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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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11 octobre 2013

LA FRANCE C'EST PARIS ET PARIS C'EST LA FRANCE... Pari de plus en plus risqué pour l'avenir!

Dans l'Europe des régions, la région la plus riche, la plus peuplée, la plus puissante, c'est la région... parisienne  que l'on peine à appeler "Ile de France". En province, la France des régions peine à exister parce que l'empire parisien persiste à faire que province et région ne soient pas la même chose pour que chaque territoire français puisse pleinement participer à l'avenir de notre pays.

Le paradoxe français: la première région d'Europe est située au coeur du pays le plus centralisé d'Europe...

 

Plus que jamais, le mot d'ordre de Michel ROCARD devant un congrès du PSU à Saint-Brieuc en 1966 reste d'actualité:

"IL FAUT DECOLONISER LA PROVINCE"


Notre correspondant Jean-Philippe Joly nous envoie la réflexion suivante:

Le pari de tout mettre à Paris est de plus en plus risqué... On se souviendra alors de ce proverbe normand :

"Ne mets pas tous tes oeufs dans le même panier !"

 

En visite en Corse la semaine passée, le président de la République, François Hollande, a répondu aux demandes de l’assemblée territoriale, qui souhaite un statut particulier pour l’île et une reconnaissance de la langue corse aux côtés du français, en réaffirmant la prépondérance de l’égalité entre les Français.

Il existe pourtant d’ores et déjà un certain nombre de statuts spécifiques sur le territoire de la République. On peut par exemple rappeler que l’Alsace et la Moselle disposent d’un statut fiscal particulier, de même qu’un système de protection sociale légèrement différent, sans parler du fait que les prêtres, pasteurs ou rabbins y sont payés par l’Etat, puisque ces trois départements sont toujours sous le Concordat et non sous la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905.

On pourrait également se souvenir que les territoires d’Outre Mer disposent d’un certain nombre de spécificités également, fiscales entre autres. Bien souvent elles se justifient, dans l’idée tout du moins, puisqu’elles ont pour but de contrebalancer l’éloignement entre ces départements et la métropole et les surcoûts que cette distance induit. Mais, comme l’a rappelé la Cour des Comptes, ces dispositions fiscales profitent avant tout à une infime minorité de la population, quand ce ne sont pas des entreprises ou particuliers de la métropole qui en profitent pour défiscaliser.

Mais c’est surtout l’Île de France, et tout particulièrement Paris qui cumule les dispositions particulières, à commencer par son organisation politique puisque la mairie de Paris fait également office de communauté d’agglomération et de département. L’Île de France est par ailleurs la seule région où une planification à l’échelle régionale de l’urbanisme et de l’organisation socio-économique de l’espace est mise en place, via le schéma directeur de la région Île de France.

Des spécificités qui sont appelées à se renforcer. Car, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, la première phase de la future loi de décentralisation, qui fait actuellement la navette entre l’Assemblée Nationale et le Sénat, concerne le Grand Paris, pourtant déjà surdoté en terme de pouvoirs si on le compare aux régions. Un projet extrêmement coûteux, un des rares grands projets à ne pas avoir été stoppé par le gouvernement au nom de la politique de rigueur.

Autant le dire tout de suite, certains aspects du projet du Grand Paris sont nécessaires à ses habitants. En particulier en matière de transports. En effet, s’il n’est pas certain qu’un train rapide entre Roissy et la Défense ou la liaison vers Saclay soient une nécessité absolue, il est sans conteste que le désenclavement de villes telles que Clichy-sous-Bois et Montfermeil ou la possibilité pour les Franciliens vivant et travaillant en banlieue d’aller à leur travail sans avoir à passer par Paris, ce qui raccourcirait d’autant le temps passé dans les transports, est indispensable.

Mais, dès lors qu’il s’agit de renforcer encore la prépondérance de Paris au plan national en terme d’activité économique, cela devient un problème. Selon certains, Paris doit rester dans la course des « top villes » mondiales, en compétition avec New-York, Londres ou Tokyo. Il en va du prestige de la France. Tout du moins, paraît-il.

Et c’est une opinion à laquelle l’immense majorité des élus nationaux souscrit. Pourtant, augmenter la puissance de la capitale n’aura pour effet que de vider un peu plus les autres territoires de leurs forces vives, en accentuant encore l’exode des diplômés, en incitant les entreprises à venir se concentrer sur le même lieu. Mais les parlementaires, représentants de ces territoires, semblent ne pas s’en rendre compte. Comme si une fois établis sur Paris, ces derniers oubliaient d’où ils viennent.

Et l’Etat n’est pas le seul à concentrer ses efforts sur Paris. Xavier Niel, le patron de Free, a annoncé il y a peu la création d’une immense pépinière pour start-up dans la capitale. Un choix identique fait par le Crédit Agricole, qui compte installer la même chose dans l’ancien siège de l’UMP, dont la banque est propriétaire. De quoi ravir Fleur Pellerin qui souhaitait, il y a quelques semaines, faire de Paris une capitale de la création numérique.

Est-ce économiquement intéressant pour autant de continuer à concentrer à ce point le pouvoir économique, en plus du pouvoir politique et culturel, sur un seul territoire? On peut fortement en douter. La réflexion ne prend cependant pas en compte un élément fondamental de la réussite économique d’une entreprise : la productivité et le bien-être des salariés. L’un n’allant pas sans l’autre.

Car, les études sont nombreuses à démontrer que le bien-être des salariés a une influence directe sur leur productivité. Et il faut bien se rendre à l’évidence qu’obliger des centaines de milliers de salariés à perdre un temps considérable dans les transports, en les obligeant à se lever parfois 3 heures avant leur horaire d’embauche dans le simple but d’être à l’heure ne contribue pas à favoriser la productivité. C’est pourtant une réalité que vivent depuis longtemps les entreprises installées à Paris et qui ne fera que s’accentuer à l’avenir.

En imposant aux employés, en particulier ceux aux revenus modestes, des conditions de vie de plus en plus pénibles, bien loin de l’épanouissement attendu, c’est un manque à gagner énorme pour les entreprises que risque d’entraîner le Grand Paris. Un coût pour l’économie qui n’est jamais ou presque pris en compte dans les diverses réflexions menées sur le sujet.

On peut déjà entendre la réponse habituelle face à toute critique du Grand Paris: «pour avancer, un train a besoin d’une locomotive; les wagons ne peuvent pas passer devant». Effectivement, si l’on considère que le reste du territoire national n’a vocation qu’à être une succession de wagons à la traîne de la capitale. Mais une locomotive, aussi puissante soit-elle, ira moins vite si elle doit tirer un immense train que ne le feraient plusieurs petits convois, même moins puissants.

Pire, si la locomotive tombe en panne, c’est l’ensemble du train qui en pâtit. Alors que, s’il y a plusieurs locomotives, certaines peuvent prendre le relais. Ce sont ces éléments qui font la réussite de l’Allemagne aujourd’hui. Par son organisation politique, elle favorise l’émulation entre ses territoires et voit sa croissance et sa réussite économique tirées par plusieurs locomotives qui peuvent se relayer.

Une réalité que l’on oublie bien souvent lorsque l’on cherche à comprendre les raisons de la réussite allemande. Une réalité qui pourrait aussi devenir française si le pays mène enfin à terme sa décentralisation et cesse de ne privilégier systématiquement qu’un seul et même territoire.

L’Allemagne mais également le Royaume-Uni, l’Italie l’Espagne, même la Belgique ou les Pays-Bas, pour ne parler que des proches voisins, ont plusieurs capitales économiques, culturelles ou politiques, dont ces pays tirent une force qu’on ne peut nier. La France s’est construite différemment, autour d’un centralisme républicain consécutif à la monarchie absolue de l’Ancien Régime. Mais il s’agit d’un archaïsme qui lui coûte aujourd’hui de plus en plus cher.

 

(source : Ar'C Hannad)


 

Commentaire de Florestan :

Si l'on fait le Grand Paris sans l'Axe Seine et l'Axe Seine sans faire la Normandie...

C'est la mort de la Normandie !

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