Et de trois !

Sondage Ifop/Ouest-France à la veille du congrès FNSEALe « non » paysan à la Constitution Le projet de Constitution cristallise tous les mécontentements. Cette fois, c'est le monde paysan qui pourrait - massivement - dire « non » au référendum, selon un sondage Ifop / Ouest-France. Et de trois ! Un nouveau sondage donne le « non » en tête. Cette fois, ce sont les agriculteurs, catégorie la plus consciente des bienfaits européens pour son développement, qui mettent les pieds dans le plat : 69 % de paysans qui expriment un avis - une majorité ne se prononce pas - rejettent le projet de Constitution. Une proportion à mettre en rapport avec le pessimisme (63 %) qui dominera forcément le congrès de la FNSEA qui débute, aujourd'hui, au Mans. L'Europe vécue comme une menace On comprend mieux l'embarras d'un Jean-Michel Lemétayer, candidat à sa succession, quand il se dit « à titre personnel » favorable à la Constitution mais sans engager son syndicat sur le chemin du « oui ». De ce point de vue, les résultats de l'enquête Ifop/Ouest-France ne surprennent qu'à moitié. Les paysans n'ont plus le moral. Ils croulent sous la paperasse, les contrôles, les critiques, voire sous les dettes. L'Europe, c'était bien pour moderniser l'agriculture, donner à manger à un continent qui n'était pas autosuffisant. Or, quel est le message de Bruxelles à travers la réforme de la Pac ? Que les paysans ne seront plus aidés en fonction de ce qu'ils produisent ; qu'ils toucheront moins parce qu'il faut économiser et partager avec les nouveaux convives de l'Union ; qu'ils vont devoir investir toujours plus dans l'environnement ; qu'ils vont être directement soumis au yo-yo des cours, exposés aux prix mondiaux les plus bas et au bon vouloir de la distribution... L'élargissement à marche forcée - ne parlons même pas de la Turquie - est vécu à la fois comme une menace et comme un sacrifice. Là où l'on serait en droit de s'étonner, c'est quand le monde paysan, surtout les hommes âgés, établit un lien direct entre son sort et le référendum. Qu'il y ait ou non une Constitution ne change rien à une réforme de la Pac, tracée au cordeau jusqu'en 2013. L'alignement de Bruxelles sur les attentes de l'Organisation mondiale du commerce (baisse des aides, alignement sur les prix mondiaux) n'a pas attendu la loi fondamentale. Dans les campagnes, tout le monde le sait. Jacques Chirac, l'ami des paysans, trahi par les siens ? Ce serait bien la preuve que l'on nage en plein syndrome de l'exutoire. Avec le risque qu'un « non » se traduise par une moindre maîtrise des politiques européennes et se retourne contre ceux qui prendraient Bruxelles comme cible. COMMENTAIRES DE MHAP : je suis petit-fils de paysan (un métayer, un cultivateur et un éleveur). Je veux bien comme mes compatriotes m’affubler du terme de CUL-TERREUX, j’en suis fier Mais ce que je ne peux accepter c’est quand les agriculteurs affirment devoir craindre l’avenir européen. Ils me semblent qu’ils produisent plus vite grâce aux nouvelles machines, qu’ils vivent dans un plus grand confort grâce à ces machines, qu’ils travaillent beaucoup moins que leurs parents ou grands parents et qu’ils touchent pour les plus grands une manne pécuniaire de Bruxelles non méprisable. Je le dis tout haut, un agriculteur de ma connaissance possédant 800 ha de labour touche plus de 200.000 Euros par an de subventions européennes tout en travaillant moins. Celui-ci n’a pas à se plaindre mais c’est pourtant ce dernier et ses riches homologues qui poussent les petits agriculteurs à la révolte. Le petit n’a aucune chance face à ces rouleaux compresseurs de l ‘agriculture, les subventions qu’il espère ne couvrent pas le remboursement annuel de son endettement. Le petit paysan devrait se révolter et réclamer une meilleure répartition des aides agricoles, pas toujours donner aux très riches mais aider les plus démunis du monde agricole. Voila ce qui devrait être fait quitte à jouer les petits contre les grands ! Par contre si je défends le petit paysan, je dénonce dans son ensemble la peur des anciens. Bon Dieu, on fait l’Europe pour les générations futures par pour les retraités ou pour ceux qui aspirent à la retraite. Les syndicats paysans ne valent pas mieux que les autres syndicats, leur raisonnement va à contre sens. Il fallait que cela soit dit. MHAP