Une fois de plus, nous évoquons l'affaire du Serqueux-Gisors qui illustre jusqu'à la caricature la panne institutionnelle et démocratique française:
1) Absence totale de la maîtrise d'usage démocratique préalable et préparatoire aux grands projets d'aménagements: autant faire fonctionner un moteur sans... huile ! Cela se termine généralement par une explosion et un gros nuage de fumée malodorante. La démocratie de la maîtrise d'usage reste en France une mascarade dont les ficelles sont tirées par Monsieur le Préfet. Et les élus locaux n'ont pas assez de pouvoirs et de responsabilités pour organiser à l'échelle pertinente la prise de décision dans le cadre d'un vrai débat public local ou régional.
2) Circuit ultra jacobin et centralisé de la prise de décision: les haut-fonctionnaires pilotant des administrations centrales éloignées prennent des décisions qu'ils considèrent comme définitives dès que le dossier quitte leurs bureaux parisiens. Réussir des concours très difficiles et très sélectifs pour intégrer de grandes écoles a pour conséquence facheuse de rendre ces messieurs importants très arrogants et trop sûrs d'eux !
Conséquence: c'est au président de région Normandie, Hervé Morin qu'il incombe de trouver une sortie de crise au blocage institutionnel et politique engendré par le jacobinisme et une décentralisation inachevée !
Lire sur le site de France 3 Normandie qui reprend un article du site Filfax:
Après le maire de Forges-les-Eaux, c'est au tour de ceux de Gournay et Ferrières-en-Bray d'attaquer le projet de modernisation de la ligne de fret ferroviaire Serqueux-Gisors devant le tribunal administratif.
Publié le 13/04/2017 à 11:59
Ces derniers n’ont de cesse de freiner des quatre fers, à coups de recours déposés contre la déclaration d’utilité publique, signée par la préfète de Seine-Maritime en novembre dernier.
Des opposants d'un même bord
Après Michel Lejeune, le maire les Républicains de Forges-les-Eaux, c’est au tour de celui de Gournay-en-Bray, Eric Picard (divers droite), d’attaquer devant le tribunal administratif au côté de son homologue de Ferrières-en-Bray, et ce après une première tentative de recours gracieux formulé en janvier.Mais "la préfète vient de nous répondre fin mars par la négative", informe Eric Picard, ajoutant "que nous avons donc repris le contact avec notre avocat pour regarder les termes du contentieux et ensuite déposer un recours auprès du tribunal administratif".
Un projet important pour la région
Le projet, porté par SNCF Réseaux et annoncé pour 2020, concerne 50 km de voies pour un coût estimé à 295 millions d’euros. Il doit permettre de créer entre Le Havre et Paris un axe fret alternatif à celui, historique, Paris-Rouen-Le Havre, aujourd’hui saturé.Le Port du Havre, la Région et le Département applaudissent des deux mains une réalisation censée favoriser les échanges de marchandises entre l’Ile-de-France et la cité océane.
"Un paysage balafré"
Dans le pays de Bray, on retient surtout les perturbations à venir pour les villes et villages traversés. D’où l’opposition des élus et habitants concernés, qui craignent les nuisances d’un trafic pouvant monter à 25 circulations par jour et qui coupera des territoires en deux avec la suppression de certains passages à niveau."Cette ligne de fret viendrait balafrer le paysage, alors que Gournay et Ferrières sont deux communes qui vivent en lien, telle une agglomération, assène ainsi Eric Picard.
Une solution alternative ?
A l’heure où l’on nous incite à développer les modes de circulation doux avec l’avenue Verte, c’est totalement incompréhensible."L’élu gournaisien se dit "conscient qu’il existe un besoin, exprimé par Le Havre, la Région, le Département, mais cela ne peut se faire au détriment du pays de Bray". Et de poursuivre : "Regardons les autres solutions techniques et géographiques. Les trains pourraient passer par Amiens. Il faut des semaines pour que les conteneurs arrivent de Chine par bateaux et on serait à quelques heures près..."Face à cette fronde grandissante, la Région a accepté d’étudier la réalisation d’un contournement routier de Gournay-en-Bray par le sud. Et maintenant ? Les discussions sur le sujet entre l’exécutif régional et ces élus brayons n’ont pas cessé. Mais cela ne semble pas incliner leur position. A la suite d’une rencontre avec Hervé Morin la semaine dernière, Michel Lejeune, interrogé sur la question, nous répondait "avoir discuté amicalement avec lui. C’est quelqu’un d’intelligent qui comprend ma position. Il ne m’a pas demandé de retirer mon recours. Maintenant, il est lancé".
En janvier, Hervé Morin, exaspéré, lançait tout de même un avertissement à son "ami" : "Je saurai m’en souvenir et Dieu sait que j’aime beaucoup Michel."
Là c'est une fois de plus le nimbysme qui est à l'oeuvre, ces petits rassemblements d'intérêts particuliers n'aboutiront qu'à un résultat : la mort programmée du port du Havre, et ils viendront se joindre aux pleureuses devant le port déserté.
On comprend mieux l'urgence du canal Seine Nord, pour ne pas asphyxier nos entreprises et continuer un réseau européen.
Pas besoin de dire qu'un tunnel sous l'estuaire et la ligne ferroviaire le desservant aurait droit à un blocage encore plus important car il s'agirait d'une création ex nihilo alors que là il s'agit d'une ligne qui existe déjà.
Il faut à la France un état jacobin qui décide et applique sans atermoiements, sinon, on aura droit à une chienlit notredamedeslandesque de plus qui coûtera une fortune pour rester au point mort.