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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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23 janvier 2017

ROUEN, 26 janvier 2017 librairie l'ARMITIERE à 18h00: DEBAT PUBLIC sur l'idée régionale normande

L'Etoile de Normandie et la feuille d'informations Normandie XXL vous signalent que la grande librairie de Rouen l'Armitière organise jeudi 26 janvier 2017 à 18h00 un débat public pour présenter à nos concitoyens rouennais l'idée régionale normande avec la présence de certains des auteurs du livre collectif "La région: de l'identité à la citoyenneté" qui vient de paraître aux éditions Hermann et dont nous vous avions parlé ici lors de la parution de ce livre auquel nous avons d'ailleurs contribué.

Livre Hermann 1

http://normandie.canalblog.com/archives/2016/12/13/34683151.html

Voir, ci-après, l'annonce de cette soirée débat normande et rouennaise diffusée par Normandie XXL:

http://www.normandiexxl.com/article.php?id=1944

tourisme & culture


« La région : de l’identité à la citoyenneté » un livre et un débat le 26 janvier à l’Armitière

Dernière mise à jour 23/01/2017

Culture. Les quinze géographes normands qui se sont engagés dans le combat en faveur de la réunification de la Normandie et ont été les fervents défenseurs de sa construction autour des 3 centres métropolitains que sont Caen, Le Havre et Rouen, publient un ouvrage de synthèse qui reprend les grandes lignes de leur colloque de Cerisy en juin 2015 et en élargissent les perspectives. « La Région, de l’identité à la citoyenneté » un ouvrage de 330 pages, édité chez Hermann. Une rencontre et une séance de dédicaces avec Yves Guermond (coordonnateur de l’ouvrage), Arnaud Brennetot, (Université Rouen) Bruno Lecoquierre, (Université du Havre), Anne Marie Fixot (Université de Caen) est prévue à la librairie l’Armitière* à Rouen à 18h le 26 janvier.

Une approche très globale

L’ouvrage traite des régions sous tous leurs aspects : géographique, historique, sociologique, économique, politique et n’hésite pas parfois à prendre des positions engagées. Tout est passé au crible et la nécessité de ce remaniement sérieusement remise en doute.

Si Martin Vanier constate qu’elle « est une fraction déjà conséquente mais intelligible du monde » Armand Frémont souligne qu’elle est handicapée et que « le conservatisme territorial des notables de la République est toujours bien là, rivé à ses trois repères fondamentaux, l’Etat, le département, la commune ». Y a-t-il un sentiment d’identité locale ? C’est vrai pour certaines régions mais en Normandie il fait preuve d’une calme retenue.  Pour Madeleine Brocard (Université du Havre) et Bruno Lecoquierre « la réforme territoriale ne pouvaient pas être une réforme simple, le gouvernement a renvoyé aux élus des régions qu’il a délimitées, le soin de s’occuper de leur identité… »

Comme on est chez les universitaires on va longuement définir son sujet, « pour exister il faut des limites » mais on va aussi brosser les cheminements historiques de la notion de région et redéfinir la notion d’identité.

Quête de la démocratie

Région en France ne signifie pas nécessairement décentralisation : « Le cadre institutionnel dans lequel la décentralisation (de 1980) s’est déployée n’a ainsi jamais visé à laisser la possibilité aux pouvoirs locaux d’explorer des voies de développement nouvelles ou alternatives » constate Arnaud Brennetot. Il s’agit au contraire de se couler dans le monde de la concurrence et de la mondialisation, et l’auteur de conclure sur ce sujet « Une telle évolution marque l’abandon de l’idéal démocratique de promotion des libertés locales défendue autrefois par la deuxième gauche, souligne le triomphe exclusif d’un nouveau régionalisme néolibéral. »

Notons au passage la position de Jacques Lévy (Polytechnique Lausanne) qui ne voit pas dans la Normandie une unité économique suffisamment forte pour qu’elle soit constituée en région et la rattacherait plutôt au bassin parisien.

Une identité subtile

Philippe Cléris (enseignant) est parti à la quête de l’identité normande qu’il définit comme « subtile et existentielle », si l’écrivain et journaliste Jean Mabire fait de la lucidité normande un orgueil pour soi-même, un courage face au destin : « trouvant des similitudes entre le héros cornélien et le héros des sagas islandaises… » Il ne le suit fort heureusement pas sur les traces du néo paganisme. Paradoxalement c’est peut-être Léopold Senghor qui parlera le mieux de l’identité normande avec la notion de « Normandité » grâce à sa muse et épouse la normande Colette Hubert ! Et si le Normand avait surtout pour racine sa coutume juridique, cette charte aux Normands octroyée en 1315 par le roi de France qui constitue nos racines et Philippe Cléris suggère que, par exemple : «  la clause de rétractation avant tout engagement définitif ait pu se concrétiser par la fameuse formule « ptêt ben qu’oui, ptêt ben qu’non ».

Les grandes manœuvres

L’ouvrage veut aussi apporter des exemples concrets, ainsi François Gay (Université de Rouen) se livre-t-il à un vaste tour d’horizon des tentatives de développement de la Normandie, il distingue une première période des aménagements qui va de l’après-guerre aux années 1975. « Elle est celle des grandes espérances…certains disent des grands illusions… » constate-t-il. La seconde période de 1977-1982 souffre d’un recul de l’idée « planiste » et d’une croissance mal maîtrisée. Pendant la troisième période, l’aménagement s’inscrit dans un cadre législatif nouveau. Nouvelles espérances et la promotion de l’Axe Seine devient un enjeu essentiel.

Regrets de l’auteur : La Normandie, au lieu de peser de tout son poids de région de plus de 3 millions d’habitants en faveur de ce que nous avons appelé la « maritimité » s’est sans doute trop accrochée à son destin « terrien » ou francilien, attendant trop des activités venues de Paris.

Robert Hérin (Université de Caen) se livre à une étude détaillée et illustrée de nombreuses cartes de la répartition des populations et de leur niveau de vie entre métropole et ruralité, des disparités très profondes apparaissent et l’auteur en conclut que : « l’avenir de la Normandie repose en large part sur les solidarités des territoires qu’elle rassemble. Il incombe au Conseil régional et à la métropole d’animer l’ensemble de ces territoires, tout particulièrement ceux hors métropole […..] Des zones plus fragilisées, espaces ruraux, petites villes, quartiers urbains cumulant les problèmes, devront faire l’objet d’une attention particulière »

La difficile quête de la citoyenneté

« L’argumentation de la réforme territoriale de 2015 s’est appuyée sur deux justifications la simplification administrative et l’économie budgétaire…toutes deux sont bien incertaines et il faudra bien du temps pour en vérifier l’exactitude » analyse Yves Guermond

La démocratie ne se met pas spontanément en place et dans les fusions des communautés de communes, les discussions n’ont guère dépassé le cadre des délégués des conseils municipaux, on n’a pas discuté la multiplicité des évolutions possibles des fusions.

Est-il pertinent d’espérer dans ces conditions que des ensembles territoriaux régionaux puissent constituer un cadre favorable d’expression démocratique utile et efficace.

« Pour qu’une véritable démocratie se mette en place il faudrait qu’elle soit ascendante, les nouveaux découpages territoriaux vont-ils y contribuer ? » Les nouveaux cantons ne sont que des « circonscriptions purement électorales », les regroupements de communautés de communes semblent plus prometteurs mais les regroupements ont été faits sur des critères purement quantitatifs et la représentation avec un scrutin à deux niveaux ne favorise pas la compréhension des habitants

« On ne peut pas chercher à bâtir une démocratie nationale ou européenne si on n’a pas pris l’habitude de l’organiser d’abord au niveau local » conclut l’auteur.

Un acte politique dont on peine à trouver le sens

Dominique Gambier (économiste et élu) qui voit la région comme un espace d’action politique met en pièce cette régionalisation faite : « sans qu’on lui ait donné un sens ». La taille des nouvelles régions a été arrêtée sans même qu’on en ait arrêté les compétences et aucune évaluation des compétences n’a été menée et aucun débat public n’a été mené.

Les trois raisons évoquées pour la construction des régions ne tiennent guère la route

L’argument européen se heurte à la multiplicité des situations qui existent en Europe et même en Allemagne, les Länder vont de 700.000 habitants à 13 millions. « La question en France était plutôt celle de la place respective des départements, des intercommunalités, des métropoles ».

La création des régions comme source de réduction des dépenses publiques est d’une parfaite inexactitude et on n’est pas prêt de voir les 10 milliards annoncés d’économies : « car les harmonisations de statut des personnels et des diverses organisations se font nécessairement par le haut. »

La fusion comme réponse au besoin de simplification ne répond pas au véritable problème du « millefeuille territoriale » qui « ne tient pas au nombre des collectivités territoriales mais à l’entremêlement de leurs compétences ».

La fusion fut un acte politique et quant à lui  Dominique Gambier déclare « à la logique de la fusion j’oppose la logique du réseau…. Sortons du big is beautiful ».

Ce sera finalement la tendance retenue par Martin Vanier (Université de Grenoble) pour lequel : « les logiques d’articulation, d’agencement, de liaison l’emporteront sur les logiques de découpage, de regroupement et de fusion.

Il ne s’agit plus de faire grandir les territoires comme c’était le cas au moyen-âge mais de négocier régulièrement des assemblages pertinents et stratégiques. Ce sont les réseaux qui prendront le dessus de la Région.

On l’aura compris à travers cette approche impressionniste pour tenter de donner une idée de la diversité et de la richesse du contenu, cet ouvrage est une bible pour qui veut réfléchir sur le phénomène régional et sa mise en pratique en Normandie.


 Commentaire de Florestan:

Merci à Ginette Bléry pour ce petit compte-rendu général de ce livre qui est très riche des multiples contributions des auteurs invités au colloque du château de Cerisy en juin 2015.

Précision cependant quant à l'identité normande: notre thèse, effectivement, s'appuie sur l'idée d'une identité existentielle qui avait déjà été perçue par Senghor et sa "Normandité". Mais notre hypothèse est d'aller chercher dans le patrimoine juridique normand et ses valeurs libérales (au sens politique du terme) les fondements d'une identité normande non identitiaire, c'est à dire, qui ne soit pas fondée sur une origine ethno-culturelle ou ethno-linguistique précises mais sur une acculturation individuelle et libre aux héritages normands.

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