La Normandie sera-t-elle enfin mieux servie depuis MATIGNON?
Au delà de l'enjeu politicien (et donc contestable) de pêcher à droite et à gauche des candidats à la députation sous l'étiquette "République En Marche" avant le 19 mai prochain (date de dépôt des listes officielles des investitures au conseil constitutionnel), l'enjeu de l'arrivée d'Edouard Philippe à Matignon pour la Normandie est la relance des grands projets normands qui sont d'un enjeu national: il s'agit, bien entendu, de l'Axe Seine qui doit être le projet de toute la Normandie et pas seulement celui des grands élus de la vallée de la Seine avec le risque à terme d'un pilotage parisien alors qu'il devrait être normand.
C'est le vrai enjeu et notamment pour Hervé Morin qui n'a pas vu venir ou su voir venir un Edouard Philippe faute d'avoir misé sur le bon cheval dès la première course. Sauf qu'il faut entendre l'analyse critique d'Hervé Morin: la manoeuvre politique d'Emmanuel Macron manque de légitimité s'il ne s'agit que d'un débauchage pour bâtir "un parti présidentiel à sa main".
La tentation, cependant, pourrait être grande pour Hervé Morin de s'appuyer sur les élus de la droite normande qui refuse les séductions du macronisme au risque de réveiller le clivage entre l'ex Basse et l'ex Haute Normandie alors qu'il faudrait faire l'inverse: coopérer au sommet avec le maire du Havre devenu Premier Ministre pour obtenir, par exemple, la normandisation de l'Axe Seine (fusion portuaire Rouen- Le Havre placée sous pilotage régional) au lieu de jouer une partie compliquée avec Valérie Pécresse, la présidente d'une région parisienne trop occupée avec elle-même pour avoir le temps et l'envie de s'intéresser à la Normandie.
La stratégie du fait accompli sur le dossier ferroviaire avait très bien fonctionné avec un certain Manuel Valls. Pourquoi ne pas faire la même chose sur le dossier portuaire avec un certain Edouard Philippe?
On peut raisonnablement espérer comme le fait Alexis Léger que la Normandie soit, enfin, mieux servie depuis Matignon. Sachant qu'il faudrait surtout qu'elle soit mieux servie depuis la Normandie même car on ne serait jamais si bien servi que par soi-même, dans le cas où le Premier Ministre n'était plus le maire du Havre au lendemain du 18 juin 2017, date du second tour des élections législatives...
- Jean-Luc Léger, président du Ceser de Normandie. | Archives Ouest-France
Le futur gouvernement doit donner une large place à la société civile. Le Ceser, le conseil économique social et environnemental régional, adresse une lettre ouverte au nouveau Premier ministre pour défendre le développement de la vallée de la Seine.
« En tant que Premier ministre, vous n’êtes plus le défenseur d’un territoire, ni d’une région, mais de toute une nation », reconnaît Jean-Luc Léger. Mais le président du Ceser, le conseil économique social et environnemental régional de Normandie, espère beaucoup de la nomination à Matignon d’Édouard Philippe pour la Normandie.
Dans une lettre ouverte qu’il lui adresse ce mardi 16 mai 2017, Jean-Luc Léger plaide pour un sujet que le nouveau Premier ministre, maire du Havre, connaît bien : le développement de la vallée de la Seine.
« Il s’agit bien là d’une ambition nationale, car la France a besoin d’une véritable politique maritime et portuaire », plaide le président du Ceser à un interlocuteur forcément convaincu.
« Nous souhaitons qu’un politique, ayant une notoriété et par conséquent une autorité suffisante, puisse conduire la politique de l’État et les relations avec les régions d’Ile-de-France et de Normandie pour le développement de la vallée de la Seine. Nous souhaitons également que l’État assume son rôle d’arbitre sur la mise en œuvre d’un certain nombre de grands projets (LNPN, desserte multimodale des ports…) et qu’il facilite les procédures de mise en œuvre de ces dossiers. »
Pour connaître le communiqué de presse du président du CESER Normandie:
VOIR AUSSI:
Pascal FERRAND, un Breton du Finistère établi dans le Rouergue, nommé ministre de la "cohésion territoriale" (sic!):
On doit plutôt parler de fracture territoriale que de cohésion territoriale si l'on regarde la réalité de la géographie humaine française avec ses conséquences politiques et un oxymore ne saurait servir de solution: supprimer 25% des départements pour les fusionner avec une métropole ne semble pas être la solution à laquelle on penserait d'emblée s'il s'agit réellement de résorber la fameuse fracture territoriale diagnostiquée par le géographe Christophe Guilluy et qui alimente la colère populiste dans les urnes.
Et l'économie maritime? Oubliée?
La feuille d'informations Normandie XXL se fait l'écho de la déception de Frédéric Moncany de Saint Aignan, président du cluster maritime:
http://www.normandiexxl.com/article.php?id=2209
Frédéric Moncany après s’être réjoui de l’arrivée d’Emmanuel Macron dit sa déception : « Où est la mer et son économie ?
« Pour les acteurs de l’économie maritime, le moins que l’on puisse dire est que le premier sentiment qui domine est la déception. Malgré des personnalités dont la fibre maritime est incontestable au sein de ce gouvernement, au premier rang desquelles le Premier Ministre ou encore Jean-Yves Le Drian et Annick Girardin, il est difficile de déchiffrer les intentions de l’exécutif en ce qui concerne l’économie bleue dont nous savons qu’elle constitue le levier de croissance de notre pays : « la Mer est l’avenir de la France ». … La Mer infuse tous les secteurs de l’économie française... À ce titre, une inter-ministérialité forte, portée par une personnalité maritime de 1er plan, garante de l’équilibre entre protection de l’environnement et développement économique, est indispensable pour atteindre les objectifs qui ont été fixés par le Comité France Maritime : doubler l’économie maritime française en 2030 avec plus d’un million d’emplois à la clef. »