"Le centralisme français à bout de souffle"
Il est parfois fatigant de toujours répéter (quand on a le droit à la parole) la même chose sans pouvoir se faire comprendre : mais si plusieurs voix s'élèvent alors peut-être que les choses changeront. Je vous invite à lire la tribune de Jean Ollivro, professeur de géographie à l'Université de Haute Bretagne, parue ce lundi dans le journal Ouest-France.
[Yuca de Taillefer].
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Alors qu’une large part de la population se mobilise contre le C.P.E, la difficulté actuelle du gouvernement à négocier traduit bien les enfermements et les blocages que connaît la France.
Nous vivons depuis maintenant cinq mois dans un pays de conflits, dont le mode de fonctionnement archaïque est de plus en plus en décalage avec les aspirations de la population et ce n’est pas un hasard si ce sont précisément les jeunes qui se mobilisent, dans les banlieues puis à l’université.
Entre la « gérontocratie » politique et la nouvelle vague, il n’y a pas seulement une différence d’âge. Il y a aussi une inégalité de richesse et le fossé d’une révolution technologique. Alors que le pouvoir central favorise la « concentration urbaine » censée promouvoir « l’égalité », tous les indicateurs montrent un essor des ségrégations territoriales, des fractures sociales et générationnelles.
Les jeunes des banlieues qui se sont révoltés exprimaient sur le fond le mal être d’une vie périphérique et sans espoir, d’une vie à-côté des beaux quartiers, d’une vie d’exclusion. Parallèlement, depuis deux ou trois ans, les jeunes utilisent aussi massivement les nouvelles technologies d’information et de communication (Internet, mobile 3.G…). Il s’agit d’une génération extrêmement réactive aux « nouvelles », qui va elle-même piocher l’information qu’elle souhaite, au moment où elle le désire.
En alimentant leurs blogs et en activant leur messagerie, cette jeunesse est aussi productrice d’informations et nous assistons de plus en plus à l’émergence d’une société éclatée, en quête de sens, mais aussi en profonde rupture avec un mode de fonctionnement politique descendant. En somme, le temps de l’O.R.T.F est définitivement révolu et le pouvoir politique ne l’a pas compris ou ne veut pas l’admettre.
Les décisions largement pyramidales prises par quelques technocrates ou au forceps -par exemple à coup de 49-3- vont à l’encontre des réalités collectives. Aujourd’hui, la France est en crise car le pouvoir parisien est un système qui cherche à maintenir une organisation politique archaïque, à pérenniser une organisation centraliste et descendante, à conforter sa puissance, sa richesse et sa suprématie.
Or, les centralismes (parisiens, urbains…) ne correspondent plus à la réalité de la société et l’on ne peut plus continuer à mentir aux gens, à leur parler « d’égalité », de « liberté » et de « fraternité » alors que la société n’a jamais été aussi injuste, surveillée, fracturée.
Selon nous, les difficultés actuelles de la France « indivisible » illustrent donc bien la nécessité de réfléchir autrement, de refondre de façon globale le projet collectif. Il s’agit d’un projet éminemment politique qui invite chacun à peser pour l’organisation d’une société plus juste, ascendante et décentralisée. Il s’agit moins de décider à court terme (état d’urgence, précarité…) que de bâtir un réel projet politique, environnemental et social en donnant du sens sur des temporalités plus longues, en prenant en compte la diversité croissante des territoires, des cultures et des habitants de la France.
L’enjeu de la refonte globale d’un système politique français à bout de souffle est tout simplement un enjeu de démocratie.
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Note de Yuca de Taillefer
Les politiques et les citoyens éclairés devraient comprendre qu'il est urgent de permettre la renaissance d'une Région Normandie puis ensuite de réfléchir français au niveau global, avec lucidité et dans le calme, à rapprocher le pouvoir anciennement étatique du niveau régional car cela serait un bonne méthode pour lutter contre l'éclatement de notre société : par l'implication des citoyens, des acteurs économiques et sociaux dans des projets de région, cela redonnerait du sens à notre société...
Car c'est bien notre organisation politique qui est complètement archaïque et dépassée.
C'est à chacun d'oeuvrer comme il peut et de se bouger, car ça ne va pas venir tout seul!
Et si les politiques ne comprennent pas cela... c'est à désespérer!