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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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18 novembre 2013

Communiqué du Mouvement Normand: les régions qui ont une identité savent se défendre !

L'Etoile de Normandie a reçu, ce jour, un communiqué du Mouvement Normand au sujet de la récente crise bretonne et des mobilisations contre l'écotaxe...

Une fois de plus l'évidence est démontrée: seules les régions qui ont une véritable identité savent se défendre.

Nous partageons ici ce constat et nous publions ce communiqué non sans rappeler que l'identité de la Normandie existe d'autant plus qu'elle n'est pas comparable à l'identité bretonne qui, par sa nature propre, sait s'y prendre pour faire parler d'elle dans les médias nationaux (parisiens).

Un point commun, néanmoins, entre la Bretagne et la Normandie: c'est que l'affirmation d'une identité régionale a tendance à affoler les institutions, à commencer par les conseils régionaux des territoires concernés... Entre l'abstention, le cumul des mandats et des circonscriptions territoriales qui ne ressemblent à rien dans un "mille-feuilles" politico-administratif parfaitement indigeste pour l'honnête citoyen, le manque de légitimité de ces assemblées d'élus devient de plus en plus évident... A tel point que c'est, précisément, dans un conseil régional qu'on aura le plus de chance de trouver tous ceux et celles qui n'ont surtout pas intérêt à entendre parler des vraies régions, celles qui ont un nom propre, une géo-histoire, une identité partagée et pratiquée par des citoyens -habitants...

Le siège à Rouen du CRHN (pour Conseil Régional de Hot Normandy), principal siège du déni de la Normandie ... en Normandie.


 

DES BONNETS ROUGES ET DES NU-PIEDS 
LE SEMAINIER DU MOUVEMENT NORMAND 
COMMUNIQUE n°190 - SEMAINE 46 - NOVEMBRE 2013 
Bonjour , 
Il en est qui affectent de mépriser les leçons de l'Histoire, les élus notamment, ceux de droite, souvent par inculture, ceux de gauche, par hostilité rabique à l'égard du passé (« Du passé, faisons table rase… ») et, de temps à autre, l'actualité leur apporte un cinglant et réjouissant démenti. C'est ainsi que des constantes historiques peuvent être observées et des résurgences mémorielles fascinantes viennent rappeler que l'histoire des hommes et des femmes est un long continuum auquel il convient toujours de se référer. 
Avouons qu'au plan médiatique la fonde des Bonnets rouges en Bretagne est un succès immédiat, même si la firme Armor Lux a dû avouer que ces fameux couvre-chefs étaient fabriqués en Écosse. Il s'agit du symbole d'une révolte antifiscale portant principalement sur la remise en cause de « l'écotaxe », rappelant la révolte des paysans bretons qui, au XVIe siècle, se soulevèrent parce qu'ils ne voulaient pas être assujettis au papier timbré (1675). Cette « émotion populaire » fut matée par le Pouvoir central, mais le souvenir en est resté vivace et le trait de génie des initiateurs de la grogne d'aujourd'hui est d'avoir ressuscité le bonnet rouge comme signe de ralliement pour, à la fois, rappeler l'opposition antifiscale d'hier et donner une visibilité à la contestation d'aujourd'hui. Visibilité qui s'accompagne d'un enracinement par la multiplicité des drapeaux « gwenn ha du » arborés, qui donne au mouvement de protestation une image régionaliste très forte, montrant ainsi - au grand dam des organisations syndicales contestataires habituelles - qu'un supplément d'âme s'appuyant sur la communion d'un peuple et de son terroir, prend de court des autorités vite assimilées à un pouvoir lointain, extérieur et peu à même de comprendre les problèmes d'une région s'estimant délaissée 
 
Avouons encore que nos voisins d’outre-Couesnon ont de la chance de trouver dans le bonnet rouge le symbole de leur contestation : il protège du froid en cet automne pluvieux et gageons que nous, Normands, nous aurions le plus grand mal à nous référer à un symbole historique aussi pertinent alors que, nous aussi, nous avons connu par le passé - et avec une ampleur tout aussi considérable, sinon plus - une révolte antifiscale contre le Pouvoir central, la révolte des Nu-Pieds, écrasée dans le sang par le Chancelier Séguier et les troupes de Gassion, au XVIIe siècle (1639). 
La référence à « l'Armée de souffrance » normande - nom donné aux troupes de gueux luttant contre la gabelle - est d'un emploi certainement moins commode aujourd'hui que celle des bandes révoltées bretonnes coiffées du bonnet rouge car nos ancêtres allaient pieds nus (d'où leur surnom) et l'on voit malles manifestants de notre époque se lancer dans une contestation sans godasses… ! 
Pourtant, et c'est tout le paradoxe de la situation actuelle, il y aurait lieu de comparer les problématiques de la Bretagne et de la Normandie dans le contexte de la contestation antifiscale d'aujourd'hui. 
Une première constatation s'impose : les médias parisiens s'appesantissent davantage sur la contestation bretonne que sur les mouvements similaires - et de même intensité _ survenant dans les autres régions, dont la Normandie. Les Bretons ont une plus longue habitude de se plaindre et, c'est un fait, ils ont colonisé depuis longtemps les rédactions des médias de la Capitale. Cela ne prouve pas qu'ils aient plus à récriminer ou qu'ils soient plus délaissés que la Normandie en matières de communications et, même, d'enclavement : le Cotentin est moins bien desservi que le Finistère, mieux vaut ne pas parler de la déshérence normande en matière ferroviaire… Quant aux péages… N'insistons pas ! Les Bretons, d'ailleurs, développent une curieuse argumentation : la fameuse « écotaxe » (nous y reviendrons) n'est pas prélevée sur les autoroutes, or la Bretagne n'a pas d'autoroutes et, de ce fait, disent-ils, elle devra payer la dite taxe. C'est oublier un peu vite que, grâce au Plan routier breton, la Bretagne est sillonnée par des radiales 2 x 2 voies gratuites. Et c'est tant mieux pour cette région ! 
L'écotaxe, la fausse bonne idée qui pénalise le monde rural 
Sur le papier, qui ne souscrirait à l'idée de transférer sur le fer ou la voie d'eau un trafic routier plus polluant ? C'est le principe de base de l' « écotaxe » - autant voulue par la gauche que par la droite. Cependant, chacun sait que, d'une part, tout transport de marchandises sur une distance inférieure à trois cents kilomètres n'est pas vraisemblablement compatible avec la voie ferrée et que le groupage nécessaire des marchandises par le train n'est pas toujours adapté à la réalité des marchés. D'autre part, il est évident que tous les points du territoire ne peuvent être desservis par le chemin de fer ou la voie d'eau… 
Allons plus loin : le principe de l' «écotaxe » favorise la concentration industrielle et commerciale autour des grandes agglomérations alors que la politique constante d'aménagement du territoire a consisté à éparpiller les unités de production sur tout le territoire au nom de l'équilibre sociologique de nos contrées où doivent pouvoir prospérer les trois secteurs de l'économie. Cela, certes, est contraire à la mode d'outre - atlantique de spécialisation des espaces, mais, en Europe, cela reste conforme à nos traditions les plus ancrées. Malgré cela, à cause de la mondialisation, on assiste à des délocalisations et des spécialisations des territoires : l'exemple de la filière porcine bretonne - mais il n'est pas le seul et l'on trouve, en Normandie notamment, des exemples semblables dans la filière lin ou la filière bois -, l'exemple donc de la filière porcine bretonne est éclairant. On élève les porcs en Bretagne et on abat les bêtes en Allemagne - où la main-d'œuvre immigrée des PECO est moins coûteuse - pour que la viande revienne en Armorique pour y être transformée dans les usines agro-alimentaires. Ces tribulations de marchandises, même si elles ne constituent pas l'essentiel de la production de produits finis - pénalisent les régions périphériques et conduisent à la concentration des unités de production auprès des agglomérations, principaux lieux de consommation. 
L' « écotaxe », dès lors, défavorise les régions périphériques, les régions rurales condamnées à produire toujours plus, le moins cher possible, sans se récupérer sur la transformation sur place des denrées. Autrement dit, avant l'application de l' « écotaxe », il conviendrait de sauvegarder l'équilibre économique et sociologique des territoires. 
Observons en outre que la pénalisation par des taxes du transport routier a un résultat moindre que celui obtenu par les constructeurs automobiles qui ont réduit considérablement la production de C02 et de gaz gênants dans les nouveaux moteurs des camions (et des voitures particulières). 
Enfin, les Français n'ont apparemment pas confiance dans le fait qu'un impôt dédié, comme devait l'être l' « écotaxe », au transfert modal en matière de transport, ne finira pas, comme la non-regrettée vignette automobile dans le grand fourre - tout des finances calamiteuses d'un État dispendieux. 
Revenons au cas de la Bretagne comparée aux autres régions : ne connaissant pas les péages, elle ne devait en outre pas payer une « écotaxe » du même montant qu'ailleurs eu égard à sa situation périphérique. Pour prendre un exemple, le département du Loiret est celui qui détient le plus de portiques pour payer l' « écotaxe ». Les départements normands sont dans une situation assez proche. On en arrive à constater que si tous les Français sont, paraît¬il, égaux, il en est qui le sont plus que les autres ! 
Le ras - le - bol antifiscal est plus général et la crise a d'autres causes que cette fameuse « écotaxe » 
Le refus de l'« écotaxe » survient après une série de mesures fiscales qui, en s'accumulant, ont conduit au refus qui n'est pas seulement breton. Interrogé, il y a peu, sur une radio, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ci-devant président de la région Bretagne durant deux mandatures (et il ne se sent aucune responsabilité dans la situation actuelle. Un peu comme Le Vern, qui a dirigé pendant quinze ans la haute Normandie, soit dit en passant) a finement observé que la « crise bretonne » avait plusieurs causes, indépendantes les unes des autres : l' « écotaxe », bien sûr, la crise automobile, le modèle agricole productiviste et l'arrêt de certaines subventions européennes. Cela est vrai, mais est¬ce totalement spécifique à la situation bretonne ? 
Est-il indécent de faire remarquer que le taux de chômage en Bretagne est inférieur de deux points par rapport au taux moyen de chômage français ? La Normandie a connu une désindustrialisation plus précoce et d'une autre ampleur. Que dire de la Lorraine ? Du Nord ? 
Le système agricole productiviste – que l'on n'a pas à condamner s'il reste dans des limites raisonnables (contrairement à ce que braillent les Ecolos…) –connaît des outrances en Bretagne. Citons encore l'exemple de l'élevage porcin : les conséquences en sont l'invasion des algues vertes sur les rivages et… on veut faire payer à la collectivité nationale la réparation de ces excès. Plus grave, l'exemple breton empêche souvent la création d'élevages porcins ailleurs, là où les conditions, de sols notamment, y sont plus favorables. 
Autre aspect de la question : la survie d'entreprises peut-elle être indéfiniment conditionnée par le montant des aides européennes à l'exportation ? Des articles d'Ouest-France (28 - 29 septembre 2013) dévoilent l'impasse dans laquelle des entreprises bretonnes se sont engagées sans réagir à temps. La filière du poulet grand export (la France est particulièrement concernée par la Bretagne notamment) ne survit que par les restitutions – aides à l'exportation – dont on a depuis plusieurs années annoncé la suppression progressive. Il apparaît que des entreprises comme Doux ou Tilly-Sabco n'ont pas fait beaucoup d'efforts pour anticiper. A la production de masse de produits de qualité moyenne – où nous serons toujours concurrencés par les pays émergents comme le Brésil –, il faut évoluer vers la production de grande qualité à forte valeur ajoutée. Question, qui n'est pas iconoclaste : combien la Bretagne propose-t-elle d'A.O.C. dans sa production agricole et agroalimentaire ? Là est l'avenir, avec des productions de niches pour lesquelles la Normandie, par exemple, excelle et peut encore faire beaucoup mieux. 
 
C’est par le haut qu’il faut sortir de la crise agricole et agro-industrielle et non par le maintien de systèmes de production dépassés et l’accumulation de taxes dont la justification est erratique et palliative d'un mal plus constant : le train dispendieux de l'Etat. Un exemple typique – bien qu'il soit d'origine européenne – est le relèvement de la TVA pour la filière équine (de 7% à 20%, excusez du peu !). Cela touche particulièrement la Normandie (70 000 emplois en dépendent peu ou prou) et la presse hexagonale ne met pas suffisamment l'accent sur la spécificité normande en l'occurrence… 
En conclusion, nous retiendrons la légitimité de la colère bretonne en faisant observer que cette région n'est pas plus à plaindre que les autres. Nous retiendrons aussi - et c'est une leçon - qu'une revendication sociale qui s'appuie sur le sentiment d'appartenance à un terroir a plus de forces pour convaincre. Nous retiendrons enfin que pour sortir d'une crise, il faut viser haut et non vouloir pérenniser des systèmes crépusculaires ou dépassés.
Guillaume LENOIR
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