Il n'y a pas de Molenbeek normand!
Puisqu'on vous le dit! La radicalisation islamiste dans le djihadisme est un processus très complexe et très individuel. On pourrait en faire même un sous-produit de la mondialisation libérale générée par l'Occident, son désenchantement, son consumérisme, son individualisme. Mais c'est forcément plus complexe que cela.
C'est la question lancinante de l'âme et plus particulièrement celle d'un jeune homme ou d'une jeune fille qui faute de pouvoir trouver un sens à sa vie, finit par trouver un sens à sa ... mort.
On évitera donc les généralisations: il n'y a pas de Molenbeek en Normandie.
Puisqu'on vous le dit... D'ailleurs, y a-t-il vraiment un Molenbeek à Molenbeek où les jeunes se sentent belges? Et à Hérouville Saint Clair? (Calvados) : certes, quelques uns ont préféré l'aventure du djihad syrien plutôt que d'expérimenter la fierté d'être normand ou tout autre forme d'engagement collectif (et les belles et nobles causes ne manquent pas... tout comme les associations qui les portent).
Mais on évitera les généralisations: Romain Letellier du Calvados ou Maxime Hauchard du Roumois ont des blazes bien de chez nous et n'ont jamais fait partie du réseau "rifain" évoqué notamment par le spécialiste reconnu de l'islamisme radical Gilles Képel, du nom des habitants de la montagne du Rif au Nord du Maroc qui ont massivement émigré depuis les années 1960/1970 vers nos usines et nos banlieues françaises ou belges...
Le radicalisme politique et religieux fait donc son grand retour au XXIe siècle en Europe: cela ne s'était plus vu depuis le XVIIe siècle et la fin des Guerres de Religion. Le XXIe siècle qui devait être religieux ou rien du tout (cf. la célèbre citation attribuée à Malraux) nous impose donc une nouvelle surprise historique: le retour du "théologico-politique" non pas dans le Christianisme mais par l'Islam. Non pas chez de vieux barbons mais par la jeunesse.
La question de la transmission de valeurs transcendantes des adultes vers les plus jeunes, question laissée à l'abandon pendant des décennies en Europe occidentale en raison d'un certain "gauchisme culturel" dominant dans les élites (lire là dessus: Michel Onfray, Jean-Pierre Legoff ou Marcel Gauchet) nous est désormais cruellement posée: il est urgent de ne pas laisser le monopole de la gestion des conséquences macabres du terrorisme djihadiste aux tenanciers de la boutique familiale Le Pen.
Ici, nous pensons, modestement mais avec conviction, qu'il faut essayer les solutions normandes... Mais on évitera les généralisations!