FUSION DE DEUX CONSEILS REGIONAUX NORMANDS: dire ce que l'on fait, faire ce que l'on dit !
Le siège caennais du collectif citoyen et républicain "Bienvenue en Normandie" a beau être situé à quelques centaines de mètres de l'abbaye aux Dames, siège du Conseil Régional de Basse Normandie, nous n'avons pas souhaité nous rendre à la séance plénière du 18 juin 2015 relative (entre autres choses) à la confirmation de Rouen comme chef-lieu préfecture de région: malgré un ordre du jour ambitieux...
nous craignions d'assister à un débat médiocre avec ses chicaneries politiciennes ridicules alors qu'il nous faut travailler à un projet normand. Le compte rendu donné par Ouest-France sera, pour une fois, suffisant (voir billet précédent).
Néanmoins, pour nos lecteurs désireux de s'informer complètement, ils pourront visionner la video des débats de la veille à partir du lien suivant:
- Jeudi 18 juin 2015 matin:
http://www.dailymotion.com/video/x2uez36_assemblee-pleniere-de-juin-2015-jeudi-matin_news
- Jeudi 18 juin 2015 après-midi:
http://www.dailymotion.com/video/x2ufw43_assemblee-pleniere-de-juin-2015-jeudi-apres-midi_news
... et ils verront que cette réunion qui aurait pu être historique fut bien médiocre tant par la chicaya proposée par la minorité de droite que par le flou artistique entretenu par la majorité régionale socialiste sortante sur le point essentiel d'équilibrer la préfecture rouennaise par un siège caennais pour le futur exécutif régional: cette dernière solution est en passe pourtant de s'imposer et de faire consensus à l'UDI, à l'ex UMP mais aussi au Modem, chez les Radicaux de Gauche et les Ecologistes, partout en Normandie au point que les élus écologistes du Conseil Régional de Haute Normandie ont refusé de voter une motion identique à l'avis du CESER haut-normand demandant à ce que toutes les directions stratégiques normandes, qu'elles soient de l'Etat ou de la région, soient à Rouen...
Les socialistes normands qui avaient, depuis le 6 juin 2014, l'Histoire et les Normands avec eux pour avoir enfin déclanché le processus de réunification normande qu'on attendait depuis 1972, sont en train de tout gâcher en ne nous disant pas clairement ce qu'ils font ou pire! en ne faisant pas ce qu'ils nous ont dit: Il aurait été tellement plus simple de dire à tous les Normands, très en amont de la campagne électorale à venir, comme l'a fait d'ailleurs Hervé Morin (faisant preuve sur ce point d'une certaine finesse tactique) que Caen sera le siège de l'exécutif régional à côté de Rouen préfecture, pour tuer le clochemerle mis en branle par tous les normano-sceptiques qui n'ont rien à dire sur la Normandie ou sur un projet normand !
Ce manque de clarté et des prises de position variées sur ce point essentiel de la part des élus régionaux socialistes, l'embarras de Nicolas Mayer-Rossignol qui botte en touche sur la question de la "capitale" en expliquant qu'il faudrait peut-être enfin parler du projet normand (ce en quoi il n'a pas tort...) alimentent l'incertitude, l'inquiétude et les rumeurs les plus défaitistes, notamment là et chez qui il devrait y avoir le plus de volonté et d'enthousiasme pour l'unité normande !
Les personnels territoriaux des deux conseils régionaux normands appelés à n'en faire qu'un dans un peu plus de six mois à peine sont au plus mal...
- Nous avions déjà été alertés, de source syndicale, que la préparation de la fusion en interne se faisait dans de mauvaises conditions au regard des ressources humaines (opacité, arbitraire, pressions... pilotage beaucoup trop hiérarchique et cloisonné)
- Que les personnels régionaux Haut-Normands, quoique mieux payés que leurs collègue de la Basse, souhaiteraient que soit généralisée la gouvernance bas-normande en matière de ressources humaine ou d'organisation du travail...
- Que les deux Directeurs Généraux des Services concernés (un homme au CRBN, une femme au CRHN) n'arrivent pas à travailler correctement ensemble (ils ne se parlent pas...)
- Qu'il a été un temps refusé aux personnels du CRBN d'avoir leurs salaires alignés sur ceux de leurs collègues Haut-Normands selon le principe de l'harmonisation par le haut ou de la généralisation de la pratique la plus favorable: au nom de la maîtrise des finances publiques le premier vice-président du CRBN Jean-Karl Deschamps s'y opposait il y a encore peu. Mais finalement, la hausse des salaires a été accordée et votée par une large majorité des élus du CRBN (y compris la minorité de droite qui s'est abstenue...)
- Mais surtout, et c'est le point le plus grave, c'est qu'il y a une inquiétude profonde dans les longs couloirs de l'abbaye aux Dames caennaise qui bruissent de rumeurs défaitistes sur le thème battu et rebattu pour tous les clochemerleux abonnés à Ouest-France: Toutarouen ! Toutarouen ! par Toutatis! Et le ciel de tomber sur la tête des personnels lorsqu'ils apprennent via leurs responsables syndicaux qu'un député socialiste bas-normand bien connu leur fait savoir que tout est plié ... Toutarouen !
Alors de deux choses l'une:
1) soit nous sommes tous dans l'improvisation face à une irréductible nouveauté qu'il faut bricoler dans l'urgence (réaliser l'unité normande en mettant en oeuvre une "capitale bicéphale" pour animer un fédéralisme urbain assurant l'équilibre des territoires)
2) soit Laurent Fabius nous prend tous pour des imbéciles, en ayant déjà anticipé la défaite du candidat socialiste en décembre prochain et en tentant d'obtenir le maximum pour Rouen (faute d'avoir perdu depuis les élections municipales le relai fabiusien caennais) quitte à opposer le futur chef-lieu rouennais au reste d'une région normande totalement passée à droite ou presque: autant tuer le projet d'unité normande dans l'oeuf... Kinder !
Néanmoins, quelle que soit la majorité régionale normande qui sera désignée en décembre prochain, les Fabiusiens rouennais devront passer sous les fourches caudines de l'amendement Tourret qui exige l'accord d'une majorité des 3/5ème pour que l'exécutif régional soit dans la ville choisie par l'Etat pour être le chef-lieu: autrement dit, il faudrait 60 conseillers normands sur 102 pour Toutarouen... Autant dire, mission impossible! quelle que soit la couleur politique de la future majorité régionale !
En conséquence: il ne faudrait pas que les premières élections générales normandes dans l'histoire séculaire de notre région qui doivent être consacrées à l'examen des diverses propositions pour un projet normand authentique ne soient qu'un affrontement entre Fabiusiens rouennais crépusculaires et clochemerleux normano-sceptiques de droite... avec un Nicolas Bay du Front National qui va compter les points !