CANAL SEINE NORD: La communauté portuaire de Rouen s'est déjà vendue pour un plat de céréales depuis... 2012!
Le grand port maritime de ROUEN reste le premier port exportateur de céréales d'Europe. Une bourse des céréales s'y trouve d'ailleurs toujours. Mais pour combien de temps?
http://www.rfi.fr/emission/20140418-rouen-cereales-port-modernise-panamax
Car le grand port maritime de Dunkerque qui a investi récemment dans des silos à grains tous neufs, a bien l'intention d'étendre son hinterland vers les plaines céréalières de la Champagne ou de la Picardie dont les céréales rejoignent, pour l'instant par la route, les grains beaucerons dans les grands silos du port normand: l'ouverture du Canal Seine Nord Europe mettrait ces grandes aires de production céréalière en communication quasi directe avec le grand large au moyen de plate-formes multimodales à créer sur le parcours du futur canal avec le port de Dunkerque à un bout, voire celui d'Anvers plus au Nord encore. Et, à l'autre bout, au Sud-Ouest, le port de Rouen.
Il semble, a priori, opportun que la communauté portuaire rouennaise s'intéresse à l'idée d'élargir l'hinterland du port normand sur sa rive droite en captant encore mieux les marchés picard et champenois grâce au futur canal Seine Nord Europe: et c'est ainsi qu'on apprend que dès 2012, les opérateurs du marché des céréales présents sur le port de Rouen se sont unis au sein d'une union pour le canal Seine Nord dans la perspective d'investir dans les équipements nécessaires à l'acheminement des grains vers le port de Rouen ou de... Dunkerque via le futur canal.
Pour mémoire:
Création de l’Union Canal Seine Nord
Agroalimentaire news 17 avril 2012
Les coopératives agricoles s’unissent pour programmer une plateforme multimodale dédiée aux céréales, à l’agrofourniture et aux pondéreux, sur le canal Seine-Nord Europe à Languevoisin.
Associées à SENALIA, leur union portuaire à Rouen et Lillebonne, les coopératives NORIAP, AGORA, SANA TERRA, CAPSOM, CERENA, ACOLYANCE, CAPSEINE et bientôt VIVESCIA, leaders dans le métier des céréales et de l’agrofourniture en Picardie, Champagne-Ardenne et Haute Normandie, où elles collectent plus de 9 millions de tonnes de céréales, ainsi que l’union nationale IN VIVO, ont créé en janvier 2012 UNION CANAL SEINE NORD, afin d’étudier la réalisation d’une plateforme multimodale sur le futur tracé du grand canal SEINE-NORD EUROPE.
Cette plateforme sera dédiée au stockage et à la manutention des céréales et de tous produits et coproduits agricoles ou agroalimentaires, des engrais et amendements et d’autres pondéreux. Le choix s’est porté sur le site de Languevoisin à quelques kilomètres de Nesle en raison de plusieurs atouts.
_ Equidistance fluviale entre Rouen et Anvers
_ Situation au cœur d’un bassin agricole majeur, dont la qualité des céréales est reconnue
_ Existence d’un silo de 100 000 tonnes, très actif sur l’actuel canal du Nord
_ Voie ferrée fret Le Havre-Dijon
_ Immédiate proximité de l’amidonnerie de blé de Nesle.
Améliorer la compétitivité, et diminuer l’empreinte carbone de la logistique constitue un enjeu majeur d’avenir pour les coopératives agricoles. La massification entrainée par le grand gabarit fluvial permettra une diminution des coûts et un report modal sur la voie d’eau qui seront déterminants en regard de ces objectifs. La plateforme de Languevoisin, d’abord prévue pour les céréales et les engrais, aura vocation à travailler d’autres pondéreux, comme des coproduits d’industrie agroalimentaire, des granulats ou de la biomasse, dans le cadre éventuel de filiales à développer avec les acteurs de ces métiers. L’Union Canal Seine Nord est animée par un conseil de surveillance, présidé par Jacques de Villeneuve, Président Délégué de NORIAP, et un directoire présidé par Laurent Martel, Directeur Général de SENALIA.
Elle mènera dans un premier temps, en lien avec les pouvoirs publics français et européens, les collectivités territoriales, VNF, RFF, les institutions économiques et les entreprises intéressées, toutes les études de faisabilité techniques, économiques et financières, afin de préfigurer le projet lui-même, ainsi que son activité et ses partenaires futurs.
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Sauf qu'il est à craindre que les professionnels rouennais ne se soient un peu trop rapidement vendus pour un plat de céréales picardes ou champenoises: outre le fait que nous sommes en 2017 et que nous attendons toujours le premier coup de pioche lançant les travaux de ce fameux canal Seine Nord, il est à craindre que le port de Rouen soit définitivement concurrencé par ceux du Nord, à commencer par celui de Dunkerque si les travaux urgents de mise à niveau des infrastructures nécessaires à la navigation fluviale sur la Seine entre le port de Gennevilliers et celui de Rouen n'étaient pas réalisés avant l'ouverture du futur canal, si le désenclavement routier et ferroviaire de la place portuaire rouennaise n'était toujours pas effectué après plus de quarante années de vaines palabres politiques, ou si la fameuse "route du blé" (qu'elle soit routière au mieux: ferroviaire) n'était toujours pas ouverte entre Rouen et Orléans.
Pour mémoire, nous avons déjà largement évoqué le sujet sur l'Etoile de Normandie: le corridor Amsterdam-Marseille ignore les grands ports maritimes normands de la vallée de la Seine.
http://normandie.canalblog.com/archives/2016/11/19/34586525.html
http://normandie.canalblog.com/archives/2016/11/12/34554678.html
http://normandie.canalblog.com/archives/2017/07/16/35480051.html
Il faut obtenir de l'Etat qu'il finance les travaux nécessaires dans la vallée de la Seine avant l'ouverture du canal Seine Nord: la région Normandie est disposée à jouer un rôle essentiel, déterminant, sur ce dossier hautement stratégique. La "normandisation" de l'Axe Seine est le véritable enjeu.
On aimerait donc un soutien plus ferme, résolu et définitif de l'ensemble des milieux patronaux rouennais à la volonté normande qu'incarne actuellement Hervé Morin car c'est la seule opportunité politique sérieuse permettant de sauver l'avenir de la métropole de Rouen et de son port: à défaut de pouvoir se noyer dans la Seine à Paris, certains dirigeants Rouennais se préparent donc depuis 2012 à un plongeon dans un canal qui n'est toujours pas creusé.
Ils sont fous ces Rouennais !