Gérard Pouchain, professeur de lettres d'Asnelles, est tombé, par hasard à Paris, sur un manuscrit de Bernardin de Saint-Pierre. L'auteur de Paul et Virginie y raconte un périple en Normandie en 1775.
L'histoire
« Je peux dire qu'en tant que chercheur, j'ai trouvé le Graal, s'enthousiasme l'universitaire normand Gérard Pouchain, professeur de lettres par ailleurs deuxième-adjoint au maire d'Asnelles. Il m'est arrivé de découvrir quelques feuillets inédits de Maupassant ou des lettres oubliées de Juliette Drouet mais un manuscrit de 116 pages... »
L'histoire débute, en 2007, rue de Richelieu, à Paris, dans les locaux feutrés de la Bibliothèque nationale de France. En compulsant des livres sur la Normandie, l'agrégé de lettres tombe « par hasard » sur un ouvrage signé de la main de Bernardin de Saint-Pierre.
Intitulé Voyage de Normandie, le manuscrit aux pages jaunies a échappé, depuis le XVIIIe siècle, aux cylindres de l'impression. « C'est un récit de voyage, rédigé, à la lumière des bougies, le soir à l'auberge. » Renseignements pris, le carnet dormait à la BNF depuis son acquisition, en 1974, auprès d'un libraire parisien.
Commence le long travail de décryptage « d'une écriture presque horizontale, avec des ajouts et des ratures. » Le célèbre auteur de Paul et Virginie « malmène la ponction et l'orthographe. »
En proie au vague à l'âme, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737 - 1814) entreprend, le 1er mars 1775, ce périple de deux mois en Normandie. À pied, en bateau ou à cheval, le voyageur remonte les boucles de la Seine, traverse le Pays de Caux, se repose à l'abbaye de Soligny-la Trappe.
« Bernardin de Saint-Pierre se fond dans le paysage, observe Gérard Pouchain. Il ne se comporte pas en littéraire évanescent. Il livre un témoignage très loyal, empreint de sensibilité sur la vie rurale de la Normandie, à l'aube de la Révolution. »
La narration quotidienne évoque aussi bien ses rencontres avec les pêcheurs de harengs que les difficultés du chemin. Un document où transparaît la double facette de l'écrivain, « proche des Romantiques par son amour de la nature et proche des Encyclopédistes par sa curiosité universelle ».
Voyage de Normandie, par Bernardin de Saint-Pierre, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 230 pages, 23,50 €.
A moins qu'il ne s'agisse plutôt d'un certain... Benoît Noël