TRAINS INTERCITES: La prudence d'Hervé MORIN
On dirait un conte de Maupassant!
Foire de Lessay (Manche): bien observer avant d'acheter quoique ce soit! Et ça fait plusieurs siècles que ça dure...
Un brave paysan normand en gapette et bien madré vient de flairer la bonne affaire... mais craint de conclure de peur de trouver plus madré que lui!
Alors il prend son temps, avec cette maîtrise du temps si particulière qui fait croire à ceux qui s'en agaçent qu'il s'agit d'indécision, (la fameuse formule: "ptêt ben qu'oui, ptêt ben qu'non") car il faut bien peser le pour et le contre et "laisser venir" pour prendre, in fine, une décision définitive... à froid!
Mais la question de fond demeure toujours, inquiétant secrètement tout Normand qui vient de conclure une affaire: "me suis-je fait rouler?" Car celui qui triche avec la réalité se fait toujours avoir et la sanction est parfois cruelle, ainsi pourra-t-on formuler la morale invariable de tous les contes normands de Maupassant.
On aura donc en tête cette vérité alors que Morin doit négocier avec Pépy ou, plutôt, les grands chefs de Monsieur Pépy... (Attention aux pépins!)
Ferroviaire. Hervé Morin rencontrait à nouveau le ministre des transports hier après-midi. Le président de Région se montre confiant quant à la prise de gouvernance par la collectivité.
A l’instar des TER, la Région Normandie veut prendre la main sur les trains intercités (photo archives)
«Dès que j’aurai raccroché, j’appelle aussitôt la directrice de cabinet de Manuel Valls pour prendre rendez-vous.» Et cette fois-ci, pour une troisième entrevue avec le Premier ministre au sujet de la question ferroviaire normande, « il s’agira de conclure», affirme Hervé Morin, joint hier après-midi par Paris-Normandie à l’issue d’un nouvel entretien avec le secrétaire d’État en charge des Transports Alain Vidalies.
Si cette rencontre a conforté l’optimisme du président de Région quant à la capacité de l’État d’accompagner la Normandie dans son souhait de gouvernance des trains Intercités, ce dernier vise désormais l’accord ferme et définitif de Matignon. Accord qui scellerait pour de bon le passage des TET (Trains d’équilibre du territoire, autre nom des Intercités) reliant la Normandie à Paris dans le giron de la collectivité régionale, en contrepartie de l’achat, par l’État, de matériel neuf sur les lignes Paris-Rouen-LeHavre et Paris-Caen-Cherbourg. Si le principe en avait déjà été acté en février dernier, lors d’une précédente rencontre avec Alain Vidalies, l’engagement financier de l’État fait encore l’objet de discussions, alors que les deux parties misaient à l’origine sur un accord signé au 31 mars.
Morin veut connaître «l’état réel des comptes de la SNCF»
Il y a encore trois semaines, la Région Normandie chiffrait à 750 millions d’euros l’achat nécessaire de trains neufs pour les deux lignes précédemment citées. Aujourd’hui, sur cette question, « l’Etat progresse», commente simplement Hervé Morin, qui se refuse à divulguer ni commenter le moindre chiffre. « Au départ, nous étions assez loin du montant envisagé, mais on s’en approche...» Même prudence lorsqu’il s’agit de situer sur le calendrier une probable date de prise de gouvernance de la Région. « Nous avons besoin de temps », affirme son président, qui souligne plusieurs points à affiner désormais : la prise en compte d’un certain nombre de facteurs techniques, le développement du dialogue avec la région Île-de-France présidée par Valérie Pécresse (Les Républicains)... Mais aussi « l’appréhension réelle de l’état des comptes de la SNCF», tacle Hervé Morin à l’égard de la société. Car « aujourd’hui c’est pour le moins obscur: nous voulons disposer des comptes ouverts, précisément ligne par ligne».
Les lignes Intercités normandes (auxquelles il faut ajouter Paris-Serquigny, Caen-LeMans-Tours, ou encore Paris-Granville) affichent toutes des trafics en baisse. Leurs déficits cumulés sont estimés à 27 millions d’euros par an.
T. D.
t.dubois@presse-normande.com
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