Ecotaxe, Bretagne, Normandie et ... République: quelques éléments de réflexion.
Dans le souci d'éclairer nos lecteurs, et dans l'idée d'affirmer à nouveau ici que le régionalisme normand n'est pas un régionalisme chauvin "jusqu'au-boutiste" ou "différentialiste", vous trouverez ci-après des liens vers diverses sources d'informations qui démontrent, une fois de plus, que la réalité et les problèmes sont toujours plus complexes que certaines revendications agitées bruyamment...
Du côté breton d'abord:
Manifestement, contre l'écotaxe, c'est le lobby agro-industriel breton des gros bonnets (rouges ??) qui mène le bal à 500 000 euros le portique descendu ou brûlé... Mais cette manipulation du régionalisme breton par quelques gros bonnets industriels imprévoyants quant à l'avenir de l'agriculture bretonne dans un monde ouvert, n'est pas du goût de tout le monde en Bretagne, ainsi, l'édito de l'Union démocratique bretonne dans leur dernière lettre d'information:
Voir aussi... évidemment !
http://www.institut-locarn.fr/linstitut-de-locarn-solidaire/
Notre ami normand Rémi Pézeril était récemment en Bretagne: il nous a ramené ce cliché...
S'ils aimaient à ce point leur Bretagne,
ils feraient en sorte de réorienter, avec l'écotaxe, un système agro-industriel productiviste pour éviter ça:
Du côté normand ensuite:
Pas de liens à vous proposer car les responsables politiques normands sont aux abonnés absents semble-t-il, sur les problématiques soulevés par la rébellion bretonne contre l'écotaxe... Sauf, néanmoins, la condamnation ferme et exemplaire du député UMP de l'Eure Bruno LEMAIRE et ancien ministre de l'Agriculture de la destruction d'un portique sur la RN 12 dans les Côtes d'Armor.
"Je condamne et je condamne même fermement ces actions. Je pense qu'il y a d'autres moyens de se faire entendre. Défendre le bien public, s'en prendre aux portiques ou à n'importe quel bien public, ça n'est pas acceptable, a réagi M. Lemaire sur France Info. Je comprends parfaitement la colère des Bretons. Je ne suis pas favorable à cette écotaxe, du moins telle qu'elle est présentée aujourd'hui, mais il y a d'autres moyens en démocratie de faire entendre sa voix."
Rappelons que Bruno Lemaire était le ministre de l'Agriculture du gouvernement qui avait mis en place l'écotaxe: la mémoire en politique est vraiment très sélective !
Du côté du gouvernement enfin:
Demain mercredi, les pompiers pyromanes du gouvernement vont s'attacher à éteindre l'incendie breton lors d'une réunion qui aura lieu à Rennes pour discuter d'un plan pour l'avenir de la Bretagne...
Alors que la grogne gagne d'autres régions notamment dans le Nord de la France ainsi que dans le Sud-Ouest: on apprenait qu'une borne avait été détruite dans le département des Landes.
L'Etoile de NORMANDIE réclame un PLAN NATIONAL
de SORTIE de CRISE
pour TOUTES les REGIONS de FRANCE
Si tel n'était pas le cas, dans des délais les plus rapides, il va sans dire que...
l'exemple breton servira partout de mauvais exemple
sur le thème:
"Et nous ? Et nous? " avec pour corrolaire:
"Appliquons partout les méthodes bretonnes pour se faire entendre du gouvernement! "
Ecomouv' un scandale d'Etat?
Et pendant ce temps-là la polémique enfle sur les modalités de la signature du contrat ECOMOUV' la société privée en charge de la collecte de la future écotaxe sous la majorité gouvernementale précédente: Nathalie Kosciusko- Morizet la ministre de l'Environnement du précédent gouvernement, assume pour l'instant, le fait d'avoir confié la perception d'un impôt en France à une société privée étrangère (à capitaux italiens et suisses) pour un coût annuel de 250 millions d'euros qu'aujourd'hui les élus de gauche comme de droite, qui avaient voté à l'Assemblée Nationale à l'unanimité pour l'écotaxe et la société ECOMOUV', trouvent scandaleux! Dans le genre gribouille sans gêne on ne peut pas faire mieux: les citoyens de ce pays vont devoir prendre leurs responsabilité devant les errements de cette classe politique de pieds nickelés !
http://www.politique.net/2013110302-ecotaxe-autoroutes-privees-mediapart.htm
Aux dernières nouvelles, une commission d'enquête parlementaire vient d'être constituée sur les conditions d'attribution du contrat de la perception de l'écotaxe à la société ECOMOUV': mieux vaut tard que jamais!
En attendant, les 7 portiques de contrôle présents en Bretagne ainsi que de nombreuses bornes de perception ont été détruits à raison de 500 000 euros par portique, faites le calcul!
Enfin, si le moratoire de l'écotaxe devait se poursuivre au delà du 1er janvier 2014, il en coûterait plus de 800 millions à l'Etat: la solidarité avec la Bretagne n'a donc pas de prix même s'il est indispensable de repenser complètement le système de l'écotaxe qui a été mal préparé par la majorité précédente...
Depuis 10 jours maintenant, dans les médias nationaux, c'est le "festnozing" breton:
(on ne dit plus "buzz" mais "festnozing")
Un exemple pris parmi tant d'autres sur cette radio généraliste bien connue du groupe Radio-France qu'il faudrait songer à rebaptiser...
BREIZH INTER
L'éditorialiste Thomas Legrand qui, tout en questionnant avec justesse l'exceptionnalisme breton, ne fait que lui rendre hommage:
http://www.franceinter.fr/emission-ledito-politique-les-ambiguites-de-la-revolte-bretonne
Ce matin, les ambiguïtés de la révolte bretonne.
Comment lire le message de ces artisans, commerçants, ouvriers et surtout de ces patrons d’industrie de l’agro-alimentaire, pêcheurs et agriculteurs ? Cette population qui représente une part du secteur agro-alimentaire, très subventionné, basé sur un modèle productiviste, énergivore, de moins en moins rentable et qui n’a pas su se rénover.
En Bretagne, ce n’est cependant pas l’hécatombe que ceux qui tombent décrivent… Certaines entreprises de ce secteurs ont su évoluer, se transformer et continuent à produire et exporter. La Bretagne a toujours un taux de chômage bien inférieur au reste de la France mais une partie de l’industrie agro-alimentaire subit le même sort que la sidérurgie lorraine des années 80. Est-ce la faute de l’Europe, de la mondialisation, des gouvernements… des entrepreneurs, des syndicats ? Les mutations n’ont pas forcément de responsables si clairs. Toujours est-il qu’on ne perçoit aucun message précis dans ces manifestations, juste un cri. Les revendications, maintenant que l’écotaxe est suspendue, sont contradictoires. On entend des appels à l’aide de l’Etat et en même temps, une défiance envers Paris.
Le bonnet rouge unifie artificiellement des militants nationalistes bretons d’extrême gauche ou d’extrême droite, des maires divers-gauche et surtout divers-droite, des militants de la FDSEA et de l’UDB, c'est-à-dire des agriculteurs de l’intensif et ceux d’une agriculture plus alternative. Le rassemblement de samedi a été une réussite parce qu’il y avait du monde mais c’est un ratage complet parce que personne ne peut dire aujourd’hui quel est son message. Hormis la suppression complète d’une écotaxe qui n’est pour rien dans la situation actuelle et qui, avec tous les aménagements qu’elle comportait, n’aurait quasiment pas eu d’impacts sur l’industrie bretonne. On sent bien les organisateurs bien embarrassés de devoir accepter de dialoguer avec le gouvernement.
Y a-t-il une spécificité politique bretonne ?
Oui. Il n’y a certainement qu’en Bretagne qu’une population aussi diverse peut marcher ensemble en disant des choses aussi différentes. Les Bretons savent dépasser leurs clivages pour construire (ce sont les champions de l’intercommunalité) mais aussi pour contester. C’est l’une des régions, avec l’Alsace ou la Corse, qui recouvre une réalité identitaire forte. On n’imagine pas des manifestations de Rhônalpins ou d’Aquitains, avec leurs drapeaux (que d’ailleurs personne ne connaît).
Le plus inquiétant pour François Hollande c’est que ce soit la Bretagne qui se lève (ou du moins une partie de la Bretagne). Parce que cette région avait largement voté pour lui en 2012. On pouvait même expliquer que la gauche de l’Ouest, modérée, rétive à la société d’affrontement, était raccord avec la façon dont François Hollande entendait exercer sa présidence. Aujourd’hui, c’est une autre Bretagne qui se montre. Les manifestants et plus largement ceux qui font preuve de défiance envers le Président (c'est-à-dire une large partie des Français) ne protestent pas contre un projet de société mais contre le vide. Le Président n’a pas su dessiner avec assez de force et de clarté le contour de la société pour laquelle il demande des sacrifices. Deux incertitudes s’affrontent… et en fait s’additionnent ! « Ce qui n’est pas nommé n’existe pas » disait Lacan. Si François Hollande ne parvient pas rapidement à nommer les objectifs de sa présidence, il risque tout simplement de ne plus exister en tant que chef d’Etat.
Commentaire de Florestan:
"Quand on n'a qu'un marteau, on ne peut qu'enfoncer des clous" (Mark Twain)
Cette maxime vaut autant pour les régionalistes bretons jusqu'au boutistes que pour la classe politico-médiatique parisienne destabilisée dans sa paresse intellectuelle jacobine...
Qui peut faire entendre une voix alternative régionaliste, normande, girondine et... républicaine?
Ici sur l'Etoile de Normandie...
On va donc continuer ici à crier dans le désert car notre pays court vraiment à la catastrophe...
Ci-après, le coup de gueule dans Le Monde d'un enseignant français en poste à Bucarest, d'origine bretonne:
Nous aurions pu écrire la même chose, concernant la Normandie et concernant le manque de perspectives imposé par un gouvernement couard dès qu'il s'agit de faire les réformes structurelles indispensables: réforme fiscale et réforme territoriale pour une vraie régionalisation en France