RESTAURER LA SOUVERAINETE DE LA NORMANDIE
- C'est la conséquence de plus de 60 années de division administrative pour reconstruire une Normandie en ruines à la Libération.
- L'absence d'une véritable expérience de métropolisation régionale en Normandie dans les années 1970/1990.
- La conséquence de la volonté de l'Etat central jacobin, dans les années 1960, d'effacer de la carte l'ancienne seconde ville du royaume au profit de l'extension tentaculaire jusqu'à la mer de la mégalopole parisienne.
- Le résultat d'un certain manque d'ambition, d'un certain manque de vision puisque le pouvoir parisien n'était pas loin et parce qu'il fallait gérer la grande crise de désindustrialisation des années 1980 sur fond de hausse du chômage, d'atonie démographique et de la fuite des jeunes les plus talentueux.
On résumera tout ceci d'un mot: le déclin, préludant la mort... par l'abandon de toute souveraineté ou pis, de toute volonté d'en vouloir une au moment où l'Etat central jacobin organisateur, administrateur et protecteur décide de ne plus organiser, administrer ou protéger grand chose...
- Rouen, métropole en titre depuis 2014 n'en est pas vraiment une: c'est une ancienne grande ville qui a perdu sa couronne dans la région parisienne. L'ancienne seconde ville de France au début du règne de Louis XIV a failli devenir, à la fin des années 1960, une seconde "Mantes la Jolie" noyée dans un ruban de villes nouvelles: l'hypothèque mantoise n'est, d'ailleurs, toujours pas levée...
- Caen, à défaut de pouvoir devenir à l'orée des années 1970 "la Grenoble de l'Ouest", joua modestement le rôle d'une capitale administrative régionale dans le cadre étriquée de la demi-région bas-normande: l'académie de Caen fut l'académie la plus démembrée de France depuis plus de 40 ans...
- Le Havre, port international entièrement détruit en 1944 et reconstruit dans la nationalisation étatique d'Après Guerre a été piloté depuis les aréopages de la fonction publique parisienne avec le succès que l'on sait: les réformes récentes et la mise en réseau réalisée avec les ports de Rouen et de Gennevilliers laissent cependant espérer que l'on puisse retrouver l'autonomie locale de gestion indispensable: 70 ans après 1944, le port du Havre en tant qu'outil technique a été remarquablement rétabli par les ingénieurs de l'Etat. Mais la "place portuaire" havraise pour les services spécialisés de l'économie maritime n'a pas été réellement rétablie, ainsi la bourse internationale du café du Havre n'a pas été réouverte après la guerre...
C'est ainsi que l'on s'est hélas habitué à constater à partir des années 2000, que les "deux Normandie" (sic!) se traînaient aux dernières places des classements nationaux dans le niveau de la recherche scientifique et technologique, dans le niveau d'encadrement des entreprises avec le record national pour le nombre d'entreprises dépendantes d'une direction située à l'extérieur du territoire régional ou encore dans le niveau de présence des emplois métropolitains supérieurs dits "emplois de commandement" avec pour conséquence, une médiocrité des salaires, une médiocrité des ambitions (à Paris, on parle de "provincialisme") et la fuite des jeunes talents.
Et surtout, le déménagement au profit de Paris, Lille, Rennes ou Nantes de tout ce que la Normandie pouvait encore compter de directions publiques ou privées, mouvement qui semble hélas se poursuivre malgré le sursaut normand actuellement en cours depuis la réunification décidée par le président de la République la veille de commémorer le 70ème anniversaire du débarquement le 6 juin 2014.
La Normandie est donc rétablie dans son unité de commandement politique et administratif: mieux vaut tard que jamais!
Mais c'est une Normandie découronnée hélas qui recouvre son unité. Tout l'enjeu consiste désormais, à partir d'une stratégie d'intelligence territoriale lucide et totalement assumée, à reconstruire un minimum de souveraineté décisionnelle en Normandie, par les Normands et pour les Normands!
Cela passe par l'auto-organisation coopérative, associative ou entrepreneuriale d'une société civile régionale normande qui a appris à se débrouiller seule pour prendre des initiatives pendant ces longues années de déclin, au risque d'une certaine forme de replis localiste et d'une certaine méfiance entre les acteurs et décideurs dans l'espace normand. Cela passe aussi et surtout par le réveil des ambitions des grands décideurs institutionnels encore présents en Normandie, à commencer par les grandes collectivités territoriales (les trois grandes agglomérations urbaines normandes et leurs élus) si le tout nouveau Conseil Régional de Normandie s'engage dans une politique publique totalement maîtrisée dans le but de stimuler la renaissance d'une ambition normande en organisant le portage concret des projets normands.
C'est ainsi qu'il faut comprendre l'enjeu stratégique de la création de l'Agence de Développement de Normandie voulue par Hervé Morin comme une unité de commandement très réactive ayant son siège décisionnel à Caen tout en ayant une présence à Rouen (incubateur régional) dans le but d'en finir avec une complexe et inefficace dispersion des outils pour mettre des moyens humains, techniques et financiers puissants au service des entreprises normandes, notamment dans les domaines sensibles de la sécurité financière, administrative et juridique des entreprises normandes.
Alors disons clairement les choses: l'ADN de Monsieur Morin se présente d'ores et déjà comme une redoutable machine de guerre technique et financière qui sera à 100% au service des entreprises normandes. Et l'affaire se présente plutôt bien car, un signe ne trompe pas: l'ADN agace messieurs les ... banquiers à cause de la concurrence qu'elle s'apprête à leur faire!
Pourquoi?
Parce que l'ADN fait déjà un tabac auprès des fonds d'investissements nationaux et étrangers au point de troubler la somnolence des banques ayant l'habitude d'opérer en Normandie, ce "Ploukistan financier" à l'Ouest de Paris qui, à la notable exception de la Caisse d'Epargne et du Crédit Agricole, ne mériterait pas qu'on y prête une attention particulière puisqu'à la suite du Crédit Lyonnais gérant sa Normandie ou la BNP gérant sa Basse Normandie depuis Nantes, la Société Générale vient d'annoncer la fermeture de ses deux sièges normands (Caen et Rouen) en supprimant une centaine d'emplois normands!
http://normandie.canalblog.com/archives/2015/03/25/31774400.html#c69661522
http://www.ouest-france.fr/normandie/calvados/societe-generale-caen-115-emplois-menaces-4088811
Les directions bancaires désertent la Normandie?
Tant pis pour les banques concernées qui vont mettre des dizaines de salariés normands au chômage: honte à elles!
Car, pour lors, d'ADN n'a pas besoin des banquiers pour se financer:
Avec la reprise des trains intercités des mains d'un Etat ne savant plus quoi en faire, l'Agence de développement de Normandie permettant la restauration de la souveraineté financière de la Normandie au moindre coût et dans les meilleurs délais est l'autre grand pari visionnaire (et donc risqué) de Monsieur Morin. Et pour l'instant, ça marche...
Il manquerait plus que l'Agence de Développement de Normandie commence à intéresser de près le célèbre fonds d'investissement souverain de l'Etat de Norvège qui avec près de 400 milliards d'euros de fonds propres est le fonds d'investissement le plus puissant du monde!
Ce serait là, la preuve que la Normandie est vraiment de retour faisant ainsi comprendre à certains banquiers ayant perdu le sens complet de leur métier qu'il ne fallait pas déserter la place bancaire rouennaise ou caennaise... Et les plus lucides reviendront car il se passe à nouveau quelque chose en Normandie!
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