Interventions du collectif BEN auprès de Le Vern et Rufenacht
Pour lire les lettres adressées par BEN à MM Le Vern et Rufenacht, cliquez sur le logo correspondant à la région ou à la ville dont ces messieurs ont la charge. Merci au Collectif Bienvenue en Normandie.
Caen, le 22 juin 2009 <br />
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Le Président du Conseil Général du Calvados <br />
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Monsieur le Président de la République, <br />
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En présentant le projet du Grand Paris le 29 avril dernier, vous avez fait part de votre ambition de doter la capitale d’une façade portuaire, en intégrant le Havre à <br />
une vision d’avenir dont chacun reconnaît la nécessité et la pertinence. Paris est plus que la capitale de la France, elle est, avec Londres, la seule métropole d’envergure mondiale que compte l’Europe. Cette situation particulière justifie pleinement que le Président de la République s’empare des questions liées à l’avenir de Paris et lui offre une réelle façade maritime. <br />
Les annonces qui ont été faites concernant Le Havre et le projet de liaison TGV entre Paris, Rouen et Le Havre, se sont toutefois inscrites dans un contexte <br />
particulier en ce qui concerne la Basse-Normandie, où elles ont déclenché une vive et compréhensible inquiétude. <br />
En effet, vous savez que notre région souffre depuis trop longtemps de la médiocrité de ses liaisons ferroviaires avec Paris : les temps de parcours sont trop longs, les voitures datent de la fin des années soixante-dix, la vétusté du matériel et la surcharge du réseau sur la section comprise entre Mantes et Saint-Lazare occasionnent de multiples retards. Le service dégradé qui nous est aujourd’hui proposé par la SNCF n’est plus acceptable. <br />
Au cours de l’hiver dernier, la mobilisation des grands élus de Basse- Normandie a permis que Dominique BUSSEREAU, secrétaire d’Etat chargé des transports, s’empare d’un sujet autour duquel il n’existait jusqu’alors aucun dossier technique. Lors d’une visite à Caen le 6 avril 2009, le ministre a présenté un important <br />
projet d’amélioration de la liaison ferroviaire entre Paris, Caen et Cherbourg. A l’horizon 2020, il est prévu d’une part la mise en place d’une voie nouvelle entre <br />
Mantes et Nanterre, qui sera réservée aux trains normands desservant Saint-Lazare, et d’autre part, la création de deux « shunts » autour de Bernay et Evreux. <br />
Sans qu’il soit question de la création d’une ligne TGV, la réalisation de cette opération permettra une fiabilisation et une accélération substantielles de la desserte de Caen, qui se trouvera ainsi à 1h30 de Paris. Le calendrier annoncé prévoit le <br />
lancement des études dès cette année. Le débat public, dont la responsabilité a été confiée à M. Jean-Pierre DUPORT, devrait s’engager en 2011. Ces propositions ont été bien accueillies en Basse-Normandie et suscitent aujourd’hui une forte attente, qui ne devra pas être déçue. <br />
L’annonce d’un projet de TGV vers le Havre, trois semaines seulement après la venue à Caen d’un membre du Gouvernement, a donc suscité un certain <br />
étonnement en Basse-Normandie. Il est nécessaire que l’Etat s’exprime au plus haut niveau sur ces dossiers et explique comment les projets de desserte rapide de Caen et du Havre ont vocation à s’articuler équitablement ensemble. Le silence serait inéluctablement perçu comme une remise en cause du projet défini et annoncé par Dominique BUSSEREAU. <br />
Pour le Calvados et la Basse-Normandie, qui composent l’une des deux façades maritimes de l’estuaire de la Seine, les incertitudes liées à l’avenir de la <br />
desserte Paris-Caen-Cherbourg s’accompagnent d’un autre sujet de préoccupation : l’année dernière, ont débuté les études relatives au troisième franchissement, ferroviaire celui-ci, de la Seine, autour des logiques suivantes : <br />
- ouvrage mixte, fret et passagers, <br />
- franchissement de la Seine en tunnel profond, avec un débouché à proximité du Pont de Normandie, <br />
- création en rive gauche d’une nouvelle gare qui devrait naturellement trouver sa place à Honfleur sur les terrains réservés à cet effet depuis 2001, à la <br />
demande de l’Etat, <br />
- raccordement de ce troisième franchissement à la voie Paris-Cherbourg par Pont l’Evêque et Lisieux, favorisant l’intégration de notre territoire départemental <br />
à l’Hinterland du Havre. <br />
Le dossier, conduit par la Préfecture de Région de Haute-Normandie, a donc pris une orientation qui convient à la Basse-Normandie puisqu’il est de nature à <br />
favoriser un aménagement et un développement harmonieux des deux rives de l’estuaire, conformément aux objectifs définis par la directive territoriale <br />
d’aménagement (D.T.A.). Mais là encore, la question se pose : en fonction du tracé qui sera retenu, quel pourra être l’impact du projet de TGV entre Paris et Le Havre sur ce dossier ? Le projet de TGV est-il susceptible de conduire à une remise en cause de ce <br />
nouveau franchissement de la Seine ? <br />
Notre avenir économique dépend des réponses qui nous seront apportées sur ces sujets cruciaux. Nous travaillons à l’heure actuelle sur un grand projet de <br />
développement d’une zone logistique allant jusqu’à 300 hectares, qui serait implantée à Mézidon-Canon, au sud est de Caen, noeud ferroviaire à la jonction des lignes Paris- Cherbourg et Caen-Tours. La proximité du Havre et la présence d’un important faisceau ferroviaire rendent ce site exceptionnellement intéressant et riche de potentialités. Cette occasion ne doit pas être manquée, alors que les réserves foncières encore disponibles au Havre ne permettront pas de faire face à la croissance attendue du trafic des containers. <br />
Vous le voyez, je plaide ici pour qu’au-delà du port du Havre, les deux rives de l’estuaire de la Seine, avec leur Hinterland, composent demain la façade maritime <br />
de Paris. Cette approche présente un double avantage : elle serait d’abord de nature à relancer la dynamique de rapprochement des deux régions normandes autour d’une logique de projet ; elle contribuerait par ailleurs à conforter Caen et son agglomération, dont l’avenir constitue pour nous un véritable sujet de préoccupation. <br />
La Ville de Caen, l’agglomération de Caen la Mer, le Département du Calvados et la Région de Basse-Normandie s’apprêtent, en ce qui les concerne, à <br />
engager au plus vite un travail en commun sur ces questions majeures. Mais, en reprenant à mon compte une idée émise par M. le Député-Maire de Caen, il me <br />
semble qu’il serait utile que l’Etat confie à la DIACT une mission relative aux relations entre Paris et le littoral normand dans son ensemble. <br />
Je vous précise enfin que les termes de cette lettre, et la démarche qu’elle porte auprès de vous, ont fait l’objet d’un accord unanime de notre assemblée <br />
départementale réunie en séance plénière ce jour, lundi 22 juin. <br />
Je tenais à vous faire part de ces sujets de réflexion et de préoccupation. Le caractère exceptionnel de votre visite dans le Calvados le 6 juin dernier n’a pas permis que nous évoquions ces dossiers décisifs pour notre avenir, mais je serai heureuse de vous en entretenir si vous le souhaitez. <br />
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de ma haute considération. <br />
Anne d’ORNANO
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
Le webzine des Normands pour contribuer à la renaissance concrète de la Normandie après la fin, au 1er janvier 2016, d'une division administrative funeste décidée par l'Etat central jacobin en 1956, sans l'avis de nos concitoyens!