Mémoire de fille: un nouvel exercice de lucidité normande proposé par Annie ERNAUX

8 avril 2016

Annie ERNAUX, certainement l'un de nos plus grands écrivains encore vivants (on peut dire aussi écrivaine...) nous livre ses derniers secrets ou plutôt ces dernières vérités relevées au sol et au droit de la réalité sociale vécue dans la Normandie des années 1960: on retrouvera chez Annie Ernaux la lucidité normande chère à Gustave Flaubert à Maupassant ou à Senghor, mais dans un registre plus brutal!

D'Annie Ernaux, que nous aimons beaucoup, nous avions dit qu'elle avait inventé le couteau de cuisine littéraire à "dépiauter" cette méchante bête que l'on nomme la réalité sociale, alors que d'autres amusent faussement la galerie "germanopratine" en réinventant sans cesse jusqu'à la nausée le fil à couper le beurre de la colère sociale (ou sociétale... on ne sait plus et c'est bien là le problème! On pensera notamment au pseudo-Edouard Louis qui dégueule sur sa famille et le village picard de ses ennuis d'enfance pour se fabriquer une légende de mauvais garçon à la Jean Genêt).

Annie ERNAUX, la normande franche du collier, ne nous racontera jamais de salades: elle dit la vérité, sa vérité fut-elle terrible pour elle et fait entrer la littérature dans la réalité sociale.

Ecoutez sous le lien suivant l'entretien avec Annie Ernaux diffusé le 4 avril 2016 sur France Culture:

http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/annie-ernaux-et-la-fille-de-58#

La Grande table reçoit l'écrivaine Annie Ernaux, qui a fait de ses souvenirs la matière première de ses écrits. Dans son dernier roman, "Mémoire de fille" (Gallimard) l'auteure se confronte à l'été de ses 18 ans, lors duquel la jeune fille perd brutalement sa virginité.

Dans son dernier ouvrage, l’écrivaine Annie Ernaux se penche sur un nouvel épisode de sa vie, longtemps évité et longtemps tu, survenu lors de l’été 1958. Monitrice dans une colonie de vacances, c’est la première fois que la jeune fille de 18 ans se trouve loin de ses parents. Elle perd sa virginité avec le « moniteur-chef », désigné tout au long du récit par la seule lettre « H. ». Celui-ci la rejette brutalement, et celle qui se prénomme alors encore Annie Duchesne devient la risée de la colonie. L’auteure de La Place, livre dans lequel elle dressait le portrait de son père et pour lequel elle a obtenu le prix Renaudot en 1984, et de L’Evènement, qui traitait du douloureux épisode de son avortement, explore de nouveau le sentiment de la honte et le genre de l’autobiographie.

« On fuit toujours certains livres. (...) J'en étais arrivée à me dire que peut-être je pourrais mourir sans l'avoir écrit. Cette perspective là, c'était une défaite. » Annie Ernaux

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