Jeanne d'ARC: un HISTORIAL à ROUEN en 2014
EVENEMENT. La Crea a dévoilé son projet d'Historial. La scénographie, taillée sur mesure pour la Pucelle, relatera son histoire et sa légende à travers dix-huit tableaux.
La visite de l'Historial sera l'occasion de découvrir des pièces de l'archevêché inconnues du public comme (de g. à d.) le passage de l'archevêque, la chapelle d'Aubigné, l'ancienne Officialité ou la bibliothèque voûtée
(source: stéphane compoint)
ROUEN (Seine-Maritime). Un temple à la taille de l'icône. En imaginant le futur Historial Jeanne d'Arc, la Crea n'a pas lésiné. Ni sur le choix du cadre, superbe, historique, symbolique, de l'archevêché. Ni sur la taille, 950 m², entièrement dédiés à la Pucelle. Ni sur les moyens, 10,6 millions d'euros, dont 2 pour la scénographie, musique, lumières et autres artifices nécessaires pour faire revivre l'histoire de la paysanne de Domrémy. Mais que dire de Jeanne alors que son épopée n'a duré que deux ans ? « L'ambition est double. Il s'agit de retracer à la fois l'histoire de Jeanne, et l'histoire de l'Histoire. C'est-à-dire le mythe », résume Laurent Fabius, président de la Crea.
Le public entrera dans l'archevêché, un bâtiment appartenant à l'Etat et occupé par l'Eglise, par la rue Saint-Romain et la cour de l'ancienne Officialité, où le procès en réhabilitation de Jeanne d'Arc s'est déroulé, en 1456. Puis il sera guidé par des personnages emblématiques, comme Jean Juvenal des Ursins, chargé de la réhabilitation, ou Jean d'Aulon, l'intendant de Jeanne, à travers dix-huit espaces, dont dix consacrés à l'épopée chronologique de la bergère.
De la découverte de sa mission à son procès en passant par la prise d'Orléans et le sacre de Charles VII, tous les faits marquants de sa vie seront représentés. Pour illustrer ces scènes, le conseil scientifique de l'Historial (composé de huit membres dont des conservateurs de musée) s'est appuyé sur les documents d'époque (tapisseries, gravures, enluminures…) mais aussi les dizaines de films qui ont magnifié la Pucelle. Le parcours s'achèvera par une pièce hors du commun où, à travers trois « boîtes », le visiteur pourra revivre le procès jusqu'à l'issue fatale, symbolisée par une flamme se reflétant dans de multiples miroirs. « Le but est de placer le visiteur dans la position de celui qui découvre le procès et se rend compte que c'est une affreuse machination. Un peu comme dans un roman policier », esquisse Claude Mollard, consultant, qui a imaginé la scénographie. La deuxième partie du musée sera consacrée au mythe de la Pucelle et à son impact, encore aujourd'hui, dans la vie politique ou culturelle. Voilà qui devrait en laisser plus d'un… sans voix !
Celine Bruet
commentaire de Florestan:
Autant Laurent Fabius nous déçoit dans son incapacité de prendre de la hauteur sur le dossier très politique de l'unité normande, autant il se montre capable d'être à la hauteur de l'immense patrimoine culturel, mémoriel et historique du bien public normand. Rouen, la ville qui a vu mourir en martyre la Pucelle de Lorraine, Jeanne, notre première véritable héroïne française qui s'était vouée à Saint Michel car le Mont avait toujours tenu bon face aux Anglais, Rouen se devait donc de réparer une dette en magnifiant la mémoire de Jeanne là où elle fut condamnée: le palais archiépiscopal de Rouen toujours aujourd'hui le siège du primat de Normandie. Saluons, en passant, le sens historique de Mgr Descubes, archevêque de Rouen et primat de Normandie qui s'oblige à déménager les lieux pour honorer celle qui est une sainte depuis ... 1920.
Cet "historial" (c'est à dire un musée d'interprétation et de présentation) dédié à Jeanne d'Arc confortera la Normandie en tant que grande région française d'un tourisme plus culturel voire spirituel avec l'Impressionnisme, les plages du Débarquement, mais aussi Sainte Thérèse de Lisieux ou le Mont Saint Michel.
L'Historial Jeanne d'Arc de Rouen ouvrira ses portes en 2014: on attend 130 000 visiteurs annuels...