. Le retrait de P & O du trafic transmanche a accéléré le mouvement », note Michel Maraval, directeur général de la Brittany Ferries.

La clientèle anglaise, et notamment londonienne, dispose « d'alternatives de passages par le Pas-de-Calais » dont elle profite de plus en plus. En embarquant sur ce navire, les passagers britanniques pourront ainsi « rejoindre leurs lieux de villégiature dans le sud de la France en une seule journée, alors que sur un ferry traditionnel, ils sont souvent obligés de partir la veille ».

Dégradation de la fréquentation

Surtout, la compagnie sait qu'elle doit redresser la barre, et le Normandie Express doit l'y aider, si elle veut reconquérir cette clientèle britannique qui paraît désormais moins attirée par la France, alors qu'elle constitue 80 % de sa clientèle. Résultat, la Brittany Ferries a enregistré une baisse d'activité de 5 % en passagers en 2004 (sur environ 2,5 millions de passagers).

« C'est vrai qu'il y a une dégradation significative de la fréquentation britannique, reconnaît Michel Maraval, les Anglais sont de plus en plus nombreux à choisir d'autres destinations que la France, à se tourner vers la Méditerranée et surtout vers les pays d'Europe de l'Est pour les séjours courts. » Mais ça, « c'est un phénomène qui nous dépasse. On peut juste espérer que, à l'image de l'Espagne, la France face un effort en matière de marketing » pour redorer son blason touristique auprès des sujets de Sa très gracieuse Majesté.

En attendant, la Brittany Ferries va, elle, mettre le turbo. Elle recrute actuellement 80 saisonniers. Et s'appuie sur des marins anglais qui passeront, l'année prochaine, le relais à un équipage maison, quand il aura été formé au pilotage de cette nouvelle unité.

Loïc BAUVERGER.