REFORME TERRITORIALE: L'Assemblée Nationale va-t-elle bouleverser la carte du Gouvernement?
Sous l'Occupation, les Français rationnés et rançonnés par l'Ennemi ont été contraints de boire du café sans café, de tartiner du beurre avec plus d'eau que de lait...
Aujourd'hui on nous propose une réforme territoriale... sans histoire-géographie !
A l'exception très notable de la Normandie et pour les raisons que nous avons ici longuement développées...
Au Sénat, les habitués des douceurs de "la buvette" ont envoyé ballader le paquet d'ersatz géographique proposé par le Gouvernement parce que la géographie sans histoire-géo c'est de la foutaise mais surtout parce que la géographie régionale c'est aussi une foutaise considérée comme dangereuse par des Sénateurs qui ne jurent que par les départements d'un état centralisé et jacobin...
Cependant, il serait possible qu'à l'Assemblée Nationale, il en soit enfin autrement: la proposition gouvernementale plutôt inepte (sauf pour la Normandie, répétons-le !) de fusionner uniquement des régions entre elles pourrait être sérieusement amendée...
L'apanage Royal picto-ligéro-limougeot a du plomb dans l'aile (le Limousin pourrait rejoindre l'Aquitaine) et voici qu'on reparle de fusion entre Bretagne et Pays de la Loire au risque d'intensifier la revendication bretonne du rattachement de la Loire Atlantique à la Bretagne. Quant à la Picardie il serait urgent de cesser de refuser la fusion naturelle et attendue avec le Nord...
Pour calmer le jeu et trouver enfin un consensus, le gouvernement aurait intérêt à ressortir la proposition territoriale à 15 régions cohérentes du comité Balladur de 2009.
Après la suppression par le Sénat vendredi de la carte, Da Silva a déposé un amendement rétablissant cette carte mais en détachant le Limousin de la grande région formée avec le Centre et le Poitou-Charentes dans le projet du gouvernement. Aucune autre modification n'est introduite à ce stade. "C'est la seule modification qui fasse plutôt consensus", a-t-il expliqué, mais "ce n'est qu'un premier projet pour le débat parlementaire".
Aucune autre modification n'est introduite à ce stade. "J'ai auditionné entre 50 et 100 conseillers régionaux, rencontré des dizaines de parlementaires et discuté avec le gouvernement. C'est la seule modification qui fasse plutôt consensus", a expliqué ce proche de Manuel Valls, dont il était le suppléant à l'Assemblée, mais "ce n'est qu'un premier projet pour le débat parlementaire". La grande région Centre-Poitou-Charentes-Limousin "faisait 'dissensus'" et "le Limousin ne souhaitait pas rester dans cette grande région", a-t-il ajouté. Le maire de Tulle et conseiller de François Hollande à l'Elysée, Bernard Combes, avait plaidé ainsi pour une fusion avec l'Aquitaine.
Toutes les autres modifications, évoquées dans le débat, "font débat, y compris au sein du groupe majoritaire", a-t-il souligné. La Bretagne et les Pays de la Loire sont donc pour l'instant toujours chacun de leur côté, la Picardie fusionnée avec Champagnes-Ardennes, etc.. "On verra bien le sens que prendra le débat parlementaire", a indiqué Da Silva. Le Sénat s'est de fait dessaisi au profit de l'Assemblée nationale de la réforme territoriale, pourtant au coeur de ses compétences, après avoir rejeté vendredi la nouvelle carte des régions dessinée par le gouvernement, puis le report des élections régionales et cantonales en décembre 2015.
"Parlementaires des Pays de la Loire, nous connaissons les dynamiques de coopération et de développement à l'oeuvre entre notre région et la Bretagne (...). Cette densité de projets communs est unique. Elle n'existe avec aucune autre région voisine", soulignent les signataires dans cette tribune rendue publique aujourd'hui.
Le projet de réforme territoriale multiplie les clivages au sein des deux régions, entre partisans du statu quo (Bretagne et Pays de la Loire inchangés, l'option du gouvernement), retour à une Bretagne à cinq départements avec le rattachement de la Loire-Atlantique, fusion des Pays de la Loire avec le Centre ou fusion avec la Bretagne.
Pour les signataires, cette dernière option se justifie par les synergies existant entre les deux régions et est plébiscitée par la population : "71% des Ligériens sont favorables à l'union avec la Bretagne, 63 % des Bretons sont favorables à l'union avec les Pays de la Loire", affirme le texte.
M. Ayrault n'avait jusqu'à présent pas caché sa préférence pour une telle fusion, mais c'est la première fois que l'ancien Premier ministre la revendique officiellement dans une tribune de parlementaires.
La COMMISSION des LOIS de l'Assemblée Nationale refuse d'ouvrir "la boîte à Pandore des départements" alors qu'il faudrait descendre à l'échelle départementale pour dessiner une vraie carte régionale: la peur d'affronter le cas breton bloque tout !
François BAYROU dénonce l'absurdité de la carte régionale proposée par le gouvernement:
François Bayrou, le président du MoDem, s'est dit aujourd'hui "absolument en désaccord" avec la nouvelle carte des régions qui, "par la loi de l'absurde" selon lui, prétend intégrer Limousin et Aquitaine.
"Je suis absolument en désaccord et je trouve que tout cela est absurde. On a l'impression que la loi de l'absurde est celle qui préside à la définition de cette carte des régions", a déclaré M. Bayrou sur France Info. "C'est absurde parce c'est un découpage complétement à la tête du client. Il y a un mois on disait l'Aquitaine va aller avec Poitou-Charente, il y a deux semaines on disait l'Aquitaine va rester seule, aujourd'hui on dit l'Aquitaine va se marier avec le Limousin", a ajouté le maire de Pau.
"C'est faire fi de tout ce qu'est une région. Une région c'est une unité économique, humaine, culturelle, des gens qui peuvent se rencontrer parce qu'ils habitent dans le même coin alors qu'avec le Limousin nous aurons entre le Béarn et le nord du Limousin, 450 km de distance", a expliqué le président du MoDem.
Pour François Bayrou, "c'est fait uniquement pour des raisons politiques parce qu'on espère que cela va faire des majorités plus à gauche. Tout ceci n'a aucun sens".
"La question ce n'est pas le nombre de régions mais le millefeuille c'est-à-dire le labyrinthe qui fait que les conseils généraux, les conseils régionaux, les intercommunalités c'étaient évidemment des échelons de trop qu'il fallait simplifier pour rendre plus efficace l'action publique et faire des économies. Or, on va rendre l'action publique moins efficace avec des régions qui n'ont pas d'unité et on ne fera pas d'économie, on dépensera davantage", a-t-il affirmé.
Les députés ont voté mercredi en commission une nouvelle carte des régions, avec le Limousin relié à l'Aquitaine comme seule modification par rapport au projet initial du gouvernement.