A la veille des élections municipales: les écologistes bataillent contre le plan d'urbanisme de la métropole de ROUEN
... Qui est présidée par le crépusculaire Yvon Robert (Parti socialiste). Avec en prime, l'instrumentalisation politicienne du projet de contournement autoroutier Est de l'agglomération rouennaise, projet d'utilité publique qui n'est pas du ressort de la métropole de Rouen.
La question de limiter l'artificialisation des terres est essentielle tout comme celle de développer une ceinture d'agriculture maraîchère autour de Rouen. Mais il y a plus important semble-t-il... Il s'agit de savoir, quelques jours avant le premier tour des municipales, qui des deux membres en compétition pissera le plus loin!
Ou encore cette question:
L'ogre Jean-Michel va-t-il manger le petit... Nicolas?
On imagine l'ambiance entre les deux tours des élections municipales lorsqu'il faudra s'entendre entre écologistes et socialistes pour garder le pouvoir à Rouen sachant qu'il siègent déjà ensemble dans les majorités sortantes tant à la ville de Rouen qu'à la métropole...
Vote primordial du prochain conseil métropolitain à Rouen, jeudi 12 février 2020, l'approbation du PLUI est remise en cause par des groupes politiques et des associations.
Dernière étape d’un long processus d’élaboration de quatre ans, l’approbation du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) est mise au vote jeudi 13 février 2020 au conseil de la métropole Rouen Normandie. L’enjeu est crucial, comme l’a rappelé le président Yvon Robert en conférence de presse la veille : « Ce vote est absolument essentiel. C’est parmi les votes les plus importants à prendre depuis que la métropole a été créée. »
Ce document harmonise les règles d’urbanisation sur le territoire et fixe le projet urbanistique des 71 communes pour les 13 années à venir. Ce projet donne lieu à une bataille, par communiqués interposés depuis quelques jours, entre groupes politiques et associations, Avec un point d’achoppement principal : l’artificialisation des terres.
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Les élus d’Europe écologie les verts et de Générations ont mené la charge, en affirmant qu’ils voteraient contre, le 4 février dernier, avec pour porte-voix Cyrille Moreau, actuel vice-président à l’environnement de la Métropole engagé sur la liste Réenchantons Rouen pour les élections municipales. Ce dernier a déclaré :
Pour nous, ce document a toujours manqué d’ambition et de volontarisme politique pour répondre aux enjeux écologiques, climatiques, et pour le développement durable de notre territoire. De plus, malgré les affichages, la méthodologie employée a manqué de transparence et de démocratie participative.
Son argumentaire s’inscrit dans même veine que celui porté par un collectif d’une quinzaine d’associations. Celui-ci s’appuie notamment sur une circulaire transmise aux préfets demandant de viser le « zéro artificialisation des terres » à l’horizon 2030. Le PLUI de la métropole, arrêté un mois plus tôt, prévoit la consommation maximale d’environ 1000 ha de terres qui ne sont pas encore artificialisées.
La tête de liste écologiste dans la ville centre, Jean-Michel Bérégovoy, est de son côté monté plusieurs fois au créneau contre le PLUI ces dernières semaines, notamment lors de la présentation de son programme, le 6 février dernier.
Selon le président de la métropole, cette opposition de la part des écologistes constitue une « opération politique » dans le cadre des élections. « La protection de l’environnement est un élément majeur qui a porté tout ce PLUI, affirme-t-il. Il a permis de diminuer le nombre de zones urbanisables dans les PLU antérieurs, en passant de 1500 ha à moins de 1000 ha. Dans les zones agricoles naturelles avec des possibilités de constructions, on est également passé de 510 ha à 79 ha. »
Les 243 ha de terre artificialisée dans le cadre du contournement Est s’avèrent par ailleurs « un non-sujet » pour le président, le caractère d’utilité publique décrété par l’État obligeant son inclusion dans le PLU, quelle que soit la position de la Métropole.
Trois réserves de l’enquête publique réalisée après l’arrêt du PLUI ont été prises en compte pour des modifications avant le dernier vote. Elles concernaient une zone à Bois-Guillaume passée en zone naturelle, et deux zones à Bonsecours et Saint-Etienne-du-Rouvray passées en urbanisation différée, ce qui empêche la délivrance de permis de construire. En cas de vote contre, les hectares sauvegardés par le document ne le seront plus. « Ce serait une catastrophe écologique », martèle Yvon Robert, qui ajoute :
Ces opposants se sont abstenus au mois de juin, alors que le PLU était moins bon que celui voté demain et là, ils souhaitent voter contre. Tout cela pour faire croire qu’ils sont les meilleurs environnementalistes. Les seuls vrais protecteurs de l’environnement sont ceux qui vont voter pour ce PLUI. Sinon, il faudra repartir de zéro. Monter un nouveau projet prendrait 3 à 4 ans.
Il est rejoint dans cette position par une vingtaine d’élus du collectif Les Métropolitains monté par le PS, qui ont signé une tribune pour l’approbation du PLU.
En charge du PLUI depuis le début, Françoise Guillotin, la vice-présidente en charge de l’urbanisme tient elle aussi à défendre son bébé. « Il ne faut pas réduire quatre ans de travail à ce seul chiffre de 1000 ha de terres, déclare-t-elle. Il y a eu un gros travail de co-construction avec les différents élus pour obtenir l’approbation du plus grand nombre. » Un élément déjà mis en avant par Frédéric Sanchez en son temps.
Selon l’élue, le document « protège la biodiversité ». Elle cite par exemple la sauvegarde de « 838 mares, 378 arbres, 337 km d’alignements d’arbres, des kilomètres de haies, les corridors écologiques » ou encore « la prise en compte de l’agriculture urbaine » et « l’expérimentation sur 1000 ha sur le coefficient biotope », qui oblige à inclure un pourcentage de végétalisation dans les constructions en ville. « Tout cela n’existait pas. »
« Il faut aussi noter que 80 % des logements sont prévus en densification ou renouvellement urbain, seuls 20 % en extension urbaine. Même chose pour 70 % du développement économique. Tendre vers la réduction de l’artificialisation, c’est déjà ce que nous faisons. »
Le document, qui peut être soumis à modification ou révision, peut être appelé à évoluer plus drastiquement en ce sens, en fonction de la conjoncture et de la législation. Paule Valla, directrice générale adjointe en charge de l’urbanisme et de l’Habitat, précise :
Le zéro artificialisation, ce n’est pas zéro urbanisation. Ça veut dire que tout est compensé. On s’y prépare techniquement. Je peux vous dire qu’en matière d’urbanisme, tous les 3 ans, il y a une nouvelle loi et on met nos documents en conformité avec. Le PLU va aller vers cela.
Le collectif d’associations estime que 120 sites sont toujours menacés par ce projet. Il sera présent devant le siège de la Métropole avant le vote à 17 heures, pour remettre une lettre aux élus afin de tenter d’influer une dernière fois sur leur vote. Les manifestants sèmeront dans le même temps dans des pots pour une action « des graines pour stopper le béton ». « Ces pots seront le symbole de notre attachement à la conservation de ces sites et le fer des lance des mobilisations lors de l’entrée en action des bulldozers », explique le collectif.