Le Conseil des Ministres français se régionnalise et va à Strasbourg
Evenement : Le conseil des ministres se tient exceptionnellement vendredi à Strasbourg, dans le cadre d'un déplacement de Nicolas Sarkozy en Alsace, où il se trouve depuis jeudi. Le chef de l'Etat renoue ainsi avec une pratique mise en place par Valéry Giscard d'Estaing non renouvelée depuis 1976.
En renouant avec cette pratique, l'actuel chef de l'Etat indique vouloir être "proche" des Français en précisant que "L'esprit c'est de sortir de Paris et de montrer qu'en France il n'y a pas que la capitale et que la vie économique, la vie politique, la vie administrative se déploient ailleurs qu'à Paris", indique l'Elysée, dont le porte-parole, David Martinon, a précisé qu'un autre conseil en-dehors de la capitale est prévu "sans doute en octobre", en Corse.
Interrogé jeudi sur le coût de cette initiative, le porte-parole de l'Elysée David Martinon, avait répondu amusé aux journalistes qu'il fallait "multiplier le nombre de ministres plus un officier de sécurité par le prix du billet de train". le déplacement aller des Ministres se fera en TGV, le retour en avion.... pour être sûre d'être à l'heure au Stade de France (coupe du monde de l'Ovalie oblige) !Pas besoin d'être grand clerc pour se rendre compte que c'est principalement les régions françaises à forte identité qui sont prévues d'être les bénéficiaires de cette opération gouvernementale.
Zapping : Après avoir mis un pataquès pas possible en Bretagne, voici donc le tour à l'Alsace....
Pour illustrer : publication du CNER - Conseil National des Economies Régionales
(La revue des agences de développement et des comités d'expansion)
Mais qu'en penses-t-on en régions à forte identité justement ? petite revue de presse des commentaires des éditorialistes régionaux (même si beaucoup d'entre eux ont choisit d'éditorialiser sur L'Ovalie) :
LES DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE
Olivier Picard
"Venir à Strasbourg pour tenir le premier conseil des ministres décentralisé depuis trente et un ans est une entreprise positive, et plutôt sympathique. Tout le gouvernement qui prend le train dès potron-minet pour se rendre dans la capitale alsacienne, voilà une séquence romanesque à la Resnais du grand film du pouvoir. (...) Encore faudrait-il que cet aller-retour prenne plus de sens qu'une simple récompense. (...) Quelle signification aurait ce conseil extraordinaire s'il ne se traduisait pas par une remise en question d'une recentralisation rampante, depuis plusieurs années déjà, des décisions ? Quant à l'autorité de l'Etat, que l'on se propose de restaurer partout, elle gagnerait à se nourrir d'une ambition de proximité, d'une volonté de simplicité, et d'un désir d'assistance - au meilleur sens du mot - auprès des Français les plus défavorisés. Si le conseil des ministres strasbourgeois adresse quelques signes dans cette direction, alors il contredira le scepticisme de ceux qui sourient d'une opération de communication. Alors, seulement, il aura une portée nationale, un écho durable sur tout le territoire et une valeur d'exemple pour d'autres grandes métropoles régionales à la dimension mal reconnue au-delà de nos frontières".
LA VOIX DU NORD
Hervé Favre
"Trente et un ans après le dernier conseil des ministres "décentralisé" à Lille par Valéry Giscard d'Estaing, bien avant le TGV Nord, Nicolas Sarkozy délocalise son gouvernement au grand complet ce matin à Strasbourg. Mais il ne faut pas confondre conseil des ministres décentralisé et volonté de décentralisation, la grande absente du programme présidentiel. (...) En 2006, avant son investiture, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait déjà annoncé la couleur, en prônant devant les maires de France une "pause" avant le lancement de l'acte III de la décentralisation. Après l'acte I écrit par Pierre Mauroy en 1982, l'acte II rédigé par Jean-Pierre Raffarin en 2002, l'entracte avant l'acte III risque de se prolonger, meublé par quelques représentations ministérielles en province".
Note de Yuca de Taillefer :
"Il est vrai que s'il faut apprécier cet "effort" gouvernemental qui commence à prendre conscience que la France n'est pas que Paris, il faut aussi constater que régionaliser le Conseil des Ministres, ce n'est pas régionaliser la France. Il est à craindre aussi que plus la Normandie tardera à s'unifier plus elle aura du mal à être visible depuis l'Executif, domicilié la plupart du temps à Paris. Le Conseil des Ministres n'est pas prêt de venir en Normandie : divisée et sans TGV depuis Paris, contrairement à L'Alsace, la Normandie n'a pas d'existence pour l'Exécutif national !"