Le HAVRE change d'image, la Normandie aussi...
Lire ci-après un article intéressant paru sur Paris-Normandie: comme quoi il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...
Publié le samedi 19 janvier 2013 à 08H00
IMAGE.De Stalingrad-sur-Mer à Manhattan-sur-Mer, la perception du Havre, de l'intérieur comme de l'extérieur, a changé. Une cité photogénique entre fierté et reconnaissance.
La presse internationale salue la métamorphose de la ville, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco
Grazia, Côté Ouest, Gala, mais aussi le prestigieux Sotoko japonais : la presse magazine, qu'il s'agisse d'architecture, de décoration, de mode ou d'hebdomadaires d'information, envoie ses équipes au Havre. La télévision, le cinéma ne sont pas en reste. Ville graphique, baignée d'une lumière unique, Le Havre aimante les regards. Aux oubliettes de l'Histoire, le sobriquet caricatural de Stalingrad-sur-Mer qui engluait la plus grande ville normande dans une gangue d'ignorance dans les années 70, 80 et 90. « La fierté est revenue. Elle n'était pas totalement absente », analyse le maire du Havre, Edouard Philippe.
« Auguste Perret, comme Niemeyer, était un précurseur »
Le déclic s'est produit avec le classement du centre reconstruit par l'architecte Auguste Perret au Patrimoine mondial de l'Unesco. « En juillet 2005, cette reconnaissance mondiale est arrivée alors que d'importantes réalisations locales venaient de s'achever ou étaient en cours », rappelle Eric Baudet. Le directeur de la communication de l'office de tourisme cite le MuMa André-Malraux, la Maison de l'armateur, le littoral. « Le classement au Patrimoine mondial est un moment de légitimation », ajoute Edouard Philippe. Tout juste quadragénaire, le maire du Havre se souvient de ce qu'on pensait il y a trente ans de l'architecture de la reconstruction. « Les gens disaient '' c'est confortable '', mais ne faisaient pas mention de beauté. Perret, comme Niemeyer, était un précurseur. Il fallait donner du temps au temps. L'architecture de la reconstruction du Havre est belle. Je le dis aujourd'hui et je ne suis pas le seul, mais c'est parce que le regard, notre regard sur la ville a changé. Le Havre est en mouvement », juge Edouard Philippe. « De nouveaux gestes architecturaux éclairent la ville », rappelle Eric Baudet qui pense à l'entrée de ville, à la Cité des Docks, aux Bains des Docks. « Les élus de cette ville ont eu l'intelligence de ne pas figer son image dans le label Unesco », décrypte un architecte havrais. Et même si d'autres clichés - flatteurs cette fois - font la une avec Manhattan-sur-Mer, « il y a encore beaucoup à faire, notamment auprès de celles et ceux qui ne sont jamais venus et conservent un a priori de froideur. Le Havre, c'est un très grand port, une plage, une forêt en ville… » Edouard Philippe pourrait en parler pendant des heures. Le Havre de Kaurismäki, sélectionné à Cannes et couronné par le prix Louis-Delluc, a fait bien plus pour l'image de la Porte Océane qu'une très coûteuse campagne de communication. « Mais ici, c'est bien plus qu'un décor », prévient Eric Baudet.
Vu de Rouen
« Au-delà de l'effet Unesco, il y a l'histoire. Avec l'éloignement du port, les anciens bassins, le front de mer ont été requalifiés. Ce qui n'est pas une spécificité havraise », note Michel Bussi. « On le voit avec le film « Le Havre », la ville devient une sorte d'archétype. C'est positif, mais cela reste une spécificité » ajoute ce géographe de l'université de Rouen. « En creux, il y a un fort taux de chômage, une démographie orientée à la baisse ». Sur le regard que portent les Havrais sur leur ville, Michel Bussi juge que son évolution positive est liée au changement de génération. « La grande majorité des Havrais n'a pas connu Le Havre d'avant-guerre qu'avaient parfois idéalisé leurs aînés. »
Commentaire de Florestan:
Il n'y a pas si longtemps dans les magazines, les gares et sur les bus nous étions affligés par une pub débile d'un opérateur téléphonique désormais en cours de ringardisation (SFR pour ne pas le nommer) qui montrait une bande de jeunes partir à Saint-Malo en combi Volkswagen avec force mobiles parce qu'au Havre il n'y a qu'une grand-mère qui n'a pas encore Internet...
C'est en train de changer: Le Havre sort de l'armoire parisienne qui n'est que haut-normande pour découvrir l'ampleur de l'estuaire et l'ampleur portuaire et maritime de la Normandie toute entière. Le pôle métropolitain qui va associer Le Havre à Deauville Trouville Lisieux Fécamp Bolbec et bientôt Pont l'Evêque et Honfleur ouvre concrètement sur terre une autre aventure: l'unité de la 6ème région de France car il n'y aura pas à nouveau de grandes choses au Havre s'il n'y a pas derrière une grande région.
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