Recul du littoral normand

Verra-t-on, dans quelques décennies, la mer battre de nouveau les rivages d'Aigues-Mortes (Gard), comme au temps de Saint Louis, ou le littoral de Normandie ou d'Aquitaine reculer de plusieurs kilomètres ? Certes les régions ne se comportent pas comme des plaques techtoniques, mais le recul des côtes est sérieux!

Alors que 60 % des plages normandes sont en recul, 20 % s'agrandissent, comme à Deauville. En effet, les courants marins arrachent des sédiments dans une zone pour en enrichir une autre. L'érosion la plus marquée concerne la côte située entre la baie du Mont-Saint-Michel et le cap de la Hague, où le recul peut atteindre 5 m/an en moyenne.

"Le retrait le plus important est situé à Montmartin-sur-Mer (Manche), où on a perdu 200 mètres de terrain en quinze ans", explique Franck Levoy, professeur de géosciences à l'université de Caen. L'ampleur du phénomène est liée aux tempêtes et à un aménagement anthropique néfaste, car "souvent, ces infrastructures modifient les courants côtiers, ce qui a pour effet de faire partir les sédiments", ajoute le scientifique.

érosion à la Pointe du Hoc.

Pour contrebalancer l'érosion des plages, de grandes quantités de sable sont nécessaires, afin de modifier la hauteur des vagues. " Il faut compter 100 mètres cubes de sable pour un mètre de côte, ce qui permet de renforcer la plage, ainsi que la dune située à l'arrière", précise Franck Levoy.

Dans un genre différent, les falaises de craie du pays de Caux subissent une érosion de 20 cm/an en moyenne. "L'aléa de l'écroulement des falaises existe et il est naturel, note Robert Lafite, professeur de géologie à l'université de Rouen. Il ne représente un risque qu'en cas de présence de constructions." Ces effondrements sont dus à la nature poreuse de la roche calcaire. "Elle décompresse naturellement, et elle est parcourue de petites rivières", ajoute le chercheur. En s'effondrant, la falaise libère les rognons de silex qui, roulés par les vagues, deviendront ces galets qui protègent le bas de la falaise.

Source: BRGM, le portail des sciences de la Terre.
depuis l'article de Christiane Galus, « L'érosion touche plus du quart du littoral français », dans Le Monde du 12-08-2007

érosion = processus de dégradation et de transformation du relief, et donc des roches, qui est causé par tout agent externe (donc autre que la tectonique).
anthropique = du grec "anthropos", homme , un aménagement anthropique est un aménagement fait par l'Homme et non par les forces de la nature.
principe anthropique (du grec anthropos, homme) = c'est un principe heuristique et métaphysique qui énonce que si nous observons l'univers tel que nous le connaissons, c'est avant toute autre chose parce que nous nous y trouvons ! Car, si nous n'y étions pas, nous ne serions pas là pour le constater. C'est une tautologie !
« Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. » Candide, chapitre I

Comments

[Y. Brosseron]

L’histoire se passe vers 1946 1949. Pour les vacances d’été la famille louait une maison à un maraîcher du Home-Varaville,(pas loin des marais de l’info du 20 août dernier) à quelques centaines de mètres des dunes et de la plage. Les cousins et cousines s’y retrouvaient pour de belles vacances dans la nature encore préservée. Il n’y avait à cette époque aucune construction sur le littoral. La plage n’était fréquentée que par de modestes pêcheurs à la seine que nous aidions ( ?) à remonter les filets contre le droit d’emmener un ou deux poulpes.

Ce maraîcher vendait ses fruits et légumes à des commerçants de Cabourg. Il m’arrivait assez souvent de l’accompagner dans son grand potager car j’étais fasciné par ce vieux monsieur qui savait tant de choses sur les fleurs, les plantes, les oiseaux, Et puis il parlait en patois, sonorités que j’adorais écouter, surtout parce qu’il nous était interdit de le parler. C’est avec lui que j’ai appris à repiquer salades et porettes. A mon grand étonnement d’enfant, il vidait les tinettes aux pieds des artichauts ! Engrais aussi naturel qu’efficace à voir la belle allure de leurs fleurs.
Le sol était noir car bien fumé, mais léger car sablonneux.
« Vois-tu, si le sol est sablonneux, me disait-il, c’est qu’autrefois, il y a très très longtemps, ce terrain était recouvert par la mer ! »
Et, après un temps de réflexion, il avait ajouté ce jour là une phrase qui m’a marquée car j’en ai gardé le souvenir :
« Une légende dit qu’un jour la mer reviendra ! ».

Il y a quelques mois, la DDE du Calvados s’inquiétait de la fragilité du cordon dunaire qui protège l’arrière pays du Home.

[Yuca 2 Taillefer]

Les deux demi-régions normandes sont en 2ème et 5ème place des régions françaises en ce qui concerne le % des côtes en recul :
1/ Nord-Pas de Calais (74% du rivage est en recul)
2/ la Haute-Normandie (55%)
3/ la Picardie (41%)
4/ l’Aquitaine (39%)
5/ la Basse-Normandie (38%)

Source : Ifremer (A noter que le Laboratoire Environnement Ressources de Normandie = LERN s'occupe principalement que de la "basse" Normandie ce qui est bien dommage, lien http://www.ifremer.fr/lern/ )

des exemples d'érosion côtière :
- Dans le secteur Gold Beach (Calvados),au niveau du camping de la commune de Graye-sur-Mer, le trait de côte est en fort recul avec -17 m depuis 1995.
- A Colleville-sur-Mer, au pied du cimetière américain, le recul global du trait de côte depuis 1995 atteint -6,7 m avec une tendance annuelle de -0,4 m/an.
- A Aumeville-Lestre, entre 1996 et 2004, le trait de côte a reculé à une vitesse moyenne de 6,4 m/an mais sans qu'aucun bien ne soit menacé.
- A Créances, le recul du littoral a atteint –12,2 m/an entre 1992 et 2004.
- Le site le plus sensible est la commune de Montmartin-sur-Mer où se présente un risque de submersion de la zone urbanisée au nord de Hauteville-sur-Mer en cas de formation d’une brèche. Le recul du trait de côte atteint 178,4 m depuis 1992. A Genêts, le trait de côte recule à une vitesse de -20,4 m/an depuis 1992 .
- Les falaises d'albâtres cauchoises (Seine Maritime) reculent d’environ 20 cm par an (entre Veules-les-Roses et Puys, là où la craie est très fragile, le recul des falaises peut atteindre 51 cm par an. A l’inverse entre Bénouville et Veulettes-sur-Mer, là où la craie est solide, le recul est de 14 à 17 cm par an. A Etretat, c'est stable depuis très longtemps).

Sur le sujet voir le document "Plans de Préventions des Risques Littoraux" de l'ADERCI Normandie (Association pour le Developpement des Energies et des Responsabilites Citoyennes) pour la description des phénomènes :
http://aderci-normandie.fr/share/PreventionsRisques.pdf

Sinon cher Yves, je ne pense pas que l'engloutissement total de la Normandie par la mer serait la solution à notre unification, loin de moi, mais cela peut permettre aux internautes Normands de mieux connaître leur géographie et voir que celle-ci est liée aux éléments, que rien n'est figé ni dans l'espace, ni dans le temps. Pas de peur panique donc à avoir, je ne veut pas être un oiseau de mauvais augure, mais il faut mieux savoir et connaître pour mieux être préparer et pour agir.

Yuca de Taillefer.

[Thierry50]

Etant donné que le rivage recule en certains endroits de la côte normande, je propose qu'on en profite pour déplacer le Mont-Saint-Michel, par exemple au nord de Granville. Ici, il n'y aura plus de problème d'ensablement, et même plus les années passeront, plus il sera en mer!
De plus, cela aurait l'avantage d'éloigner un peu le Mont de nos voisins bretons, qui ne pourront plus lorgner sur notre édifice et utiliser sa proximité pour le revendiquer!
Nous sommes le 1er septembre, pas le 1er avril, c'était juste un petit trait d'humour...

[Y Brosseron]

Cher Yuca,
Suggères-tu que l'engloutissement total de la Normandie par la mer serait la solution à la réunification ?
Ca fait peur !
YB 2 Bienfaite