La version numérique de l’hebdomadaire Le Marin nous rapporte une proposition de la Commission européenne en relation avec le prochain Brexit par les termes suivants :
Brexit : une proposition de nouvelle desserte de l’Irlande… sans la France
Le Marin Publié le 09/08/2018 17:09 | Mis à jour le 10/08/2018 14:12
Tollé dans les ports français de la façade Manche mer du Nord, et même de l’Atlantique : en prévision d’un Brexit annoncé dur, la Commission européenne propose un nouveau tracé du corridor mer du Nord – Méditerranée (NSM) court-circuitant non seulement le Royaume-Uni, mais aussi les ports français.
La proposition, datée du 1er août, se propose d’adapter « le tracé des tronçons du corridor mer du Nord – Méditerranée en ajoutant de nouvelles liaisons maritimes directes », c’est-à-dire court-circuitant le Royaume-Uni, entre « d’une part Dublin et Cork », et d’autre part, les ports du corridor existant, en Belgique et aux Pays Bas, c’est-à-dire « Zeebrugge, Anvers et Rotterdam ».
Point final. Pas de ports français.
L’Union des ports de France avait pourtant apporté une argumentation solide en faveur de la façade ouest française, fondée sur « la géographie et les flux existants ». Actuellement, souligne l’UPF, 80 % du fret entre Irlande et continent passe par le Royaume-Uni en empruntant la route courte du détroit, qu’il s’agisse des ferries de Dunkerque et Calais à Douvres, ou des navettes d’Eurotunnel.
Bruxelles ne peut diriger autoritairement le fret sur une route ou une autre. Mais un corridor de fret, au sens européen, est avant tout un axe de concentration de subventions de l’Union aux infrastructures terrestres (notamment ferroviaires) ou portuaires situées sur cet axe. Dunkerque, Calais, l’axe Seine, Cherbourg ou Roscoff les solliciteront, sans aucun doute, pour la période 2020-2030.
Calais, premier port concerné, ne peut se permettre d’ignorer l’Irlande. « Il serait inacceptable que les ports belges et néerlandais soient favorisés par rapport aux ports français », s’indigne Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.
Les élus de tous bords l’accompagnent dans un concert de protestations.
Alain SIMONEAU
Commentaire :
Sur la carte figurant dans cet article, on remarquera l’absence de la mention du Havre, dont le port est le premier port français pour le trafic de conteneurs, et le cinquième port de la Rangée Nord de l'Europe pour ce trafic… En revanche, il est fait mention de Nantes, sur l’Atlantique, et… Saint Helier, dans les Iles Anglo-Normandes…
Dans la version papier du Marin en date du 16 août portant sur le même sujet mais sous le titre « L’Europe voudrait « ajuster » le corridor vers l’Irlande sans passer par les ports français », on trouve une carte différente que voici :
Commentaire :
Le Havre figure sur la carte, car il est situé sur l’un des neuf corridors existants qui sont représentés. Cela permet de constater que son trafic doit transiter par Paris avant de pouvoir diverger vers l’est en direction de Mannheim, ou vers le sud en direction de l’Espagne…
On remarquera que, défendant Calais, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a déclaré, indigné : « Il serait inacceptable que les ports belges et néerlandais soient favorisés par rapport aux ports français ».
Le Havre ne doit pas être concerné par les conséquences de la proposition de la Commission européenne car je n'ai pas remarqué de réaction comparable à celle de Xavier Bertrand de la part de notables normands...
Commentaire de Florestan:
Pour confirmer hélas les commentaires ci-dessus au sujet de ce mauvais coup du centralisme technocratique bruxellois qui n'a rien à envier à notre jacobinisme parisien, on rappellera la leçon historique:
Depuis plus de 400 ans, la Normandie a toujours souffert, parfois terriblement, d'une mauvaise relation politique entre l'Angleterre et le continent. La responsabilité des grands élus normands, à commencer par notre président de région, va être d'agir pour compenser de toutes les façons possibles les conséquences négatives du Brexit.
Voir aussi cette brève parue dans la Lettre Eco Normandie (n°1587 du 24 août 2018):
de surcroit, doute sur l'efficacité européenne donc, cf. la 'Une" du quotidien du grand Ouest "Ouest-France" du 23/8 : "Les ports bretons et normands oubliés du Brexit" !,
en dépit de la volonté affichée des plus hautes instances nationales, en l'occurrence, là, les nôtres i. e. françaises, y compris relayées par l'autorité préfectorale départementale du Calvados à Caen (lancement des consultations citoyennes européennes), début juillet à la Préfecture de Caen, comment croire aux effets concrets de l'Europe, même quand on en a une "imprégnation viscérale" (la Paix en Normandie et en particulier à Caen) quand on constate, dans les faits, que cette EUROPE, pour beaucoup, demeure "désincarnée", la preuve encore (malheureusement) avec les informations de ce grand quotidien populaire écrit du grand Ouest (inter-régional "malheureusement"!) visé ?
Dans des régions maritimes telles que la Bretagne et la Normandie aux façades maritimes, ô combien développées tant sur le plan transport par mer que sur la
pêche, on omet, pour ne pas dire on oublie (pas de Politique nationale de la Mer clairement affichée et pratique !) complètement cette part de l'économie Bleue régionale mais à retentissement européen et international (cf. le Port "2000" du Havre bien sûr) et, à travers ça, la vie réelle des gens, quotidiennement !!
Qui plus est Le Havre, par exemple, est une vraie solution de désencombrement, pour l'Europe, des ports belges et néerlandais sous réserve qu'on ne le prive pas de toutes les conditions d'un tel développement, or, quelle est l'instance, comme on le voit dans les informations d'Ouest-France, qui est "consubstantiellement"
imprégnée de ces atouts là -pour les faire valoir- dans notre notre monde ouvert du XXI ème siècle ?
In fine, toujours malheureusement : personne puisqu'en particulier ces instances portuaires ne sont gérées aucunement Politiquement* mais Technocratiquement par des instances, émanation des grands corps de l'Etat, corps qui plus est, soumis à mobilité obligatoire ("turn-over" statutaire, notamment eu égard à la notion de carrière personnelle finalement) et donc sans possibilité de s'imprégner de l'ensemble du contexte, en l'occurrence là, régional en particulier !!
Dans ces conditions, comment encore dire (en le croyant sincèrement) : Vive l'Europe ?
Bien cdlt.
* quel est le rôle des parlementaires normands (même si juridiquement, comme on le sait, ils n'ont pas un mandat impératif), n'en va-t-il pas, là, des intérêts publics généraux locaux, régionaux, nationaux, européens, mondiaux ?