La Normandie & les Normands rendent hommage aux victimes civiles de la guerre
La Normandie, les Normands et les Normandes se souviennent...
Via Associated Press & Frédéric Vielle
AP | 10.06.06 | 14:02 - CAEN (Agence AP)
Dans le cadre des commémorations du 62e anniversaire du Débarquement, un hommage sera rendu dimanche à Aunay-sur-Odon (Calvados) aux 20.000 victimes civiles normandes du Jour J et de la bataille de Normandie.
Dans les prévisions de l'opération Overlord, la libération de la Normandie devait être accomplie en trois semaines, mais il a fallu quatre fois plus de temps pour y parvenir.
Si du côté des Alliés comme du côté des Allemands, les pertes humaines furent importantes, près de 20.000 décès furent comptabilisés parmi la population civile normande.
Caen et Lisieux dans le Calvados, mais aussi Coutances et Saint-Lô dans la Manche, Vire dans l'Orne et bien d'autres villes furent anéanties et de paisibles villages rasés.
Le Débarquement et la bataille de Normandie eurent d'importantes incidences sur les activités économiques qui furent largement désorganisées mais aussi sur des trésors artistiques et culturels disparus à jamais.
La Normandie a donc longtemps porté en elle les traces laissées par la guerre, mais son martyre fut la rançon de la libération nationale. "Il est bon qu'aujourd'hui personne ne l'oublie; comme il est juste que chacun associe dans son souvenir le sacrifice d'une région et de ses habitants à celui de ces hommes jeunes, venus d'outre-Atlantique ou d'outre-Manche, reposant à jamais dans la terre normande qu'ils étaient venus libérer", explique l'amiral Christian Brac de la Perrière, président de l'association Normandie Mémoire.
C'est cette association qui est à l'origine de la journée d'hommage aux victimes civiles organisée dimanche à Aunay-sur-Odon, "là où le 12 juin 1944 un raid aérien a totalement rasé ce village, faisant 108 morts sur une population de 1.800 habitants", reprend l'amiral.
La cérémonie, qui débutera à 11h15 sur la place de la mairie et à laquelle participeront les plus hautes autorités régionales, sera également un moment important pour les rescapés de cette période.
Ainsi, Louise Minette, 92 ans, présidente de l'association des victimes civiles normandes, sera présente avec une certaine émotion. "Car nous sommes de moins en moins nombreux. Nous disparaissons avec l'âge! Le plus jeune de notre association a aujourd'hui 75 ans".
Louise a perdu son mari lors des bombardements de Caen, en juillet 1944. "La ville a entièrement été rasée, mon mari a eu la jambe déchiquetée par l'éclat d'une bombe tombée dans notre cour", ajoute la vieille dame, toujours aussi alerte.
Pour elle, cette journée d'hommage dédiée aux victimes civiles "est une juste récompense pour tous ceux qui ont laissé leur vie à une époque où nous commencions à entrevoir la liberté", conclut-elle.
Quelques rappels :
Durant l’été 1944, 20 000 normands périrent dans les combats et 300 000 autres furent sinistrés. En quelques jours, plusieurs villes furent entièrement détruites, parmi lesquelles Saint-Lô, qu’on surnomma alors « capitale des ruines ».
Rouen et le Havre furent aussi très durement touchés : Rouen fut bombardée la terrible nuit du 18 au 19 avril 1944 et lors de la Semaine Rouge du mardi 30 mai au samedi 4 juin, et entre 1940 et 1944, Rouen et sa région sont anéantis : Pour la seule capitale normande, on dénombrera 1.600 victimes civiles, 8.000 logements détruits (soit 26.650 Rouennais complètement sinistrés et 13.450 sinistrés partiels). Le patrimoine architectural sera profondément endommagé (cathédrale, églises, palais de justice, etc.) ainsi que les infrastructures (ponts, port, gares, notamment la gare de triage de Sotteville-lès-Rouen…). Il faudra vingt ans pour tout reconstruire.
Nombre de civils tués par département (estimation) : Calvados
8 100 Manche
3 700 Orne
2 100 Eure
900 Seine-Maritime
4 850