Dès demain des liaisons TGV en Normandie (pas encore à grande vitesse)
L'EN devait de publier l'article de Paris-Normandie car le fait est tout sauf banal. Michel H. A. Patin
Transports : mise en service ce dimanche de trains vers Roissy, Strasbourg et Dijon
Le Havre-Strasbourg sans changer de train. Cherbourg-Dijon dans le même fauteuil de rame TGV, qui fera escale à Evreux… Dimanche, les Normands s'élancent à la conquête de l'Est, grâce à deux liaisons ferroviaires qui leur livreront, en outre, un accès direct à la gare TGV de Roissy-Charles-De-Gaulle.
Nées de la volonté des régions Haute et Basse-Normandie, de la Bourgogne et du Grand Dijon, ces relations nouvelles influeront nécessairement sur la carte des échanges économiques et touristiques, voire universitaires. C'est le moment de resserrer des liens. D'en imaginer d'autres…
Au conseil économique et social de Haute-Normandie, dont il est vice-président, Nicolas Plantrou a souvent défendu « la nécessité d'organiser le territoire autrement », grâce à des liaisons transversales qui ne passeraient d'ailleurs pas forcément toutes par Paris.
La création d'une desserte ferroviaire Le Havre-Strasbourg ne peut, en conséquence, que le réjouir. « C'est un début, même s'il faudra réduire le temps du trajet, grâce à des travaux en Normandie et en région parisienne, dit-il. Cette liaison peut nous ouvrir de nouveaux marchés vers l'Allemagne, l'Autriche et le cœur de l'Europe, et générer du fret vers les ports du Havre et de Rouen. Dans cette perspective, les hommes auront besoin de se rencontrer. »
Laurent Darley, directeur de l'exploitation au port autonome de Strasbourg, est de cet avis. « Pour l'Alsace, grande région d'import-export, la qualité des relations avec Le Havre est primordiale », assure-t-il. « En grand import, c'est le premier port européen touché par les navires en provenance du bout du monde, abonde un transitaire strasbourgeois. La marchandise est donc disponible plus rapidement. »
Cet avantage sur les ports d'Anvers et de Rotterdam est cultivé par la navette de fret qui, deux ou trois fois la semaine, relie les deux ports. « Sur cette liaison de fret, nous opérons 12 000 à 15 000 conteneurs par an, précise Jean-Pierre Ternon, responsable du pôle multimodal au Grand port maritime du Havre. Et ce trafic est relativement équilibré dans les deux sens : le fait que nous soyons le premier port touché à l'import et le dernier à l'export, permet à nos partenaires de réduire de deux à trois jours le transit-time. Voilà pourquoi nos partenaires alsaciens sont, comme nous, extrêmement attachés à maintenir cette relation pour le fret. »
Pour autant, il n'est pas certain que les relations entre les opérateurs justifient la mise en œuvre d'un train pour voyageurs, qui seront infiniment plus nombreux à descendre à Roissy et à profiter des accès directs aux vols longs courriers et au réseau des trains à grande vitesse, qu'à prolonger le voyage jusqu'en Alsace. « Tout ce qui est bon pour le développement des transports, est bon pour l'économie », commente néanmoins le porte-parole du port autonome de Rouen, qui n'a aujourd'hui guère de relations avec Strasbourg, mais ne désespère pas d'en créer.
C'est également le cas à Evreux, où le lancement de la liaison Cherbourg-Dijon n'est à ce jour évalué que dans sa fonction d'accès à Roissy, puis à Marne-la-Vallée, où les petits fans de Mickey pourront débarquer en fin de matinée (11 h 26) et en repartir en début de soirée (18 h 43). Pour l'heure, les dirigeants de la CCI de l'Eure s'emploient à imaginer les liens susceptibles d'être tissés avec le cœur de la Bourgogne, région dont le dynamisme pourrait lui permettre de devenir la… locomotive de nouveaux échanges.
DE NOTRE ENVOYE SPECIAL A STRASBOURG, FRANCK BOITELLE