Une fois de plus l'excellente parution hebdomadaire de la Chronique de Normandie (n°528 en date du 5 mars 2018) éditée par Bertrand TIERCE nous alerte:
Une fois de plus, la Normandie, en tant que telle, se retrouve maltraitée, marginalisée, méprisée par les arbitrages politiques et financiers à l'étude au gouvernement. Une fois de plus, on déplore l'absence d'un LOBBY POLITIQUE NORMAND quand bien même il y ait et il y eut toujours au moins un ministre normand à Paris qui n'est pas si loin...
Si nous devions adopter la grille de lecture régionale des Bretons, nous dirions que les Normands ont les élus les plus inutiles, sinon les plus incapables (incompétents?) de France:
Un ancien député-maire du Havre Premier ministre incapable de faire la paire qui gagne avec le président de la Normandie. Un nouveau maire du Havre factotum du précédent qui reste parfaitement fantomatique. Un président d'agglo à Caen qui se voit comme le maire d'un gros village de l'ouest Normand et un président d'une pseudo-métropole à Rouen qui met Rouen hors de Rouen... Ne parlons d'ailleurs même pas du maire crépusculaire de ce qui fut, jadis, la seconde ville de France. Ne parlons pas davantage des présidents des cinq départements normands qui, pour certains d'entre eux, continuent d'hésiter entre localisme départementaliste et coopération régionale sur fond de rivalité avec la région quant aux compétences. A l'heure où l'Etat se désengage de plus en plus des finances des collectivités territoriales et se montre tenté par une reprise en mains de la décentralisation, cet égoïsme départementaliste est totalement irresponsable!
Pour preuve que les "grands" élus Normands sont des nains c'est qu'ils perpétuent la comédie mesquine d'un localisme institutionnel qui continuerait d'avoir le bras long à Paris pour obtenir, via le préfet ou le cabinet du ministre, des avantages que les autres localistes mesquins ne sauraient avoir: on vient encore de le voir avec l'affaire du CROUS... C'est ce qui alimente ce clochemerle, véritable maladie vénérienne qui gangrène le corps politique d'une Normandie autrefois divisée mais en pleine convalescence sinon en rémission depuis sa réunification grâce à une action régionale aussi inédite que volontariste...qui les rend jaloux!
Tout le problème est là: tandis que nos élus locaux sinon localistes continuent de croupir dans le vieux monde normand d'avant la réunification, le président de la Normandie, Hervé MORIN, agit et réagit... SEUL! avec trois grands maires et présidents d'agglomération et cinq présidents de départements qui sont plutôt comme des boulets à trainer alors qu'on était en droit d'espérer d'une "dream team" normande!
Alors il faut renouveler l'approche: la véritable équipe des élus Normands qui pourrait vraiment agir est celle qui pourrait unir le président de région avec les présidents des Intercommunalités normandes (EPCI) qui offrent des profils renouvelés avec une vision réellement "pro-active" normande à l'instar d'un David Nicolas, tout jeune maire d'Avranches et président d'un Avranchin normand qui se retrouve dans la toute nouvelle communauté d'agglomération du Pays du Mont Saint Michel...
Le nouveau monde politique normand réellement engagé pour la Normandie c'est donc celui-là: Hervé Morin a d'ailleurs fort bien compris tout l'intérêt de s'appuyer sur les EPCI avec des contrats de finances et de projets couvrant ainsi tout le territoire normand.
En attendant qu'ils se réveillent enfin dans ces grands machins inertes que sont devenus les départements, les communautés urbaines ou les pseudo-métropoles, tant qu'ils n'auront toujours pas compris qu'un énièmme clochemerle entre Caen et Rouen nous fait passer pour des cons à Paris alors qu'ils devraient faire ce que Bertrand Tierce propose (lire ci-après), Hervé Morin le Normand fera ce qu'il pourra en faisant le "job" tout seul avec l'hôpital Mayer-Rossignol qui chante sur tous les tons sa désinvolture pour la Charité... Affligeant!
Lire, ci-après quelques extraits de la Chronique de Normandie (n°528, 05/03/18):
Les Normands résignés ?
• Le symbole de la LNPN.
Depuis 10 ans, la LNPN est devenue le symbole de la reconquête de la vallée de la Seine et du repositionnement stratégique de la Normandie comme
interface entre Paris et le monde. Et depuis 10 ans, à chaque fois qu’on parle de la LNPN, on parle aussi de la modernisation de Serqueux-Gisors, de la
réalisation du Contournement de Rouen, de la gouvernance d’HAROPA, de la relance des investissements industriels, logistiques et portuaires, bref de
tous les grands dossiers “d’intérêt national” qu’il faut traiter d’ici à 2030.
- Apparemment, tout le monde est d’accord pour les voir aboutir. Hier (comprenez entre 2010 et 2013), les “chefs 5 plumes” normands l’ont dit et redit,
fortement et d’une même voix, à l’occasion des 4 colloques sur “l’Axe-Seine” ; ils continuent de le dire aujourd’hui, mais différemment, puisqu’ils s’expriment séparément, tout en donnant l’impression de ne plus croire vraiment à ce qu’ils répètent mécaniquement... depuis 10 ans.
- Question : le discours sur les grands dossiers serait-il devenu “un artifice,rhétorique” destiné à masquer notre réelle incapacité à “peser” sur les
grands projets dont il est l’objet ? Il y a là une ambiguïté à lever.
Mon commentaire : la LNPN est le symbole de cette ambiguïté ; c’est l’un des enseignements de la publication du rapport Duron.
• Peu de réaction...
Début février, le Conseil d’Orientation des Infrastructures, présidé par Philippe Duron, a publié son rapport sur “Les mobilités du quotidien”; le COI, propose, notamment, de“resaucissonner” le projet LNPN dont la réalisation est renvoyée aux calendes grecques, aux alentours de 2030/2035 pour Rouen, à un horizon indéterminé pour Le Havre et Caen.
Ce scénario est parfaitement inacceptable pour les principaux responsables régionaux qui auraient dû se rassembler pour dire “non !” et aller se battre à Paris... en délégation.
Mais que s’est-il passé ? Pas grand-chose, chacun est resté dans son coin.
- À Rouen, Frédéric Sanchez n’a rien dit ; à Caen, Joël Bruneau est resté silencieux ; au Havre, Luc Lemonnier ne s’est pas exprimé...
- On retrouve une discrétion comparable à la tête des Départements, chez Pascal Martin, Pascal Lehongre ou encore Jean-Léonce Dupont.
- En Normandie, Hervé Morin est le seul à avoir vraiment réagi. Il a dénoncé l’enterrement de la LNPN et les retards pris sur les autres dossiers : “jamais la Normandie n’aura été aussi mal traitée !” Son intervention a été écoutée, sans provoquer d’autres réactions.
Et pendant ce temps-là :
- Les représentants de l’État expliquent que la “LNPN est nécessaire”, mais que le temps du projet doit s’adapter aux contraintes financières.
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prononcer sur la suite à donner au projet. Si la décision est positive, une enquête publique sera lancée et la définition du tracé définitif des 3 premières
sections sera effectuée avant la fin de la décennie. Pascal Mabire travaille, les responsables normands le regardent avec intérêt, tout en ruminant leurs
déceptions/frustrations.
Mon commentaire:
La Normandie serait-elle incapable de se mobiliser ? Tout le monde est d’accord, mais chacun reste dans son coin. Sur la LNPN, comme sur tous les grands dossiers, on a aujourd’hui l’impression que ce qui est dit est déconnecté de ce qui est fait, des paroles, des paroles, c’est une forme de résignation.
- Lire aussi, toujours extrait de la dernière livraison de la Chronique de Normandie (05/03/18):
La patate chaude du ferroviaire.
Le 27 février, dans une lettre cosignée par une trentaine d’élus socialistes, Nicolas Mayer-Rossignol a critiqué la politique ferroviaire d’Hervé Morin, en
exhortant celui-ci “à peser sur l’État et la SNCF” pour en finir avec la dégradation du service et sauver la LNPN. Il lui a aussi demandé d’investir mas-
sivement dans les petites lignes et de sanctuariser les dessertes TER...
Passage de la patate chaude.
Le même jour, Hervé Morin lui a répondu vertement. Il a aussi adressé une lettre à Élisabeth Borne, pour dénoncer le caractère catastrophique des liaisons normandes, décrire la colère des usagers et lui réclamer des mesures d’urgence, dans l’attente des premiers effets de son Plan Marshall pour le train, en 2020.
La patate chaude repasse
Bien sûr, le jeu peut continuer ; d’autres élus vont sûrement y participer et la patate chaude continuer de tourner. Et après ?
- On peut raisonnablement douter de l’efficacité de ces exhortations épistolaires qui ont toutefois le mérite de rassurer leurs auteurs.
- Toutes sensibilités confondues, les 50 élus normands les plus influents peuvent-ils se rendre en délégation à Matignon pour défendre leur région ? Posons-nous la question!
- Et pendant ce temps-là le président de région agit... Mais il est le seul à agir ou presque (extrait de la Chronique de Normandie en date du 5 mars 2018):
La structuration du foncier.
Pour développer et structurer le foncier économique de la vallée de la Seine, la Région va prochainement annoncer la création d’une société d’aménagement qui, sous le nom de Seine-Normandie Développement, sera adossée à la SHEMA.
- Elle interviendra principalement, sur la vallée de la Seine, du Havre à Vernon, pour porter des projets importants : plus de 25 M€.
- Elle sera présidée par Hervé Morin.
- De son côté, le gouvernement avance sur le dossier portuaire: toute la question est de savoir si l'Etat central va enfin accepter de lâcher du lest dans un modèle de gouvernance portuaire qu'il contrôle mais qui est, objectivement, inefficace... Sur ce dossier essentiel piloté par un Premier ministre ancien maire du Havre, c'est l'Etat qui a la main. Pas le président de la Normandie.
(Chronique de Normandie, 05/03/18)
François Philizot
Comme prévu, le délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine a remis son rapport sur la gouvernance des ports au Premier
Ministre. Scénario privilégié : la création d’une “holding portuaire”
- Enfin, pour faire pièce à la sous-information normande volontairement diffusée par Ouest-France, on appréciera ici au moment du départ de son président Joël Chassard, ce bilan d'activité de la Caisse d'Epargne de Normandie qui est, authentiquement, la seule banque régionale normande:
(Chronique de Normandie, 05/03/18)
La Caisse d’Épargne de Normandie
10 ans après, Joël Chassard passe la main à Bruno Goré. Dix ans après la mise sur orbite la Caisse d’Épargne de Normandie, Joël Chassard - qui en fut l’architecte - quittera la région, le 21 avril prochain, pour prendre la direction, à Marseille, de la Caisse d’Épargne Provence Alpes Corse (CEPAC). Il sera remplacé à Rouen par Bruno Goré, 56 ans, directeur général d’IT-CE depuis 2012 ; IT-CE étant l’outil de développement informatique du réseau des Caisses d’Épargne.
Plus de 106 M€ de résultat net.
Joël Chassard va laisser à son successeur une banque bien gérée. Les résultats 2017 sont bons :
- Le produit net bancaire s’établit à 384,2 M€, en hausse de 7,1%.
- Les provisions pour risques sont en forte diminution : 7,3 M€ contre 20,5 M€
en 2016.
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Résultat : une forte progression de résultat net (+ 34%) qui, pour la première fois dans l’histoire de la Caisse d’Épargne de Normandie, franchit la barre des100 M€.
Nicolas Plantrou, le président du conseil de surveillance apprécie : la CEN est l’une des Caisses d’Épargne françaises les plus performantes.
Mais là n’est pas le plus important. Le plus important est sa contribution au développement régional ; là aussi, les indicateurs sont bien orientés avec une progression de l’encours des crédits qui s’établit à 12,5 Md€ (+745 M€ sur un an) et une progression de l’encours de collecte à 21 Md€.
- On l’a compris, la CEN irrigue fortement le tissu économique local, elle finance beaucoup l’immobilier : “c’est une authentique banque régionale”,
se félicite Joël Chassard, qui souligne ses performances auprès de la clientèle des particuliers (les familles) et des professionnels (les TPE commer-
ciales, artisanales et de services).
Le plus important est aussi l’évolution de son image. La banque n’est plus regardée comme une Caisse d’Épargne “à l’ancienne”, mais comme un éta-
blissement moderne, de plein exercice, présent sur tous les marchés, avec une offre diversifiée, compétitive et adaptée.
Commentaire: c’est ici que les évolutions-mutations des 10 dernières années sont les plus visibles, avec Joël Chassard la CEN a fait ses premiers pas dans la cour des grands, celle du Crédit Agricole. (ndlr: qui n'a toujours pas fait sa réunification normande) Evidemment, en Normandie, elle est devenue incontournable.
Il lui reste toutefois de nombreux défis à relever:
- La pénétration du marché des entreprises est le premier d’entre eux, sa présence est ici marginale, les efforts déployés jusqu’à présent n’ont pro-
duit que des résultats modestes (seulement 138 M€ de crédits aux entreprises en 2017), Nicolas Plantrou et Joël Chassard espèrent un décollage
dans les 3 ans.
- Le renforcement de son soutien aux start-up et aux entreprises innovantes grâce à des experts dédiés.
- La poursuite de la digitalisation des services aux clients tout en réservant le contact direct et personnel dans un réseau d’agences coopératives.
Ces défis-là seront ceux de Bruno Goré qui devra aussi renforcer et approfondir les relations avec les clients de la banque (ils sont 1,17 million) dont beaucoup "sont encore trop distants".