Nicolas MAYER ROSSIGNOL: la profession de foi normande!

9 novembre 2015

Le tropisme picard fabiusien ou post-levernien semble oublié...

Tel un Saül de Tarse tombé de son cheval sur la route de Damas, Nicolas Mayer Rossignol a, depuis sa visite des plages du Débarquement lors du 70ème anniversaire du 6 juin 1944, le discours enthousiaste des néophytes qui viennent de se convertir: nous n'avons pas le droit de juger ici de la sincérité ou de l'authenticité de la nouvelle foi normande de l'intéressé. Avouons néanmoins que Nicolas Mayer-Rossignol a l'intelligence de bien parler de la Normandie à l'occasion du grand jeu des régionales proposé aux têtes de listes par le quotidien Paris-Normandie

Régionales, le grand jeu : Nicolas Mayer-Rossignol (PS/Parti radical de gauche)

Politique. Ils briguent une présidence historique, celle de la première grande région normande. Jusqu’au premier tour, le 6 décembre, gros plan décalé des têtes de listes aux élections régionales. Nous les invitons à participer à notre grand jeu dont une partie est ici dévoilée. Aujourd’hui, Nicolas Mayer-Rossignol, pour les socialistes et radicaux.

Régionales, le grand jeu : Nicolas Mayer-Rossignol (PS/Parti radical de gauche)

La modernité ? Un rendez-vous simple, comme improvisé. Au fond de la brasserie « L’Armada », au pied du Pont de Normandie, leur table est à peine à quelques dizaines de centimètres de celle où l’actuel président de la région Haute-Normandie se livre à son tour à notre « Grand jeu des Régionales ». Entre deux frites et une vague salade nordique, le couple de retraités de Loire-Atlantique assiste, visiblement intéressé, au vibrant plaidoyer de la tête de liste des socialistes et radicaux aux élections des 6 et 13 décembre. « Oui, il y a du travail pour réunir les Normands. Et il y en aura encore demain!» lance, volontaire, Nicolas Mayer-Rossignol, malgré une nuit courte. Le ton est juste, franc, sauf que, comme chez la très grande majorité des socialistes haut-normands, les vertus de la fusion normande ont été révélées sur le tard, après avoir longtemps cru qu’elle ne se ferait jamais. Concédées à contrecœur, devant la détermination présidentielle.

Au détour de ses réponses, le « plus jeune candidat de notre formation politique en France» dessine une carte de la Normandie, au-delà des «images d’Épinal», soucieux de mettre en valeur et de faire prospérer ses potentialités économiques. Interrogé sur son « projet le plus fou », l’ancien militant d’Attac rêve « d’un monde où le chômage serait rare, la maladie vaincue, où la tolérance serait en chacun de nous. Il faut assumer une part d’utopie».

«On a besoin de renouvellement profond»

Mais le socialiste, élu depuis 2010, est bien de cette gauche qui « a choisi d’être en capacité d’agir, de mettre en œuvre une partie de ses ambitions». Et qui, régionalement, veut croire encore en sa capacité à garder le fief de la Fabiusie dans le giron socialiste malgré une dernière série de revers électoraux cinglants. Héritier pourtant d’un Alain Le Vern qui a trôné pendant quinze ans à la Région (1998-2013), Nicolas Mayer-Rossignol veut incarner le renouveau. Par sa personnalité, sa jeunesse, son parcours. « On a besoin de renouvellement profond. Les élus hors sol, c’est fini. Dans ma façon de dialoguer, de façon informelle, je veux être plus accessible. C’est aussi parler anglais, être réactif sur les réseaux sociaux », répète inlassablement l’ancien expert scientifique dans le privé qui a fait tout de même de la politique son activité principale depuis sept ans (lire ci-dessous). Élu à la tête de la région normande demain, il se voit « président stratège et au milieu de la mêlée». Mais avant cela, il faut livrer le combat. Rude et harassant. Soucieux de « faire campagne différemment » autour d’une équipe raillant volontiers les méthodes « à l’ancienne » de son adversaire de droite Hervé Morin, Nicolas Mayer-Rossignol est fier de sa série quotidienne de vidéos de soutien. « Cela fait du bien de faire vivre la politique à travers la société civile, qu’elle s’implique elle aussi».

Au moment où le couple de Loire-Atlantique se lève de table, Nicolas Mayer-Rossignol sort sa carte de visite. «Si vous repassez en Normandie, n’hésitez pas! » Un truc de politique. À l’ancienne ?

Thierry Delacourt

Côté perso

D’abord une correction. Non, contrairement à sa fiche sur Wikipédia, Nicolas Mayer-Rossignol, 38 ans, n’est pas né à Bamako mais à Bordeaux où sa mère a accouché avant de retourner au Mali où elle a enseigné pendant plusieurs années l’économie aux côtés de son mari, lui-même professeur. C’est ce dernier, originaire de Normandie, qui lui fait découvrir la région quand il l’accueille, séparé de son épouse qui est restée vivre à Talence, près de Bordeaux. Un père dont il ne veut plus entendre parler aujourd’hui. Carburant « au travail et à la musique », le père de Lou, 7ans, et d’Ella (hommage à Ella Fitzgerald), 10 ans, insiste pour préciser que son aînée vient d’entrer en sixième dans « un collège public classé REP (Réseau d’éducation prioritaire) » à Canteleu. Le conseiller municipal n’habite plus à Rouen. Il partage (inégalement) son temps entre le Conseil régional et la maison familiale à Saint-Martin-de-Boscherville. Agrégé de sciences de la vie et de la Terre, ingénieur des corps des mines, le biologiste est passé par le privé, a travaillé trois ans pour la Commision européenne à Bruxelles avant de rencontrer Laurent Fabius en 2008. Il le suit alors à l’Agglomération rouennaise puis au Quai d’Orsay. Et devient le 14 octobre 2013 le benjamin des présidents de région, coopté par Alain Le Vern. Gaucher, le tennisman amateur (classé 15) déteste « perdre du temps. Je n’aime pas dormir ». Son image de « gendre idéal» l’agace-t-il ? «Demandez à ma belle-mère! »