CONFIRMATION: IL Y A BIEN DEUX NORMANDIE, la vraie et la fausse !

14 février 2013

Mercredi 13 février 2013, à l'occasion d'un café citoyen organisé par les élèves et la direction de l'Ecole de Management de Normandie à Caen, une nouvelle preuve comme quoi il y a bien "deux Normandie" nous a été magistralement administrée...

L'Ecole de Management de Normandie pratique la "vraie" Normandie...

Non! Ne parlons plus ni de Haute, ni de Basse... Mais de "vraie Normandie", celle qui sur le terrain est de plus en plus normande et de plus en plus unie par des forces vives qui veulent vivre sinon survivre, qui marginalisent la fausse Normandie mortifère, en miettes, d'élus qui tournent en rond, incapables de dépasser leurs arrières pensées pour penser ne serait-ce un intérêt collectif (ne parlons même pas d'intérêt général).

Cette imposture institutionnelle pseudo-normande qui entraine la vraie Normandie dans le déclin depuis maintenant près de 40 ans a encore le toupet d'exiger la charge de la preuve aux animateurs de la vraie Normandie qui, sur le terrain, osent la faire, osent en vivre et osent dire, de plus en plus, qu'ils en vivent plutôt bien et qu'ils vivent bien la Normandie, sans culpabilité, sans complexe et surtout sans arrière-pensées...

Pendant 40 ans, le potentiel géo-historique, économique, culturel, industriel, l'image de la Normandie a été violenté, nié pour que ça rentre dans les cases Haut ou Bas normandes par mille prétextes fallacieux sur le manque de complémentarité, la trop grande différence entre deux demi-régions pas assez identiques alors que nous avons pourtant besoin d'un pied gauche différent du pied droit pour marcher...

Mais hier soir, ce qui était nouveau, consolant, c'est que la CHARGE DE LA PREUVE est désormais sur les épaules fatiguées d'élus régionaux qui doivent dorénavant expliquer à des forces vivves régionales impatientes, narquoises, déterminées, lucides, voire en colère pourquoi deux Normandie en vaudraient mieux qu'une:

Le collectif des DOUZE géographes était présent pour présenter, à cette occasion, le livre "la Normandie en débat" en constatant qu' à chacune de leurs réunions publiques, leur inititative et la "réunification" de la Normandie étaient chaudement saluées par le public présent.

Arnaud Brennetot (université de Rouen) a magistralement démontré qu'en superposant les cartes des quelques 54 découpages de l'espace normand réalisés ou projetés depuis 1790, on constate une remarquable stabilité des frontières extérieures de la Normandie (sauf le Perche) et il nous a confirmé que la division de 1956 devait être, au départ, provisoire puisque dès 1958 on parlait déjà de la nécessité de "réunifier"...

En 1972 les rats de la politique étant entrés dans les deux fromages demi-régionaux, on en cause toujours en 2013.

Pascal Buléon (université de Caen), plus véhément que d'habitude, a dénoncé le massacre d'un potentiel géographique normand aussi magnifique (l'ouverture sur la mer la plus fréquentée du Monde) qu'original (la polycentralité métropolitaine et le réseau de villes), par le maintien d'une division absurde, l'absence de toute vision commune et a pointé, fort justement, le décalage entre la Normandie du terrain de plus en plus unie et la Normandie en miettes des collectivités territoriales.

François Gay (université de Rouen), le patriarche des géographes normands, a témoigné de l'ambiance des journées d'études organisées par le Nouvel Observateur au Havre, le week-end dernier: la question sur la réunification a enflammé les quelques 200 personnes présentes dans la salle.

Madeleine Brocard (université du Havre) a insisté sur le décrochage normand en soulignant qu'en 1960 le port du Havre faisait, en tonnage annuel, 2,5 fois le trafic actuellement réalisé par le port d'Anvers qui vient de racheter les deux tiers des entrepôts du port de Rouen et qui va investir sur le port de Dieppe pour en faire l'un de ses avant-ports

(Ndlr: Merci à Le Vern, aussi président du port de Dieppe qui refuse toute collaboration avec les autres ports normands...)

Robert Hérin (université de Caen), arguant du fait qu'il n'était pas normand, s'est permis d'aller droit au but. Si d'ici 10 à 15 ans n'émerge pas un pilotage régional ou une gouvernance régionale en Normandie, cette région disparaîtra définitivement, une partie avalée par la région parisienne et l'autre placée sous la tutelle du Grand Ouest ligéro-breton.

Laurent Beauvais, président du Conseil Régional de Basse-Normandie était présent à la réunion

Alors oui c'est vrai, il faut le souligner, Laurent Beauvais, président de région en Normandie de l'Ouest (car c'est ainsi qu'il faudra de plus en plus dénommer la ci-devant Basse-Normandie) était présent à cette soirée, sur la tribune avec les géographes pour y réaffirmer sa conviction qu'une "réunification normande" est sinon l'idéal dumoins indispensable: il a présenté l'argument qu'une Normandie unifiée pèserait de sa 6ème place nationale et permettrait de négocier en position de force certains dossiers qu'une demi-région, trop faible, a bien du mal à porter. Il en est, hélas, ainsi des sillons et des horaires à garantir pour les trains du Caen-Rennes ou du Caen-Tours parce qu'à Tours, Le Mans ou Rennes, les TGV avec Paris sont jugés prioritaires!

Mais il semblait que Laurent Beauvais était aussi venu, ce soir là, à l'invitation du directeur de l'école qu'il connait bien, chercher un peu de réconfort et pour dire à tous les partisans de l'unité normande qui étaient présents que parler de la réunification c'était bien mais qu'elle était concrètement plus difficile à faire surtout par des temps économiques difficiles qui exacerbent la montée des "égoïsmes territoriaux", la peur du plus faible d'être mangé par le voisin plus fort et, finalement, l'absence de toute vision collective partagée...

Ces difficultés seraient telles que la perspective de la "réunification" institutionnelle normande s'éloigne durablement au moment même où le mouvement fusionnel normand sur le terrain, parmi les forces vives régionales, monte en puissance.

A la fin de l'exposé doux-amer de Laurent Beauvais évoquant les coopérations d'une Normandie de l'Ouest avec les autres régions de l'Ouest tout en insistant sur la nécessité de participer aussi à l'Axe Seine, une certaine irritation était perceptible dans la salle:

Mais de quelle Normandie parle-t-on?

De la vraie, celle qui accélère son unification sur le terrain ou de la fausse? Celle qui, placée dans la main des élus politiques, se refuse à se connaître elle-même quitte à s'auto-détruire dans des querelles intestines de concurrences politiciennes...

Laurent Beauvais nous a donc paru désabusé sinon amer de faire le constat que la sphère politique ne fonctionnait pas comme les autres: la force des idées évidentes ne suffit pas pour convaincre. Le monde politique est un monde qui vit littéralement en "anaérobie", le port du masque y est donc indispensable pour survivre...

Equipement indispensable pour survivre dans l'atmosphère politique...

Yves LOIR, président de l'Union pour la Région Normande (proche de l'UMP) était présent à cette réunion: il fait lui aussi notre constat qu'il y a bien deux Normandie, la nôtre et la leur... Il nous a communiqué le dernier bulletin de l'URN qui expose avec clarté les causes et les conséquences de ce décalage entre la vraie Normandie (qu'il appelle "grande Normandie") et la fausse Normandie en miettes du monde politique.

C'est à lire en intégralité ci-après: