Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
Visiteurs
Depuis la création 4 673 628
Archives
13 février 2010

Réunion Europe Ecologie à Rouen, résumé de BEN

« Nous ne sommes pas ici en Fabiusie mais en Normandie ! »
(Claude Taleb)

Réunion publique Europe-Ecologie, Rouen, auditorium du Musée des Beaux arts, le 11 février 2010.

« Réforme institutionnelle, fusion des Normandie, Grand Paris : quel avenir pour notre région ? »

Enfin ! Une réunion publique dans la campagne des élections régionales en Normandie avec des… idées neuves que l’on ne trouve pas au PS tendance Levern ! Unité normande et écologie politique voilà deux belles idées neuves bien mariées !

Ce fut donc, une excellente soirée, intelligente, vive et lucide où il fut enfin pleinement question de la Normandie ! Disons le clairement, la nécessité d’unifier la stratégie et la décision publique en Normandie  a été mise en avant au cours de cette réunion.  En outre, le fait d’avoir lié ensemble les problématiques du Grand Paris, de l’unité normande et de la réforme des collectivités territoriales aura permis d’esquisser, au cours de cette soirée, un discours politique d’une grande pertinence : le cadre est désormais clairement posé du côté d’Europe Ecologie. Pour penser les politiques publiques régionales en Normandie, il faut penser, d’urgence, des solutions pour ces trois problèmes qui sont liés entre eux !

Trois urgences liées entre elles :

1° Le « Grand Paris » tourné vers la Mer est une chance pour la Normandie, à condition de ne pas subir le projet des autres et d’éviter qu’Antoine  Grumbach ne fasse la même bêtise que Paul Delouvrier : le Val de Seine, patrimoine naturel et culturel, ne doit plus être seulement qu’un corridor utilitaire pour la région parisienne, classé SEVESO. Le « Grand Paris »  doit être avant tout, un projet urbain au service des habitants pour « construire la ville sur la ville ».

2° Il faut l’unité régionale normande pour mettre en œuvre des politiques publiques enfin cohérentes à l’échelle pertinente : au-delà de l’urgence du désenclavement par le TGV, il faut une ambitieuse politique des transports et des mobilités durables en Normandie. Il faut sortir la Normandie de sa géographie subie. En faire une « éco-région » pilote avec une politique d’aménagement solidaire et durable du territoire.

3° Mais l’urgence la plus immédiate est de résister face à la véritable contre-réforme qui vise à détruire l’autonomie de finances et de projets des collectivités territoriales sous prétexte de faire des économies et une simplification administrative : c’est une régression démocratique et un retour en arrière après plus de 30 ans de décentralisation !

Conclusion : il ne sera pas possible de créer une seule région normande sans préserver l’institution régionale actuellement menacée par la « réforme » en cours. De même,  pas de « réunification » normande sans définir un véritable projet régional normand qui doit être pensé avec celui du « Grand Paris ».

Personnalités présentes :

Cécile DUFLOT, tête de liste Europe Ecologie en Ile de France,
Claude TALEB, tête de liste Europe Ecologie en Haute-Normandie et
Yannick SOUBIEN, second sur la liste Europe Ecologie Basse-Normandie (puisque François Dufour était bloqué par la neige dans le Sud-Manche)

Le débat fut introduit par trois synthèses d’expertise :

Expert sur la question régionale normande : Michel BUSSI, géographe à l’université de Rouen, animateur du site « Normandie2010.org »
Expert sur la question du « Grand Paris » : Michel CANTAT-DUPART, urbaniste architecte ayant travaillé dans l’équipe de Jean NOUVEL
Expert sur la réforme des collectivités : Bastien FRANCOIS, professeur de sciences politiques, Université de Paris 1.

Verbatim de la réunion (d’après mes notes personnelles) :

Claude Taleb a introduit la réunion publique en insistant sur la nécessité de lier les trois sujets : Grand Paris, Fusion des Normandie et réforme des collectivités. Cette liaison intellectuelle va être à la base d’une «  plateforme commune » pour les listes HBNormandie Europe –Ecologie. Concernant la « réunification », il faut sortir de l’opportunisme politicien qui stérilise le sujet (effet « serpent de mer » : en parler avant les élections régionales sans rien proposer de concret pour mieux oublier l’affaire normande après et nous faire le coup du débat sur la « capitale » qui stérilise toute réflexion !)

Pourtant, il y a urgence à réfléchir nous dit Claude Taleb car le « Grand Paris » nous arrive « par le haut » de Sarkozy via Rufenacht avec le projet « Grumbach », projet de géographie « utilitariste » visant  à faire du val de Seine une « banlieue étendue » du Grand Paris : il faut « accélérer notre réflexion » et envisager en Normandie un « développement régional plus autocentré et endogène »  grâce  à l’unité régionale normande. Il nous faut sortir de la situation actuelle de « citadelle haut-normande assiégée » et être plus intelligent en travaillant en pleine cohérence HBN avec IDF : Alain Levern appréciera !

Michel Bussi se présente d’abord comme « géographe normand » s’intéressant à l’aménagement du territoire et travaillant déjà en réseau entre les universités de Caen, Rouen et Le Havre.  Selon lui, la Normandie devrait être l’une des régions les plus privilégiées de France : région à proximité de Paris,  au sud de Londres et à l’ouest de Bruxelles, bordant la mer la plus fréquentée du monde. Il n’y avait pas si longtemps,  les aménageurs parlaient de l’axe français essentiel « Le Havre-Paris-Lyon-Marseille ». Mais aujourd’hui, c’est « Lille- Paris- Lyon -Marseille », car la Normandie, depuis plus de 40 ans, est devenue un angle mort, banlieue divisée en deux et soumise à l’ouest d’une région parisienne qui privilégie un raccordement terrestre Nord et Est à la centralité européenne.

Il y a donc un vrai déclin normand. 

L’analyse des mouvements migratoires faite à partir des données du recensement (1999 – 2006) le montre bien : on constate comme ailleurs en Normandie un développement des aires urbaines (périurbanisation) notamment dans le Pays d’Auge, le Roumois et le sud du Pays de Caux, le Pays de Bray et le littoral du Cotentin, mais l’aire urbaine de Caen a cessé de se développer, celles de Rouen ou du Havre stagnent et le littoral normand n’est pas aussi attractif que celui de la Bretagne. D’une manière générale, les soldes migratoires sont négatifs en Normandie, malgré l’arrivée des retraités résidents venant d’Ile de France. La Normandie semble donc bien éloignée du « fer à cheval de la croissance démographique française » qui concerne les régions occidentales et méridionales ou alpines de l’hexagone…

Face à ce constat, il y a l’impossibilité politique de faire l’unité normande : il serait temps de dépasser le « oui ou non » à la réunification pour enfin réfléchir vraiment. L’intérêt d’une unité régionale normande s’impose mais comment l’organiser ?

1° Garder ou réunir les deux régions actuelles ? (Traiter le problème d’abord de façon institutionnelle avec le risque de blocage politicien que l’on sait : voie sans issue !)

2°Multiplier les coopérations institutionnelles entre les deux régions pour ensuite les fusionner ? (politique des « petits pas »  avec risque de noyer le poisson dans l’eau glacée du calcul politique : Alain Levern sait très bien  faire ça !)

3°Piloter sans attendre les projets nécessaires qui obligeront dès maintenant les acteurs publics normands à une « gouvernance interrégionale » : par exemple, mettre en œuvre les réseaux sur les territoires qui rendront inévitable et évidente l’idée de faire une unité administrative normande. C’est ainsi que la question métropolitaine normande pourra être résolue ce qui permettra, du même coup, de résoudre la question de l’unité normande et de définir son projet régional.

La définition de ce projet métropolitain d’une mise en réseau de Caen, Rouen et Le Havre définira le projet régional normand :

Normandie maritime ou Normandie parisienne ?
(« Les deux mon capitaine ! »)

Ainsi, le récent rapport « Tourret » (décembre 2009) définit un projet régional normand plutôt maritime voire anglo-normand qui justifie le choix de Caen comme capitale administrative avec une coopération étroite avec Le Havre mais avec l’inconvénient d’ignorer Rouen : d’ailleurs, quelque soit le projet régional ou métropolitain à définir pour la Normandie, il faudra penser un impensé : le rôle de Rouen en Normandie !

On connaît les arguments des anti-réunificateurs : les deux régions actuelles ont des profils fiscaux différents, la HN est plus riche fiscalement mais demeure socialement pauvre. La BN est plus pauvre fiscalement mais avec une plus grande homogénéité sociale. Pour ce qui est des politiques publiques, la HN est plus solidaire et la BN semble plus divisée et individualiste…  Mais penser l’avenir de la HN sans la BN et réciproquement c’est prendre le double risque d’ignorer le potentiel d’une Normandie maritime et de demeurer impuissants pour organiser sans le subir, le potentiel d’une Normandie parisienne…

Sans compter avec le gâchis de ne pas plus utiliser à notre avantage l’exceptionnelle notoriété de notre région en France et surtout à l’Etranger.

Michel Bussi conclut en affirmant son attachement à l’idée d’unité normande car « c’est un beau projet à inventer » (le principal tort que l’on peut, en effet, reprocher aux anti-réunificateurs c’est qu’ils ne proposent rien !)

Michel CANTAT-DUPART, urbaniste ayant travaillé avec Jean Nouvel sur le projet du « Grand Paris » prend ensuite la parole en commençant par rappeler une anecdote sur les colères de Jean-Paul Huchon, le président socialiste sortant de la région Ile de France, contre les agissements de Christian Blanc, secrétaire d’état au « Grand Paris » : l’urbaniste conseille à l’élu en plein désarroi d’éviter toute opposition frontale pour, au contraire, faire des propositions et ne pas subir l’initiative. « Oui à un Grand Paris mais avec une grande région ! », c'est-à-dire avec un vrai conseil régional...  Notons que le « Grand Paris » ressemble plutôt à une pétaudière géante avec d’un côté les Dix équipes d’urbanistes et architectes qui ont planché sur le dossier et de l’autre Antoine Grumbach et son projet de « Paris-Le Havre » sur le devant de la scène comme tout droit sortis du chapeau présidentiel et puis, d’un côté, des élus locaux, toutes tendances confondues (maire de Paris et président de la région en tête) qui défendent leur Ile de France autour du SRIDF et de l’autre, Christian Blanc qui avance  ses pions pour son projet de « grand huit » en RER aussi discrètement qu’une taupe creusant ses tunnels...

Michel Contat-Dupart dénonce le projet « Grumbach » comme étant totalement en rupture avec le consensus mondial actuel des urbanistes désormais plus soucieux de limiter l’étalement de la ville qui provoque l’artificialisation des territoires : « il faut dire stop au grignotage des terres rurales » et promouvoir « l’agriculture urbaine » (sauf que Grumbach en parle aussi...)

« Métro c’est trop ! » s’exclame notre urbaniste ! Le problème des franciliens c’est de passer trois heures par jour en moyenne dans les transports: il faut arrêter le « zoning » et la marée des parkings et zones de ceci ou de cela de plus en plus loin des centres villes. Il est plus que temps de « construire la ville sur la ville » quitte à faire le contraire de ce qu’un célèbre humouriste honfleurais prévoyait inévitablement pour l’avenir : « mettre les villes à la campagne ».

Faut-il en 2010 répéter les mêmes errements des années 1960 ? Et Michel Contat-Dupart de rappeler quelques exemples célèbres de funestes ratages urbains de nos aménageurs d’Etat qui pensent tout savoir, tout maîtriser : le rêve d’un « Paris parallèle » devenu un cauchemar du côté d’Orléans La Source, la série des « 4 M » de la banlieue parisienne avec tours et barres descendues du ciel dans la campagne (Meaux ; Melun ; Montereau et Mantes la Jolie) et puis, bien sûr, le plan Paul Delouvrier pour la Basse-Seine (SDAU de 1965) à qui l’on doit outre la région administrative de Haute-Normandie, la ville nouvelle du Vaudreuil et un chapelet d’usines classées SEVESO...  En rêvant d’une agglomération parisienne étendue jusqu’au Havre, Antoine Grumbach ne fait que nous ressortir une bien vieille lune !

Michel  Cantat-Dupart rappelle que si le Grand Paris s’intéresse à nous c’est surtout, une fois de plus, pour le potentiel utilitaire du Val de Seine : un schéma colonial, en quelque sorte si l’on ne fait pas « une union normande forte » pour que la Normandie soit non seulement branchée sur le Grand Paris mais surtout sur l’Europe...

« Renforcez Caen, renforcez Le Havre, renforcez Rouen ! » nous a-t-il rappelé avant de dire que « Le Havre port de Paris était une illusion » puisqu’Anvers est aussi le port de Paris, puisque Rotterdam peut l’être aussi ou encore Dunkerque et que Gennevilliers qui accueille des barges fluvio-maritimes directement venues de la haute mer en remontant la Seine sans que ces dernières n’aient besoin de s’arrêter au Havre ou à Rouen, l’est peut-être plus encore ! Miroir aux alouettes normandes donc...

Et Michel Cantat-Dupart de conclure en dénonçant un autre mirage : l’actuel projet de TGV normand au départ de la Défense et de St Lazare via le Mantois et le fameux « Y » pour desservir Rouen, Le Havre ou Caen dans le même temps ne serait qu’une « ânerie » de plus si l’on considère que la priorité est à la mise à niveau de toutes les dessertes inter-cités normandes ou au positionnement de Rouen sur un contournement ferroviaire de l’ensemble de la région parisienne.

L’urgence est au « maillage » des réseaux plutôt qu’à renforcer des « radiales » qui contribuent à vider les territoires dominés au profit d’un gros centre dominant.

On pourra objecter, néanmoins, qu’il y a aussi l’urgence de désenclaver la Normandie pour que notre région puisse avoir accès aux réseaux de transports rapides internationaux présents en région parisienne : on peut encore patienter
pour le TGV « anglo-normand » Caen- Rouen- Amiens- Calais- Londres, auquel rêve aussi un certain ... Antoine Grumbach.

Bastien FRANCOIS, professeur de sciences politiques intervenait pour présenter les véritables intentions de l’actuelle réforme des collectivités territoriales, réforme peu lisible qui avance avec plusieurs projets de loi séparés selon la bonne vieille méthode du « saucissonnage ».

A priori, il y a un consensus pour juger urgente la nécessité de réformer le fameux « mille feuille territorial » : cumul des mandats des élus locaux, opacité, financements croisés, gaspillages et inefficacité des politiques publiques locales dit-on... 
Les élus locaux coûteraient- ils trop cher ? La somme totale des indemnités versées aux quelques 500 000 élus que compte notre chère République est inférieure au seul budget prévu en 2010 pour faire ronronner l’Elysée !

Il y a nécessité à faire une réforme : déconcentration, décentralisation, régionalisation ? Tel est le sens du processus historique en cours depuis les années 1960 dans une logique d’aménagement et d’équilibre des territoires français marqués par le centralisme parisien. Tel était le sens de la mission de la DATAR récemment remplacée par la DIACT qui vient de reprendre le nom, célèbre de DATAR, sauf que nous ne sommes plus dans une logique d’aménagement équilibré des territoires mais dans une logique de compétitivité !




S’il y a une réforme à faire la logique à suivre aurait dû être la suivante :
-    Définir clairement un enjeu (décentralisation ? régionalisation ? recentralisation ? aménagement ? compétitivité ?)
-    Définir les compétences (compétence générale ou compétences spécialisées ?)
-    Définir les ressources (fiscalité propre ? ou dotations d’Etat ?)

Le gouvernement fait exactement l’inverse ! Il s’attaque aux ressources propres des collectivités territoriales (suppression de la TP, mise sous tutelle financière des collectivités). Il prévoit la fusion des mandats de conseiller général et régional (le « conseiller territorial » ou l’institutionnalisation du cumul des mandats locaux : usine à gaz qui va créer de nouveaux notables...). Enfin il s’attaque au principe de la clause de compétence générale pour les départements et les régions au profit d’une étroite spécialisation des ces collectivités sensées piloter les territoires.

Bref ! Il s’agit clairement de réduire l’autonomie de finances et de projets des collectivités sous prétexte de faire des économies. Face à la rigueur qui vient, l’Etat endetté risque d’obliger des collectivités territoriales paralysées et mises sous perfusion financière sous la botte des préfets, à faire le « sale boulot » d’augmenter les impôts ou de supprimer des services et des prestations publics qui ne seront plus suffisamment financés.

Enfin, cette réforme présente une double régression : régression sur le processus historique de décentralisation puisqu’il s’agit d’une véritable recentralisation qui ne dit pas son nom, au nom de l’efficacité comptable et de la compétitivité du pays.  On en revient à l’époque des années 1960 – 1970 et des Etablissements Publics Régionaux avec des élus localistes et gestionnaires placés sous la coupe de Monsieur le préfet...

Mais aussi régression démocratique quant au mode de scrutin choisi pour l’élection des futurs « conseillers territoriaux » en 2014, à savoir un scrutin à tour unique qui renforcera la bi-polarisation, favorisera la droite habituée à se rassembler dès le premier tour et qui risque de porter sérieusement atteinte aux principes de pluralisme politique et de parité : d’ailleurs, aux dernières nouvelles, le Conseil constitutionnel a d’ores et déjà fait connaître ses réserves quant à ce projet de mode d’élection...  (précisons que la démocratie française est la seule démocratie à n’avoir toujours pas gravé dans le marbre de sa constitution ses modes de scrutin...)

Cécile DUFLOT prend la parole après les experts. Sur le « Grand Paris » elle déclare : «  ce n’est qu’une histoire de spéculation immobilière autour des gares et une histoire de tunnels ». Avant de prendre un peu de hauteur : « les élus sont-ils au service de l’intérêt général des territoires ou seulement au service d’intérêts particuliers ? » et en appelle à la « politique » en évitant la démagogie, les gens sont plus intelligents qu’on ne croit... Il faut éviter les solutions binaires et simplistes pour avoir le courage de porter dans le débat public la complexité et la subtilité : la question régionale normande ne supporte pas en effet, la démagogie !

Cécile DUFLOT ironise : « quand je lis n’importe quel magazine officiel d’une collectivité en France on constate que chaque collectivité est au centre de l’Europe ». La concurrence et la compétitivité est plus vive que jamais entre les territoires et les régions majoritairement pilotées par le PS depuis 2004 n’ont pas su ou pas pu inverser cette tendance lourde : il y a, plus que jamais, des territoires forts et des territoires faibles, des spécialisations excessives (géographies subies) et le couple « centre vs périphérie » n’en est que plus infernal.

De même, Cécile Duflot pointe du doigt le manque d’imagination des socialistes dans les exécutifs régionaux sortants pour travailler de façon transversale : « les politiques publiques régionales sont dans des tubes : il y a le tube développement durable ; le tube transport ; le tube lycées ; le tube développement économique ; le tube formation ... »

Enfin, évoquant autant la Normandie que l’Ile de France où l’on passe trois heures par jour dans les transports, Cécile Duflot déclare, pour terminer, que la vraie préoccupation que devrait avoir tout élu local serait, avant toute chose, le maintien et le progrès de la qualité de vie qui conditionne tout le reste ! « Il est plus que temps de respecter enfin les territoires et leurs habitants ! » a-t-elle conclu.

Pour la Basse-Normandie, Yannick SOUBIEN, maire de Taillebois (Orne, 150 habitants) prend la parole :

D’abord une priorité gagner en 2010 pour gagner en 2012 avec pour objectif de stopper la réforme en cours des collectivités territoriales. A propos du « Grand Paris », Soubien souligne l’urgence de stopper l’étalement urbain et l’artificialisation des terres agricoles. Quant à la Normandie, il précise : « bien qu’elle ne soit pas fusionnée, elle existe quand même ! » avant d’ajouter : « se dire Bas-normand, ça ne veut rien dire ! La Normandie c’est une belle notoriété, c’est un vrai label ». Rappelant qu’il vient de l’Orne, département rural bien éloigné (quoique...) de la centralité métropolitaine du « Grand Paris », Yannick Soubien rappelle que face aux enjeux du « Grand Paris », le territoire pertinent, ce sont les cinq départements normands car cela donne plus de sens. Dans ce cadre, il faut penser la solidarité entre territoires urbains et territoires ruraux et préserver la « Normandie du bonheur » et son art de vivre !

Claude Taleb prend ensuite la parole pour dénoncer avec force l’actuelle réforme en cours des collectivités : une « vraie régression » a-t-il pesté en ajoutant que si cette réforme s’applique, discuter de la fusion régionale normande serait comme « discuter du  sexe des anges ». Il y a pourtant urgence à organiser l’unité régionale normande ne serait-ce que pour échapper à une conception utilitariste du Val de Seine « corridor » industriel et logistique pour le « Grand Paris ».  Il faut donc classer les boucles de la Seine même si Grumbach avait jugé cette idée parfaitement inepte en mai 2009 devant le CESR de Haute-Normandie ! (On aura ici une petite pensée pour le préfet Pierre Chaussade).

Une seule région normande devrait avoir aussi comme priorité de traiter
l’urgence ferroviaire : derrière l’enfumage du TGV Paris-Le Havre, il y a surtout l’urgence des liaisons inter-cités normandes et la nécessité d’un vrai développement économique régional en Normandie pour sortir des logiques actuelles de banlieusardisation de la Haute- Normandie : « A Vernon, on se lève tôt, on se couche tard et on ne gagne pas plus » a enfin conclu Claude Taleb (je n’aurais moi-même pas mieux dit !)

La parole est enfin donnée à la salle (environ une bonne centaine de personnes présentes) :

J’interviens au nom du collectif « Bienvenue en Normandie » venu exprès de Caen en faisant trois remarques :

-    Derrière le débat oiseux de la « capitale » la vraie question c’est de penser, enfin, le rôle de Rouen en Normandie !
-    Les écologistes doivent utiliser la question de l’unité normande comme un levier politique pour enfin nous proposer ici un vrai aménagement solidaire et durable du territoire : il y a du « grain à moudre » car on ne peut plus tolérer la géographie subie actuelle. D’un côté 5 milliards pour un seul EPR, une THT aérienne et de l’autre, des trains pourris ou une absence de transports en commun...
-    Il ne faut pas tarder à faire l’unité régionale normande car avec les effets combinés de la réforme actuelle des collectivités à ceux de la « RGPP » qui organise le déménagement des directions publiques hors de notre région à Rennes- Nantes ou Lille- Paris, on risque de réunifier une « Normandie croupion » !

Cécile Duflot me répond en revenant sur l’urgence de stopper ou de réorienter l’actuelle réforme en cours des collectivités territoriales en rappelant que les Verts avaient proposé en janvier 2009 un projet de réforme complet des collectivités avec une feuille de route devant la commission du « Livre blanc » présidée par MM. Balladur et Mauroy. Le texte de ce projet qui s’articule autour du double objectif d’affirmer les régions et de maintenir les communes est disponible sur le site des Verts.

Bastien François intervient, à nouveau, pour dire que la France a complètement raté sa démocratie locale qui reproduit à l’échelon local les tares du système politique national : présidentialisme ; confusion des pouvoirs ; irresponsabilité. Pas de démocratie locale donc et encore moins de démocratie « participative » !

Plus que d’une suppression ou d’une évaporation en douceur des départements, il s’agirait plutôt de les réformer vraiment : que l’intercommunalité puisse y tenir toute sa place (doublon canton intercommunalité franchement devenu abscon notamment en zone urbaine), que les élus communautaires le soient vraiment (élections directes) et quant à avoir « mis à la poubelle »  les « pays » pour faire travailler les intercommunalités entre elles, c’est une vraie bêtise !

Yannick Soubien intervient pour regretter, lui aussi, la fin des « pays » tout en soulignant qu’il y a nécessité « d’organiser les territoires au-delà des limites départementales ».

Une urbaniste consultante d’origine espagnole mais vivant depuis des années dans notre région déclare ne connaître « qu’une seule Normandie » surtout lorsqu’elle va à Paris ou ailleurs : « Si vous dites ailleurs qu’ici que vous venez de
Haute ou de Basse Normandie, on ne sait pas d’où vous venez et on vous regarde avec des yeux ronds, mais si vous dites que vous venez de Normandie, alors là oui, tout le monde sait et reconnaît ! »

Le débat prend à la fin un tour plus « politique » (heureusement ! car jusque là, la réunion n’avait évoqué que les sujets de fond : un exploit ! une rareté merveilleuse par les temps politiciens qui courent...) puisqu’un militant écologiste évoque bien sûr les relations tendues entre Europe Ecologie et le PS.

Cécile DUFLOT résume les problèmes du PS dans les régions depuis 2004 :

-    Le confort d’être élu (Alain Levern est un vrai professionnel du confort ergonomique avec roulettes et siège articulé)
-    Face aux enjeux les plus actuels, le PS se remet difficilement en cause (en Haute-Normandie, le PS tendance levernienne refuse de prendre véritablement au sérieux les deux seules idées vraiment neuves : l’écologie politique et l’unité régionale normande)
-    S’opposer à Sarkozy et attendre de cueillir les fruits électoraux du mécontentement populaire est intellectuellement très insuffisant ! Il faudra résister entre 2010 et 2010 mais surtout, il faut faire dès maintenant de la politique pour éviter un nouveau record d’abstention... Par exemple, en ayant des projets et en proposant des perspectives.

CONCLUSION :

Bien sûr, pour le 21 mars, il y aura nécessité de faire la fusion des listes entre Europe Ecologie et le PS ne serait-ce que pour éviter une triangulaire suicidaire qui avantagerait l’UMP (qui parle, elle aussi, en Haute-Normandie de réunification normande : tout le monde en parle positivement sauf Levern !).
Europe Ecologie ira –t-elle à Canossa ? Toutes les belles idées de cette soirée seront-elles froissées ou jetées au panier pour qu’un président sortant puisse à nouveau avoir l’idée de son fauteuil ?
Compromis ? Compromission ? Du 14 au 16 mars prochain, il y aura quelques nuits blanches, quelques pleurs et grincements de dent face à un Levern armé de sa... calculette !

Mais Claude Taleb demeure confiant : « Nous ne sommes pas ici en Fabiusie, mais en Normandie ! »

Philippe CLERIS, à Rouen, le 11 février 2010
p/o le collectif citoyen et républicain « Bienvenue en Normandie »

Publicité
Publicité
Commentaires
F
S'il y a un beau match de basket, il y a de belles "pom pom girls": il faut tout de même du jeu de qualité sur le parquet et un bon public dans les estrades... Ayant pris l'habitude d'être autant sur le terrain que derrière mon clavier d'ordi, je note simplement que les idées intéressantes pour l'avenir de notre région sont du côté de Laurent Beauvais en BN, Bruno Lemaire en HN et d'Europe Ecologie de chaque côté de la Normandie avec, bien sûr, la liste Alliance pour la Normandie en HN...<br /> <br /> On attend toujours les bonnes idées et l'engagement pour la Normandie de Robert notre "plomb plomb boy"
Répondre
F
Je reconnais en toi une amie de la normandie et une normande de coeur. Je t'en remercie.<br /> <br /> Cependant avoue que le MPF et l'arrière boutique de l'UMP. Surtout depuis que le vicomte à manger son chapeau pour aller à la soupe (dernières Européennes). Le NONiste du traite de Maastrich et du traite Européen a perdu de sa superbe. il est rentré à la maison, la queue entre les pattes. Enfin la n'est pas le sujet.<br /> <br /> J'aimerai revenir sur deux points :<br /> <br /> - Lemaire meilleur chance pour battre Le vern. Si Le vern perd son fauteuil (ce que j'appel de mes voeux), ça se fera par une coordination d'éléments. Mais je vois mal Lemaire gagner seul en duel contre Le vern. N'oubli pas que Lemaire est membre d'un gouvernement pas très populaire. Et c'est peu que de le dire.<br /> <br /> - L'argument de l'âge d'une personne pour augurer des capacitées me semble non recevable. Le travail de président de région ne demande sûrement pas de grosse capacitée physique. On a bien eu pendant deux mandats, un président de la République atteint de la même maladie que monsieur Devillier. Même si se n'est pas au même endroit. Cela ne t'empêche pas d'être au MPF. La jeunesse par elle seule, ne garantie pas conte l'incompétence.
Répondre
R
On dirait que Florestan a changé d'équipe. Pris d'amour pour Beauvais, par qui il jurait constamment, c'est maintenant Claude Taleb le nouveau Ché Guévara de sieur Florestan. Il doit déjà avoir un écusson de Taleb cousu sur son sac US ! FLorestan, ou la passion qui l'emporte toujours sur la raison.<br /> Europe Ecologie, héros du régionalisme selon BEN; à hurler de rire...Europe Ecologie ne se dit pas ouvertement pro-réunification mais préfèrent botter en touche pour ne pas trahir Le Vern, avec qui ils ont du marchander des sièges. Ils vont quand même s'allier avec quelqu'un qui est ouvertement pro EPR: ça , c'est le sens des vrais valeurs régionalistes.<br /> <br /> Florestan, " la pom pom girl a changé d'équipe" me disait un ami ce matin.
Répondre
C
Je ne suis pas UMP mais MPF et cela n'empêche pas d'avoir mes propres convictions quant à la réunification. J'y suis favorable même si mon chef qui est Philippe de Villiers l'est moins. Si demain on réunifie la Normandie et la Bretagne, seule la Vendée pourra rester dans les Pays-de-la-Loire en attendant une solution médiane, c'est-à-dire peut-être soit une intégration avec le Poitou-Charentes qui rechigne à accepter ce département-province ou alors rejoindre la Bretagne... On verra par la suite comment cela va se jouer et j'espère qu'on aura la réforme territoriale qui n'imposera qu'un seul président de région et une seule région... Cela emmerdera Le Vern, car lui s'il est réélu cette année (ce que je n'espère pas), il se retrouvera complètement isolé et devra se retirer définitivement de la politique (car vu son âge : 65 ans et demi) il ne pourra plus diriger la Haute-Normandie qui sera réunifiée avec le sud Normandie...<br /> Il devra soit se soumettre ou se démettre...<br /> Ce qui ne sera peut-être pas le cas et il deviendra un rebelle de la réunification. C'est pour cela qu'il faut voter pour celui qui a le plus de chances de l'emporter en mars prochain. Le Vern avec ses problèmes de santé, ne pourra longtemps tenir le coup...<br /> Donc il faut une personne jeune et capable pour diriger la Normandie ; je vois Bruno Lemaire prendre la suite. Il a 41 ans et peut faire quelque chose qui aura l'appui de tous les habitants de la Normandie, haute et basse...
Répondre
C
Il serait temps que le public normand regarde les joueurs sur le terrain normand et non M. Le Vern qui fait le tour du stade dans les tribunes en cherchant la porte de Port Sall! On sait ce qu'il pense et surtout qu'il ne pense pas normand. <br /> <br /> Quant à M. Lemaire on ne sait pas ce qu'il pense encore... Quoiqu'il en soit pour cette élection il n'y a qu'une seule liste vraiment normande comme le rappelle franck76! Autant faire savoir que nous entendons prendre notre destin en main plus qu'auparavant. En effet de plus en plus les normands ne veulent plus entendre les vilaines et stridentes sirènes de "Grand Paris". Une Normandie forte ou plus de Normandie du tout (ce que cherchent à faire beaucoup trop de personnes à notre goût)voilà un vrai slogan "raccourci" de campagne et qui se passe d'arguties!
Répondre
Publicité
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
  • Le webzine des Normands pour contribuer à la renaissance concrète de la Normandie après la fin, au 1er janvier 2016, d'une division administrative funeste décidée par l'Etat central jacobin en 1956, sans l'avis de nos concitoyens!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
Publicité