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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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8 novembre 2010

Quand BEN écrit à Destans

M. Jean-Louis DESTANS

 

Président du Conseil Général de l’Eure

 

Caen, le 08 novembre 2010

 

 

 

Objet : Avenir de la Normandie ? C’est l’Eure...

 Ou réflexions pour la mise en œuvre d’un vrai projet régional

 

 

Cher Monsieur,

Militant au Parti Socialiste et co-animateur depuis 2006 d’un collectif ayant pour ambition de proposer une expertise « citoyenne » de la question régionale normande, j’avais le désir de vous écrire depuis longtemps tant le territoire du département de l’Eure se trouve être au cœur des problématiques normandes.

Problématiques normandes à nouveau sur le devant de la « Seine », si j’ose dire, depuis la fin de l’année 2008 avec la perspective de la mise en œuvre d’un « Grand Paris » qui se doit d’avoir une dimension maritime pour que la capitale française reste une grande capitale mondiale et qui nous oblige, nous responsables, décideurs et habitants de Normandie, à enfin réfléchir concrètement à la construction d’un vrai projet régional à l’échelle pertinente, c'est-à-dire intégrant les cinq départements normands et dépassant la géographie administrative des deux actuels conseils régionaux : la mise en œuvre d’un TGV normand et d’une modernisation globale de l’armature ferroviaire régionale tant pour les voyageurs que pour le fret entre nos grandes villes, nos ports et la région parisienne sinon le reste de la France et de l’Europe va enfin permettre de réaliser ce que, naguère, votre prédécesseur lucide et courageux Gustave Héon n’avait jamais pu obtenir et réaliser, à savoir, l’intégration de l’évidence d’une Normandie unie dont le cœur est dans l’Eure.

Contre une inertie politicienne dont il serait inutile de rappeler ici les raisons, Gustave Héon, parce qu’il présidait aux destinées du département de l’Eure, s’était vigoureusement opposé dès 1972 à la création des deux « Etablissements Publics Régionaux » en Normandie, puisque la trop petite région « Haute-Normandie » avec un département écrasant l’autre de son poids industriel et urbain, allait confirmer la mise sous tutelle parisienne de l’appareil industrialo -portuaire du Val de Seine suite à la mise en œuvre du « Plan Delouvrier » ; le SDAU de la « Basse Seine », lancé en 1965, fait furieusement penser, mais est-ce un hasard ?, à « Seine Métropole »,proposé par l’urbaniste Antoine Grumbach en juin 2009, projet d’un axe métropolitain et logistique  Paris-Le Havre, lumineux sur le papier glacé des magazines et rejetant dans l’ombre les territoires d’une Normandie traversée voire niée !

Heureusement, des élus, des décideurs et des responsables normands notamment en Basse-Normandie, des experts connaissant bien notre région (je pense au rôle important joué par le géographe et écrivain Armand Frémont) et des citoyens (notamment notre collectif) se sont mobilisés depuis lors pour éviter la mise sous tutelle parisienne définitive d’une Normandie utile réduite au seul axe « séquanien » : les CCI qui oeuvrent actuellement à l’intégration économique et métropolitaine de l’Estuaire ont, avec le rapport commandé à l’agence Attali, élargi et enrichi la réflexion qui demeure néanmoins toujours surplombée par les intérêts de la région parisienne !

Le 4 mai dernier lors du colloque du Havre, où nous étions, en présence des grands élus de l’axe « Seine », la prise de conscience des enjeux était claire mais la prise de conscience de construire ensemble un projet régional normand en conséquence de ces enjeux l’était beaucoup moins :

Quels sont ces enjeux ?

L’urgence de confirmer Paris dans son statut de « ville monde » et de garder en France, donc ici en Normandie, le premier potentiel d’économie maritime du pays avec les ports du littoral, de l’estuaire et du val de Seine normand : pendant près de 40 ans, il nous a été impossible de faire la « réunification » faute d’enjeux et de perspectives. Nous avons désormais l’opportunité politique de faire de l’amélioration et de la modernisation des territoires normands, un véritable enjeu national pour que le « port de Paris » voire l’avant-port européen, ne soit pas à Anvers ou à Rotterdam et pour que la Normandie ne soit pas réduite au statut finalement peu enviable « d’armoire technique » de l’Ile de France ou de réserve d’Indiens pour la récréation des Parisiens du week-end !

Aussi rien de mieux qu’un TGV, projet structurant d’aménagement du territoire, pour stimuler la réflexion et la volonté politique pour mettre en œuvre un projet régional en Normandie, à condition d’avoir l’expertise et le pilotage pertinents pour obtenir de l’Etat et de ses haut fonctionnaires, l’agenda et les crédits nécessaires : il nous faudra être convaincant devant la Commission Nationale du Débat Public en associant le projet de TGV à un projet régional normand qui n’oublie personne justement ! Disons-le franchement : malgré toute sa bonne volonté et sa grande connaissance du dossier régional normand, ce n’est pas au conseiller d’Etat Jean-Pierre DUPORT de proposer une vision globale de la Normandie et un projet régional associé au TGV, cette affaire relevant impérativement des élus de notre région, présidents de conseils régionaux et généraux, maires et présidents des grandes agglomérations qui sont, en outre pour la plupart d’entre eux, les élus d’un même parti politique partageant la même vision sociale et républicaine des services publics et des collectivités territoriales aujourd’hui violemment remise en cause par l’actuel gouvernement Sarkozy...

Cette dernière réflexion et votre démarche courageusement désespérée d’écrire à vos collègues pour les rappeler à leur devoir essentiel d’une solidarité territoriale normande pour l’Eure qui ne peut se permettre de recevoir sur son sol les aménagements essentiels du futur TGV régional sans en bénéficier ( pas de « Y » Paris -Rouen- Le Havre / Paris - Caen - Cherbourg sans une liaison rapide Rouen - Evreux ou Evreux -TGV) illustrent le pathétique actuel de l’absence d’un pilotage politique normand du dossier : l’Eure, et plus largement toute la Normandie centrale transformée en « Far East » bas-normand ou « Far West » haut-normand depuis les années 1960 sont devenues, avec les différentes vagues de désindustrialisation qui déferlent depuis les années 1980, des marges ou des confins menacés par la dislocation sociale et territoriale aggravées dans l’Eure par la proximité de la région parisienne. D’où l’effort particulier fait par le CG 27 d’une politique de solidarité des territoires compensant le manque d’attractivité de la ville d’Evreux, politique renforcée avec l’accord « 276 » , unique en son genre, proposant une solution originale pour corriger le défaut structurel de la Haute-Normandie de n’être finalement qu’une « demi région ».  

Or il semble que l’heure soit venue de passer à une échelle supérieure de solidarité entre collectivités territoriales, au moment où le Nord-Ouest de l’Eure (Lieuvin) mais aussi le Pays d’Auge dans le Calvados voire le Pays d’Ouche regardent à nouveau vers l’Estuaire et ses promesses, si se confirme la nécessité d’un grand désenclavement Ouest / Sud-est du port du Havre : la « frontière » entre Haute et Basse Normandie placée sur la Seine est plus que jamais une ineptie quand on sait qu’autrefois Lisieux, L’Aigle ou Vimoutiers dépendaient de l’Intendance de Rouen donc de la « Haute » Normandie !

Plus que jamais, l’avenir de la Normandie, c’est l’Eure qui doit devenir le pivot d’une solidarité des grandes collectivités territoriales normandes pour réussir le grand pari du TGV et de la modernisation décisive de notre région : L’Eure ne doit plus être solitaire en allant chercher du coté de l’Ile de France une aide technique que des équipes de chercheurs des universités normandes peuvent fournir. Pourquoi ne pas lancer dès à présent un « atelier du projet régional normand » ? Le conseil régional de Basse Normandie et son président Laurent Beauvais, socialiste tout comme vous, propose à l’occasion du TGV, une réflexion globale pour l’aménagement du territoire en Normandie : pourquoi ne pas y participer ? Le « 276 » propose une expérience unique en son genre pour mener des politiques intégrées de solidarité territoriale : pourquoi ne pas étendre l’expérience ? L’association de promotion du TGV existe ainsi que l’association « Normandie Grande Vitesse » : pourquoi ne pas vouloir y adhérer ?

C’est donc maintenant que le département de l’Eure et ses élus doivent participer activement à cette solidarité politique et normande en construction à l’occasion du TGV : l’heure de l’avenir a sonné !

 

Amitiés socialistes et normandes,

 

Philippe CLERIS, p/o le collectif citoyen et républicain « Bienvenue en Normandie »

La lettre en version imprimable ICI

PS de MHAP : il est grand temps que le Diplomate Destans prenne ses responsabilités et se démarque de l'illogisme normand de Monseigneur Le Vern (PS)

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Commentaires
C
Intéressant de relire trois ans après cette lettre...<br /> <br /> Sur le fond, rien à redire... hélas! sauf à préciser que le "TGV normand" n'était alors qu'une illusion et qu'il faut défendre pour la Normandie le privilège d'expérimenter un nouveau modèle ferroviaire à 200 / 250km/h: "la grande vitesse de proximité".<br /> <br /> L'Eure est plus que jamais au coeur du problème normand avec l'émergence d'une grande métropole régionale à Rouen: la demi-armoire haut-normande trop étroite peut exploser entre Le Havre et Rouen qui ne peuvent s'entendre. <br /> <br /> Petite précision historique enfin qui ne fait que renforcer l'idée que l'Eure est à cheval sur LA Normandie: le Pays d'Auge aujourd'hui bas-normand était haut-normand comme le Lieuvin (généralité de Rouen). Mais le Pays d'Ouche était totalement bas-normand quand il dépendait d'Alençon jusqu'à 25 km à l'ouest d'Evreux: d'où la pertinence de la réunification du Pays d'Ouche dans le cadre de la future CCIT "Portes de Normandie" à l'horizon 2016
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L
Le CESER basse Normandie va changer de président... un certain Jean CALLEWAERT, actuel vice-président secrétaire postule et semble favori. Il fut conseiller de Garrec pendant les années noires lèche cul grand ouest! ATTENTION DANGER!
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F
Moi aussi, je serai curieux de connaître la réponse. Si réponse il y a !
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D
Bravo pour cette lettre. Elle dit plein de choses, mais si vous avez une réponse et un retour je vous dis Chapeau.<br /> Le Vern on le connait, mais ce monsieur est presque le clone de sa seigneurie et puis en ce moment ils sont plus dans la perspective des cantonales et de garder son poste, que dans celui de penser à la terre de pierre Mendes France.<br /> Quand on voit l'état économique de la préfecture Evreux et ce que devient la deuxième ville du département Vernon on peut se poser la question de savoir si l'Eure pourra peser sur la construction du Grand Paris et de la potentielle Grande Normandie.
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