"L'avenir de l'Alsace est entre vos mains. Mobilisez-vous !" Le message est impérieux, une touche d'inquiétude transpire dans le choix des mots. Les Alsaciens sont invités à se rendre aux urnes, dimanche 7 avril. Ils sont instamment priés de participer à un référendum régional, visant à approuver, ou non, la création d'un conseil territorial unique qui rassemblera les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin ainsi que le conseil régional. Les trois collectivités sont dirigées par l'UMP.
Le 25 janvier, la majorité des conseillers régionaux et généraux ont déjà voté favorablement (par 102 voix "pour" sur 122). Reste maintenant à obtenir l'aval des citoyens. Les promoteurs du projet sont relativement sereins quant au vote des Alsaciens : un sondage CSA, réalisé en mai 2011, n'a-t-il pas relevé que 60 % des habitants de la région sont favorables à la création d'un Conseil d'Alsace ? Une majorité de "oui" est donc attendue. Mais difficile d'évaluer quel sera le taux de participation, un paramètre d'importance.
300 000 EUROS DE BUDGET DE COMMUNICATION
En effet, pour que le "oui" l'emporte, selon la loi de décentralisation de 2010 qui prévoit cette consultation, il ne suffit pas d'obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés. Il faut également que les votes positifs représentent au moins le quart des inscrits dans chacun des départements. Au gouvernement, comme dans l'exécutif alsacien, on reconnaît que le pari n'est pas gagné. "La priorité des citoyens va vers les problèmes sociaux et économiques, pas à une réforme institutionnelle", s'inquiète Philippe Richert, président UMP du conseil régional.
Les deux départements et la région ont donc décidé de mettre le paquet en communication et voté un budget de 300 000 euros. L'objectif : convaincre chaque Alsacien de se rendre aux urnes lors de ce dimanche de printemps. La campagne, lancée vendredi 15 février, se décline en un appel au vote dans la presse quotidienne et hebdomadaire régionale, des spots sur France 3 et la chaîne de télévision Alsace 20. Les ondes des radios locales seront également occupées (France Bleu Alsace, Virgin, Dreyeckland...). Enfin, une campagne d'affichage est prévue à Mulhouse, Colmar et Strasbourg. Aucun Alsacien ne devrait y échapper.
"IL N'Y AURA PAS DE DEUXIÈME TOUR"
Le premier handicap de cette consultation est son calendrier. A un an des élections municipales, quelques élus socialistes strasbourgeois s'inquiètent de voir mener à bien un projet porté par un élu UMP. Le sénateur et maire PS de Strasbourg, Roland Ries assure qu'il se prnoncera contre. Tout comme Patrick Blinder, président du groupe FN au conseil régional.
Si "le référendum ne devait pas aboutir, c'en serait fini pour des décennies, car il n'y aura pas de deuxième tour", avertit Philippe Richert, le président du conseil régional, qui sait, sur son territoire, jouer sur la corde régionaliste.