MONTABOT: La Démocratie électrocutée dans le bocage et sous la pluie...
Paris-Normandie: Publié le dimanche 24 juin 2012 à 15H20
(sur google images... Montabot dans le Cotentin)
MONTABOT (Manche), 24 juin 2012 (AFP) - Deux manifestants et deux gendarmes ont été blessés à Montabot, dans la Manche, lors d'affrontements dimanche 24 juin en fin de matinée entre opposants à la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine et forces de l'ordre, a annoncé la préfecture.
Au moins un manifestant, blessé à la tête, a été évacué sur une civière par les pompiers vers 11H30, a constaté une journaliste de l'AFP. La victime avait un bandage avec une tache rouge sur la tête.
Selon la préfecture, deux manifestants ont été blessés ("une plaie à l'oeil et une inhalation de gaz lacrymogène"), ainsi que deux gendarmes ("une main cassée et une blessure au bras par barre à mine").
Un porte-parole des manifestants a affirmé que trois d'entre eux ont été hospitalisés: deux blessés à la tête et un à la jambe. Il précise que les blessés à la tête auraient été victimes d'éclats de grenades détonantes jetées à terre par les forces de l'ordre, ajoutant qu'une dizaine de militants ont aussi été blessés légèrement aux jambes.
Un manifestant a aussi été interpellé, selon la police et les manifestants, qui n'avaient pas plus de précision.
Le ou la manifestante blessé(e) à la tête se trouvait à Montabot, où les opposants ont érigé depuis deux jours, dans un champ, "un camp de résistance" à la THT interdit aux médias.
La victime aurait été blessée lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre, non loin d'un barrage constitué de rondins de bois et de fils barbelés érigés par les opposants à la THT cagoulés, portant des combinaisons blanches et masques à gaz, sur une route communale jonchées de clous, dans un secteur où plusieurs pylônes sont en construction.
Nombre de militants aux abords du barrage près du camp exprimaient une vive hostilité aux médias.
Dans la matinée, des détonations ont été entendues dans le brouillard du bocage, et les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène, a constaté l'AFP. Une centaine de manifestants ont par ailleurs défilé calmement sur les routes, avec des slogans anti-nucléaire. Le tout sous une pluie souvent battante.
Selon la préfecture, "vers 10h30, des gendarmes ont été pris à partie et ont essuyé des jets de pierre de la part d'un groupe d'une soixantaine d'individus comprenant des personnes casquées et masquées" et "dans le courant de la matinée des groupes de manifestants souvent masqués ou cagoulés ont violemment pris à partie les gendarmes présents. Ils étaient armés de barres à mine, boulons, bâtons et ont effectué des tirs tendus de fusée en direction des forces de l'ordre".
Un porte-parole des opposants a démenti auprès de l'AFP toute agression des forces de l'ordre.
Près de 550 policiers étaient mobilisés dans le sud-Manche. Le camp de résistance a rassemblé 300 personnes, selon la police, jusqu'à 600 selon les manifestants.
Commentaire de Florestan:
Eclairons un peu l'enjeu (c'est le cas de le dire)
1° Une THT aérienne pour raccorder un EPR qui ne sera pas fini avant 2017: pylones et fils vont ne servir à rien pendant plusieurs années... On n'est plus à un milliard près
2° Par contre RTE compte chichement ses 29 millions alloués à "l'acceptation sociale et environnementale" de la ligne... Comme ça sert dans certaines communes à refaire le papier peint de la salle polyvalente ou à construire une nouvelle gendarmerie, un maire a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat pour dénoncer une "corruption institutionnelle"
3° Il y a une dizaine de jours, c'est un autre maire (celui du Chefresne) qui a été emmené en garde à vue entre deux gendarmes pour s'être opposé à la présence des techniciens de RTE sur sa commune: son arrêté anti THT quoique contesté par le préfet est toujours juridiquement valable. Pour protester, les élus du Chefresne ont boycotté l'organisation des élections: les pandores ont donc réquisitionné la mairie pour les organiser. Maire et conseil municipal ont alors démissionné en bloc.
4° Le conseil général de la Manche et le conseil régional de Basse-Normandie ont réclamé en vain à RTE un délai et des moyens pour faire une étude épidémiologique d'impact sur les courants vagabonds. De nombreuses études étrangères attestent de la réalité de cet impact sur la santé animale et humaine...
5° Depuis des mois et des mois le journal local La Manche Libre plaide pour un enfouissement de la ligne : la technologie existe mais ça coûterait 30% plus cher (on n'est pas à un milliard près!). Refus hautain de RTE: la FNSEA ne veut pas qu'on fasse des tranchées dans le bocage et préfère palper le pognon de RTE
6° La valeur des maisons baisse de 30% dans le "fuseau d'impact": RTE propose de racheter ces maisons à un "bon prix" pour parfois les revendre ... plus cher sur le marché de l'immobilier local...
Voilà donc quelques raisons qui devraient vous éclairer sur la présence de ce "fort Chabrol" du bocage: la démocratie est électrocutée dans le Cotentin...
Bientôt dans le Pays de Caux?