Dans Ouest-France de ce-jour (incroyable non?)
Agriculture, Institut régional pour la qualité alimentaire (Irqua),
télécoms, banques... ont déjà réunifié les deux Normandie. Dès 1987,
dans la foulée de la décentralisation, le Comité régional du tourisme
(CRT) jouait les précurseurs. Comme une évidence. « Lorsqu'un
touriste vient en Normandie, il ne demande pas s'il est en Basse ou en
Haute », confirme Jean-Louis Laville, directeur du CRT depuis
trois ans. « Nous vendons la destination Normandie ».
C'est
le seul Comité régional du tourisme « à réunir deux régions »
qui apportent chacune 2,7 millions d'euros. 80 % du budget. Même
entente des deux régions pour la gouvernance avec une présidence
tournante à mi-mandat : trois ans pour la Basse-Normandie, trois ans
pour la Haute-Normandie. La stratégie, votée « à l'unanimité »
pour quatre ans a retenu des événements phares. « Le
Mont Saint-Michel, la tapisserie de Bayeux, Étretat... ne suffisent
plus ». Après l'Armada à Rouen, 2010 sera l'année de
l'impressionnisme, thème transversal de Giverny à Honfleur, avant les
Jeux équestres mondiaux de 2014...
Et puis les deux régions
avaient au moins une bonne raison de partir unies pour le tourisme qui
génère un chiffre d'affaires annuel de 2,2 milliards d'euros (chiffre
2004) dont 63 % en Basse-Normandie et 37 % en Haute-Normandie.
ET
Thomas Procureur, 25 ans, sciences po à Rennes, a présenté en 2008 un mémoire sur le « Blocage normand ».
La réunification depuis le temps qu'on en parle pourquoi on n'y est jamais arrivé ?
Dans les années 70 deux hommes forts tiennent leur fief respectif : Michel d'Ornano en Basse-Normandie et Jean Lecanuet en Haute. Depuis les choses se sont sédimentées et il est bien difficile de renverser le courant. Quand vous parlez à l'homme de la rue il dit je suis Normand rarement Bas ou Haut-Normand. Les compétences des régions restent à beaucoup trop floues pour se soucier de ce que ça changerait dans sa vie quotidienne.
Manque de courage politique ?
De projets surtout. On commence par les institutions et le choix de la capitale entre Rouen et Caen... avant de lui donner un contenu. On reparle toujours de réunification avant les élections. Pour exister comme Hervé Morin en 2004 en Haute-Normandie. Quand il y a un danger politique. Michel d'Ornano et Jean Lecanuet l'évoquaient du bout des lèvres quand Laurent Fabius a pris la mairie du Grand-Quevilly près de Rouen. Aujourd'hui c'est le Grand Paris...
Justement ce Grand Paris peut-il favoriser la réunification ou lui porter un coup fatal ?
Le Grand Paris ou faire du Havre le grand port de Paris peut être une chance pour tous les Normands avec un train à grande vitesse Paris ¯ Rouen puis Rouen ¯ Le Havre et Rouen ¯ Caen. Antoine Rufenacht, maire du Havre, a tout à y gagner. Lorsqu'il organise un colloque en mai prochain, il convie Laurent Fabius, président de la communauté d'agglomération de Rouen, et Bertrand Delanoë, maire de Paris. Des élus de grandes villes comme lui. Pas les présidents des conseils régionaux.