"Gaulois réfractaires"... Réplique normande à Emmanuel MACRON
Monsieur Emmanuel Macron, président de la République française, de son état, manque d'élégance puisqu'il a pris l'habitude de régler quelques comptes avec le peuple souverain qui a bien voulu l'élire depuis l'Etranger!
La dernière fois ce fut depuis le Danemark, un pays scandinave cher à nos coeurs normands... Raison supplémentaire de ne point s'en laisser compter!
Les Normands ne sont pas hostiles à toute réforme. Mais, "violemment modérés" (André Siegfried), ils refusent la réforme pour la réforme ou, pis, la réforme arbitraire qui ne serait que le seul fait du Prince car les Normands sont les héritiers d'un duché et d'un royaume "anglo-normand" qui institua, dès le XIIe siècle, le principe de l'Etat de droit au coeur de la civilisation de l'Europe occidentale.
Réplique bien venue et bien sentie du Cercle Normand de l'Opinion que nous relayons ici bien volontiers:
Unelles et Abrincates de la Manche, Bajocasses, Viducasses et Lexoviens du Calvados, Esuviens, Diablinthes et Cénomans de l’Orne, Aulerques Eburovices et Veliocasses de l’Eure, Calètes et Bellovaques de Seine-Maritime, nos tribus gauloises, désunies et, certainement, encroûtées dans la routine et le conservatisme, furent vaincues par César. Et, tout en disant « Caecos ac Caesar ! » (Merde à César !), elles furent contraintes à se réformer pour devenir gallo-romaines comme les autres peuples de la Gaule.
S’encroûtant sans doute à nouveau, elles furent obligées de s’ouvrir à des peuples allogènes, aux noms et aux mœurs étranges : Saxons, Goths, Alamans, Vandales et, surtout, Francs. On appela leur territoire la Neustrie aux contours mal définis… Subsista la Province ecclésiastique de Rouen, seule entité pérenne.
Les Vikings en firent la Normandie et, sous la férule d’un certain Guillaume, le peuple normand régénéré se lança dans la conquête de royaumes et de principautés, faisant montre d’une étonnante faculté d’adaptation.
Intégrée à son corps défendant dans un domaine royal qui comprit mal sa vocation maritime, la Normandie devint cependant terre de sapience et d’innovations dans tous les domaines : littérature, architecture, peinture, sciences et techniques… jusqu’au jour où on la démembra en cinq départements, puis, plus tard, en deux demi-régions.
Tout pouvait paraître perdu et, dans le puzzle des évolutions administratives quelques beaux esprits – réformateurs sans doute – pensaient en rattacher une partie à un Grand Ouest inconsistant et l’autre à un Grand Nord évanescent.
Réfractaires à une telle réforme qui, peut-être, eut satisfait bien des technocrates nichés à Paris ou à Bruxelles, les Normands se sont enfin retrouvés dans une Région Normandie reconstituée, se réveillant d’une torpeur confortable, mais mortifère.
La Région Normandie n’est pas très vaste, mais de dimension humaine, dont les limites sont les mêmes depuis plus de mille ans. Cohérente comme peu d’autres Régions de France le sont, elle s’organise harmonieusement en s’appuyant sur son patrimoine éblouissant, son identité retrouvée, son héritage historique, culturel, agricole et industriel prestigieux.
C’est à partir de cela que la société normande envisage son avenir. Elle n’est pas réfractaire au progrès, aux évolutions, aux innovations, mais elle tient à ses racines, à sa sagesse, aux permanences fécondes, à une certaine modération.
Après tout, « c’est son droit et elle s’y tient ! »
Montfort-Sur-Risle, 4 septembre 2018