Pour refonder la DROITE: construire un contre-pouvoir démocratique girondin
"La carte m'obsède, la carte m'obsède..." La phrase fut répétée deux fois par Gérard Larcher, le président du Sénat, second personnage de l'Etat dans l'ordre protocolaire, mais aussi élu des Yvelines (Rambouillet), sénateur, vétérinaire, chasseur normand natif du bocage de l'Orne, bien portant notable d'Aubergenville (cela ne s'invente pas) qui était l'invité politique de la matinale de France Info ce mardi 28 mai 2019, à charge pour lui de jeter quelques mots significatifs face aux questions agaçantes des journalistes après la plus grave déculottée électorale vécue par la droite depuis plus de soixante ans...
Quant au mot "territoire" il fut répété une bonne dizaine de fois... Le président du Sénat a donc proposé ce matin ses services de conciliateur et de médiateur pour éviter la guerre des chefs alors que la droite française fait l'un de ses plus faibles résultats électoraux: le replis sur la base conservatrice sinon identitaire, camper seulement sur la pointe du rocher qui dépasse lors des plus hautes marées, ne permet pas les victoires électorales toujours bâties sur une synthèse qui inspire confiance et espoir.
Pour une fois, nous donnons raison au second cacique en chef de la 5ème République car il y a grand péril en la demeure entre, d'un côté, le prurit néo-jacobin d'un jeune président issu de la haute fonction publique et de la haute finance parisienne qui surjoue le présidentialisme de la 5ème République jusqu'à sa caricature monarchique et, de l'autre, une majorité populaire qui campe sur l'Aventin de l'abstention ou qui choisit l'insurrection électorale protestataire "populiste" (diront ceux qui ne veulent pas comprendre) proposée depuis plus de trente ans par la maison Lepen.
Il est évident que la réforme constitutionnelle voulue par "Macronaparte" risque d'aggraver la situation: Gérard Larcher a rappelé fermement au cours de son entretien à l'antenne de France Info le rôle du Sénat comme chambre représentant les territoires mais aussi exercant le nécessaire rôle de contre-pouvoir de contrôle de l'exécutif, fonction que n'assure plus l'actuelle Assemblée Nationale...
Gérard Larcher a raison d'être obsédé par cette carte: la France devient un archipel pour reprendre la formule lucide de Jérôme Fourquet dont le livre faisait état de la disparition des consensus fondamentaux de la civilisation française. Sur l'amer de la Marine (Lepen) surnage les îles macronistes à commencer par l'Ile-de-France qui n'a jamais si bien porté son nom mais aussi la Bretagne et ses marches ligériennes (Anjou et Maine) ou poitevines (Vendée), la Gascogne, le Béarn, le pays basque, le Rouerque et Quercy, la Savoie, l'Alsace ainsi que la plupart des grandes villes régionales...
Avec partout le contraste très fort ville/campagne: les rats des villes votant LREM, les rats des champs votant plutôt RN.
Que cela soit dans la géographie physique ou idéologique, on ne saurait se satisfaire de ce profond clivage: claironner "moi ou le chaos lepéniste" c'est un peu court, sinon dangereux pour donner une perspective sinon un avenir au pays.
Il faut donc repartir de la base. Du plancher des vaches: les élections municipales arrivent et la question va se poser d'un probable grand coup de balai dans le personnel des maires et conseillers municipaux avec une grave crise des vocations notamment chez les actuels élus des territoires ruraux confrontés à l'avancée de tous les déserts et emportés dans un mouvement de fusion communal ou intercommunal mal maîtrisé.
Nous le disons depuis longtemps sur l'Etoile de Normandie: l'excès de libéralisme économique et financier et l'excès de centralisme parisien autoritaire (jacobinisme) détruisent les bases mêmes de notre communauté politique nationale et c'est la droite dite "républicaine" qui en fut la première victime électorale dimanche 26 mai.
Alors que le président Macron nous promet un "pacte girondin" (sic!) et un "approfondissement de la décentralisation" (re-sic!) au printemps 2020 (c'est à dire, juste avant les municipales et les régionales de 2021), un moment plus social, plus démocratique, plus écologique aussi, plus girondin va-t-il enfin surgir?
Réentendre les propos de Gérard Larcher sur France Info (28/05/19):
Le président LR du Sénat Gérard Larcher appelle mardi 28 mai sur franceinfo, à un rassemblement de la droite et du centre, et annonce vouloir proposer une réunion avec les élus locaux, après le faible score du parti Les Républicains aux élections européennes, lors desquelles il a obtenu 8,5% des voix.
"Nous n’avons pas réussi à convaincre, constate Gérard Larcher. Notre ligne doit profondément être revue, réanalysée (...) Il va falloir changer de logiciel pour arriver à rassembler." "Je vais appeler au rassemblement pour retrouver la confiance, annonce le président du Sénat. Je vais proposer qu'on parte différemment, non pas du haut vers la bas, mais du terrain vers le haut, et je pense qu'il faut qu'on parte des territoires. Voilà pourquoi je vais proposer aux président de groupes parlementaires, aux présidents des trois grandes associations d'élus, départements, présidents de région, maires, que nous nous retrouvions la semaine prochaine pour faire un point, pour analyser la situation (...) pour engager une démarche au travers des territoires pour reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre."
"Au-delà des partis politiques"
"Je vais prendre cette responsabilité, il appartiendra à chacun d'imaginer s'il a envie de nous retrouver, précise Gérard Larcher. Je ne laisserai pas les familles politiques de la droite et du centre, et plus avant les élus qui incarnent ces valeurs, à l'abandon, en déshérence, soumis aux ballotements, voilà pourquoi je prends cette initiative." Réunis en bureau politique lundi soir, les cadres de LR ont décidé de la tenue d'états généraux. Le président de la région Sud Renaud Muselier a de son côté proposé une "commission de rénovation" qui serait dirigée par le président du Sénat Gérard Larcher. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, a appelé le président du Sénat à être un "trait d'union".
Pour Gérard Larcher, le rassemblement de la droite et du centre "doit se dérouler au-delà des partis politiques" : "Je ne parle pas que des Républicains, [mais aussi de] nos amis de l'UDI avec lesquels j'ai des contacts, de courants politiques, d'un certain nombre d'élus qui n'appartiennent plus à aucune formation, qui nous ont quittés ou qui sont indépendants. Moi je parle avec Xavier Bertrand, comme je parle avec Hervé Morin, comme je parle avec Laurent Wauquiez."
En Normandie, les réactions politiques après le dimanche électoral:
A lire sur le site de Paris-Normandie:
Extraits:
Pour Guy Lefrand comme pour Agnès Canayer, le parti doit cesser d’être une organisation « jacobine ». « Si nos dirigeants nationaux écoutent davantage les élus locaux, explique le maire d’Évreux, on comprendra un peu mieux la population ». Ce que dit aussi Agnès Canayer : « Il faut repartir du terrain ».
Le président de la Région Normandie ne regrette pas d’avoir mouillé la chemise dans cette campagne. « Je me suis battu et cela me donne le droit de dire ce que je pense : je souhaite une alternative pour ne pas enfermer les Français dans un duel entre le Rassemblement national et Macron ».
Déferlante bleu-marine sur le Pays de Bray:
Métropole de Rouen: la Fabiusie électorale n'existe plus. La rive gauche vire au lepenisme tandis que la rive droite vire au macronisme. Quant à Rouen même, c'est une percée écologiste remarquée...
Infographie complète de la Normandie électorale au soir du 26 mai 2019 proposé par Paris-Normandie qui a oublié la carte du département de la Manche...): la réunification normande n'est pas encore une réalité chez certains infographistes... rouennais!
Présentation des quatre députés normands qui vont siéger au parlement européen:
David Cormand, Stéphanie Yon-Courtin, Nicolas Bay et Gilles Lebreton
Enfin, dans la dernière livraison de la Chronique de Normandie (n°583 27 mai 2019), Bertrand Tierce constate la disparition d'une vieille race locale normande: le parti centriste n'existe plus dans la région de D'Ornano et de Lecanuet... Un COMBLE!