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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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24 février 2005

L'info intéresse les Normands : interview du PDG de Ouest-France dans Libé

Récemment France-Antilles disait son intention de céder une part de ses participations dans trois journaux en Haute-Normandie (Paris-Normandie, havre-Presse, Havre-Libre). Récemment l'autre "grand" communiquant présent en Basse-Normandie, Ouest-France prenait possession de trois journaux dans le "Grand-Ouest". Voici l'article du PDG de Ouest-France paru ce jour dans Libération où il revient sur les acquisitions, les difficultées de la presse et sur un éventuel positionnement envers les journaux normands de France-Antilles (même si sur ce sujet, il n'y a pas vraiment de réponse tranchée du Président....).

Site Liberation

François-Régis Hutin, patron d'«Ouest-France», qui a racheté trois quotidiens concurrents :
«La presse écrite, c'est comme la quille d'un navire»

Par Olivier COSTEMALLE

jeudi 24 février 2005 (Liberation - 06:00)
François-Régis Hutin, 75 ans, est aux commandes d'Ouest-France depuis quarante ans. Il revient sur les raisons qui l'ont amené à racheter (si les autorités de la concurrence donnent leur accord) les trois quotidiens du pôle Ouest du groupe Socpresse-Dassault : Presse-Océan (qui a perdu 6 millions d'euros en 2004, et se trouve en quasi-faillite), le Maine libre et le Courrier de l'Ouest.

Pourquoi était-il si important pour vous d'acquérir ces trois journaux ?

Ce qui nous motive, ce n'est pas l'ampleur du déficit, vous le pensez bien. Et pourtant, si. Parce que cela dénote une dégringolade de la presse dans la région, et que cela nous inquiète. Des centaines de milliers de lecteurs pourraient être privés de journaux issus de la Résistance, auxquels ils ont fait confiance pendant longtemps. Nous ne pouvons pas y rester indifférents. Si ces journaux disparaissent, ce n'est bon ni pour l'information, ni pour nous, ni pour l'ensemble de la presse française.

Comment allez-vous faire pour redresser leur situation financière ? Est-ce que ça passera par des licenciements ?

On ne peut pas accepter que le trou continue à s'agrandir. Et donc on prendra les mesures qu'il faut. Si ça passe par des diminutions d'emploi, et si c'est absolument nécessaire, ce sera douloureux et triste, mais ce ne sera pas de notre fait, ce sera du fait d'une situation dont on aura hérité.

Que répondez-vous à ceux qui dénoncent le monopole d'Ouest-France dans sa région ?

S'il y a monopole, ça veut dire que les autres journaux ont disparu. Est-ce de notre faute ? Faut-il qu'on disparaisse aussi pour qu'il n'y ait pas de monopole ? D'autre part, c'est invraisemblable de parler de monopole sur cette zone : que faites-vous des 200 000 exemplaires du Télégramme ? C'est au contraire dans notre Grand Ouest que la presse est la plus dynamique, que les taux de pénétration sont les plus forts. Ce qui nous motive, c'est le développement de l'information dans l'Ouest et le pluralisme de l'information dans notre démocratie. Les journaux que nous achetons vont conserver leur autonomie et leur ligne éditoriale.

Vous vous êtes inquiété à plusieurs reprises de l'emprise de groupes industriels comme Lagardère ou Dassault sur la presse française...

Je me garde de critiquer M. Lagardère ou M. Dassault. Que je sache, les journaux de M. Lagardère ne sont pas plus mauvais que d'autres. M. Dassault a racheté des journaux qui étaient à vendre. Ce que je critique, c'est le système français qui fait que la presse écrite est concurrencée de manière anormale par les collectivités et certains services publics. L'audiovisuel public capte de la publicité alors qu'il bénéficie de la redevance. Les bulletins municipaux, financés avec de l'argent public, prennent de la publicité à la presse quotidienne régionale. C'est là entre autres qu'est le mal, pas chez M. Dassault.

Autre critique qui vous est adressée : le fait que le groupe Ouest-France détienne, indirectement, 50 % de 20 Minutes France. Est-ce que vous ne contribuez pas ainsi à affaiblir la presse traditionnelle ?

Comment sont-ils venus en France, Metro et 20 Minutes ? Ils ont constaté que, pour acheter un journal, on ne savait pas où aller, puisque de nombreux kiosques disparaissent. Les créateurs de ces titres ont pensé que les Français avaient quand même envie de lire quelque chose le matin en allant au boulot. Nous avons pensé en effet que c'était une réponse. On nous dit : «C'est horrible, ils sont gratuits.» Mais la publicité finance aussi 30, 40 ou 50 % de nos journaux payants. La radio et la télévision sont gratuites. Les problèmes de la presse payante n'ont pas commencé avec les gratuits. Elle aurait peut-être dû commencer à se poser des questions avant leur arrivée. Maintenant ils arrivent chez nous. Ça va peut-être nous stimuler, ça nous fera peut-être du bien.

Envisagez-vous d'autres acquisitions ? Du côté des journaux normands de France Antilles ? Ou dans la presse nationale ?

Pour l'instant, ce que nous projetons de reprendre ­ si la direction de la concurrence nous donne son accord ­ suffit à notre bonheur et à nourrir nos soucis. Nous ne cherchons pas à grandir pour grandir. Nous sommes une association loi de 1901 dont l'objectif est de faire vivre les valeurs de la Résistance (lire ci-contre). On veut que la presse vive mieux. Les radios, la télé, font de l'information et c'est très précieux. Mais la presse écrite, c'est un peu comme la quille d'un navire. La quille est sous l'eau, on la voit peu, mais c'est elle qui tient le bateau. Nous savons que s'il n'y a plus de presse régionale la France ne sera plus informée sur elle-même.

Ce qu'il faut savoir sur le groupe Ouest-France...

Un statut unique en France
jeudi 24 février 2005 (Liberation - 06:00)
Le quotidien Ouest-France est à l'abri d'un prédateur éventuel grâce à une structure juridique originale, mise en place en 1990. Il a pour actionnaire principal (à 99,97 %) une société civile, la Sipa, elle-même détenue (à 99,9 %) par une association à but non lucratif (type loi de 1901), l'Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste. Les 63 sociétaires de cette association sont des proches de François-Régis Hutin. La Sipa (7 000 salariés, 845 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2003) détient notamment un gros groupe de presse gratuite de petites annonces, Spir Communication, et, via des filiales, 50 % de 20 Minutes France (au côté du norvégien Schibsted). Le groupe est également présent dans la presse hebdomadaire régionale (Publihebdos, 38 titres).

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