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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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22 octobre 2013

MODELE BRETON vs MODELE NORMAND?

Un éditorial des Echos met enfin les pieds dans le plat en faïence de Quimper: le "modèle" breton fondé sur un volontarisme communautaire et identitaire pour une modernisation à marche forcée, avec, notamment, une spécialisation forcenée dans le productivisme agro-industriel dont on connait dorénavant toutes les nuisances environnementales, sociales et maintenant économique (impossibilité de maintenir un prix correct car la porcherie industrielle s'est mondialisée...), ce "modèle" breton est donc en train de mourir...


Mais y-a-t-il pour autant un "modèle normand"?

Un modèle plus raisonnable, plus subtil, plus nuancé et diversifié et plus soucieux de qualité intrinsèque que le modèle breton.

Net avantage pour l'agriculture normande dans l'avenir: avec 13 AOC, un institut régional de la qualité alimentaire unique en son genre (marque Gourmandie), un potentiel très prometteur sur le créneau de l'agriculture urbaine bio en raison de la proximité avec la région parisienne, les Normands ont compris que pour survivre dans la mondialisation, il fallait produire d'abord de la qualité...

Mais on pourrait conclure le match par une pirouette:

Les "modèles" breton et normand ont les qualités de leurs défauts ou le contraire: Le modèle breton est volontariste, dominateur et sûr de son fait au risque d'une certaine cécité sur lui-même. La crise actuelle le prouve. Le modèle normand est fait de prudences savamment nuancées au risque de l'immobilisme, de la frilosité et de l'atonie...

On serait tenté de dire que la solution serait que les Bretons s'inspirent un peu des Normands et abandonnent un orgueil parfois mal placé... Et que les Normands, qui ont du mal à "chasser en meute" ou à s'unir derrière un intérêt général normand, devraient ne plus avoir honte de s'inspirer des Bretons !

On attend que nos amis d'Heula "la marque normande qui parle aux Normands" nous inventent une carte postale drôlement inspirée pour illustrer cette dure vérité qui s'impose également de chaque côté du Couesnon !


A lire ci-après un excellent éditorial d'Eric Le Boucher dans les Echos (le 18 octobre 2013): merci à Sadviking de nous avoir déniché cette perle !

http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/0203073371544-la-bretagne-en-pointe-dans-la-degradation-francaise-619579.php

 

 

La Bretagne en pointe dans la dégradation française

 

Par Eric Leboucher  | 18/10 | 06:00 |

 

S'il est un échec de la régionalisation, c'est bien celui-là. Une agriculture bas de gamme, des industries en perte de vitesse, un enclavement pénalisant : les maux bretons étaient visibles. Ils n'ont pas été anticipés.

 

La Bretagne en pointe dans la dégradation française

Les explosions sociales viennent toujours de l'inattendu. Pour tous ceux qui sont convaincus de l'extrême gravité de la situation économique, sociale, psychologique et politique française et qui redoutent qu'une étincelle suffise à mettre le feu aux poudres, il faut suivre de près la crise en Bretagne. Cette région autrefois si pauvre, qui, depuis qu'elle a été tant choyée par le volontarisme du général de Gaulle, a su remonter la pente et s'en sortir mieux que d'autres, voit brutalement son avenir dramatiquement s'obscurcir. La Bretagne va souffrir plus que d'autres de la crise industrielle française, elle va subir la crise agricole qui commence et elle prend de plein fouet la politique gouvernementale assassine pour l'immobilier qui vient paralyser ce qui lui reste, le tourisme. La Bretagne est devenue, sans qu'on s'en rende compte, une pointe avancée de la France non pas vers l'ouest mais vers le bas.

Reprenons. Au premier regard pas de panique. Le taux de chômage breton (9,5 %) est inférieur à la moyenne française (10,5 %). La région a perdu 20.000 emplois dans la crise financière, mais elle en avait regagné 10.000 depuis 2010. Son économie est diversifiée, elle bénéficie notamment d'une grande activité industrielle : 24 % de ses emplois, le double de la moyenne française. Il y a en plus la terre, remembrée, et il y a la mer qu'on voit danser dans les golfes clairs. Tout pourrait laisser espérer prolonger les « sixties ». A y regarder de plus près, hélas, tous ces moteurs d'hier s'étouffent en même temps et le sort de la région est alarmant.

S'il est un échec de la régionalisation, c'est celui-là : personne n'a vu venir cette crise totale. Pas plus à Rennes qu'à Paris : le manque criant de réflexion stratégique et de projection sur l'avenir de la France et de ses territoires fait là une cruelle démonstration. L'industrie ? La Bretagne est sur trois secteurs qui sont tous, pour des raisons différentes, en déclin. Les télécoms, développés autour de Lannion depuis la construction du radôme de Pleumeur-Bodou en 1962, représentent 65.000 emplois. Le secteur est pris mortellement en tenaille par la politique consumériste décidée à Bruxelles et à Paris, d'une part, et par l'échec des industriels dans l'innovation, notamment face à la Chine, d'autre part. Les espoirs de rebond sont franchement maigres. Dans l'automobile (10.000 emplois directs), si la France peut encore sauver ses constructeurs, la lucidité force à constater que leur avenir passe par la fermeture de sites. L'agroalimentaire (65.000 emplois) est à l'inverse promis en théorie à un grand développement dans le futur. Il faudra nourrir 7 milliards d'êtres humains, la France y a plein d'atouts. La Bretagne a pu profiter de la naissance de l'Europe. Mais alors que l'agriculture est désormais mondiale, y a-t-elle encore sa place ? La terre est naturellement pauvre, la Bretagne n'est pas la Normandie. Son agriculture vit en conséquence à force d'engrais et elle a du mal à prendre le virage de la qualité. La grande distribution continue de pousser dans ce mauvais sens.

Ce positionnement bas de gamme a été suivi par trop de coopératives en aval : aujourd'hui le porc et le poulet bretons sont concurrencés par leurs congénères allemands (où les abattoirs pratiquent des salaires des pays de l'Est) et brésiliens. L'augmentation tendancielle du prix des céréales et la modification de la politique agricole commune condamnent cette filière agroalimentaire bretonne. L'avenir agricole français n'est plus que dans les produits de haut de gamme, et la Bretagne n'est pas, objectivement, la mieux placée au départ dans cette transformation inéluctable et désormais rapide.

D'autant que ce qui était un avantage de transport (la région est la seule à bénéficier d'autoroutes gratuites) a caché l'isolement géographique de la région. Les manifestations contre la taxe poids lourds servent aujourd'hui de révélateur : la Bretagne n'a pas construit le réseau moderne adéquat vers Nantes, le seul port possible, la seule ville qui a les caractéristiques pour devenir la métropole économique de l'Ouest.

Reste le tourisme. La Bretagne peut viser l'économie des seniors. Elle peut concurrencer le Midi pour exploiter l'« or gris » des retraités. Mais, pour l'heure, la politique de la ministre Cécile Duflot a tué le marché immobilier alors que la gauche avait tout pour y créer beaucoup d'emplois (de l'épargne, des espaces et une forte demande). Le résultat est en Bretagne, comme ailleurs, une chute record des mises en chantier, de 18 %. Ajoutons que la loi littoral a ses vertus, mais qu'elle est aussi un frein économique évident : les ports de plaisance sont coincés par un double malthusianisme, celui des seniors et celui des écolos.

Le gouvernement semble avoir, d'un coup, pris conscience de la gravité des maux agglutinés. Il a décidé de mesures d'urgence, mais sans avoir, comme dans les années 1960, de l'argent et du poids pour forcer les groupes à s'implanter dans l'Ouest et pour peser sur Bruxelles. Ces mesurettes ne suffiront pas. Les manifestants réclament le maintien des aides et des défiscalisations qui ne sont ni à la hauteur ni justifiées. La Bretagne souffre, en mode aggravé des maux français, d'un coût du travail trop cher, d'un positionnement bas de gamme, de marges en conséquence dégradées, d'un arbitrage consommateur-producteur défavorable à l'industrie et, in fine, d'une politique du logement catastrophique. Dans ces grands vents de face, la Bretagne retrouve ses handicaps naturels. Elle est loin. Sa capitale, trop petite. Sa terre ingrate. Sa mer mal exploitée. L'économie bretonne héritée des années 1960 est morte, elle ne renaîtra pas. Son avenir est complètement à réinventer.

Eric Le Boucher

Eric Le Boucher est éditorialiste aux « Echos ».


Commentaire de Florestan:

S'il doit y avoir une solidarité nationale et un "plan" national, il faut que cela soit avec toutes les régions françaises. Mais pour que cela soit réellement efficace, il faut enfin achever la décentralisation par une vraie régionalisation: le potentiel de croissance et d'avenir pour la France gît sur nos territoires: mais il est méprisé, mal mis en valeur, émietté, éparpillé et gâté par des politiques institutionnelles inefficaces arbitrées par des considérations politiciennes, par du parasitage politico-administratif, des doublons inutiles... Il faut des vraies régions sur de vrais territoires.

Dans l'ouest de la France, il faut réunifier la Normandie, il faut réunifier la Bretagne.

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Commentaires
B
Une majorité de breton ne vivent pas leur régionalisme d'une manière saine et apaisée. Cela devrait faire réfléchir certains normands notamment. Il n'y a qu'à lire les commentaires sous l'article du figaro.
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C
Dur dur de critiquer en breton à la radio le modèle breton en béton armé...<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.lefigaro.fr/actualite-france/bretagne-une-radio-en-langue-bretonne-victime-de-degradations-20201213
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J
En passant dans votre coin de France, l'autre week end, je croyais que j'étais déja en Bretagne, dans tout le 76, le 14 et le 50, beaucoup de voitures arborent les autocollants bretons. Les touristes, de passage à Pontorson, le disent ausi, "qu'il est mignon ce village breton avec ses creperies et drapeaux noir et blanc"!! Alors, vu que la Normandie n'existe plus vraiment, et que plus aucun jeune ne se dit normand, je me disais qu'un parti breton pourrait faire de jolis résultats dans ce coin. Peut etre meme mieux qu'en Loire Atlantique. Après, vous pourriez, solution d'avenir, demander le rattachement à la Bretagne ou émigrer à Jersey. Ah non, là bas aussi il ya plus de bretons (de Plaintel et de Ploeuc sur Lié) que de gens de votre coin de France....
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J
Tant qu'il n'y aura pas de Normande ou de Normand pour diriger la Normandie et bien la Normandie restera comme elle est c'est à pauvre, ne pourra pas évoluer et s'enrichir !!
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S
Décidément rien ne va plus outre-Couesnon:<br /> <br /> http://bretagne.france3.fr/2013/10/21/rennes-plan-de-depart-volontaire-ouest-france-342677.html
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