DIRECTION de l'EPIC du MONT-SAINT-MICHEL: un jacobino-techno plutôt qu'un élu local... normand!
Edouard Philippe via le secrétariat général du gouvernement (la vraie tour de contrôle de Matignon) a validé la nomination de Thomas VELTER actuellement chef de cabinet du ministre de la Culture, comme directeur général de l'Etablissement Public d'Intérêt Commercial (EPIC) du Mont-Saint-Michel.
Le député LREM de la Manche Bertrand Sorre a fait fuiter l'information auprès de la presse (OF 23/02/20). Le directeur général s'apprête à diriger un Etablissement public d'intérêt commercial (on aurait préféré... culturel) qui peine à être mis sur les rails du fait que ceux qui devraient y contribuer ne veulent pas le faire (archive: http://normandie.canalblog.com/archives/2020/01/03/37910573.html ) et qui n'a toujours pas sa tête politique, un élu local à la présidence, comme il nous avait été promis...
Faut-il croire que nommer, dès à présent, à la présidence un élu local normand aurait le tort d'inquiéter... les Bretons (à commencer par un ministre breton inamovible du gouvernement) qui n'ont pas renoncé, bien au contraire, à leur projet de captation totale ou partielle de la rente touristique générée par le monument historique le plus visité de toute la province française?
Plus sûrement mais aussi plus cyniquement, on relevera que la haute-fonction publique d'Etat profite de l'état de quasi vacance politique des élus locaux en raison des prochaines élections municipales pour pousser son avantage sachant que les principaux élus locaux concernés s'opposent à l'Etat sur le financement même de l'EPIC.
Une direction générale sans présidence politique: voilà bien un idéal "techno"!
Alors pour être comme un chien au milieu des loups, qu'ils soient venus de Bretagne (on pensera aux dérapages chauvins de l'actuel administrateur de l'abbaye gérée actuellement par le Centre des Monuments Nationaux) ou qu'ils rôdent encore à Paris (on pensera à Philippe Belaval le directeur du Centre des Monuments Nationaux qui refuse toujours de donner une obole suffisante à l'EPIC du Mont-Saint-Michel), Edouard Philippe nomme un techno-jacobin qui a "des attaches dans la région et a souvent séjourné en Normandie" (dixit Bertrand Sorre) mais qui surtout, en tant que chef de cabinet de Franck Riester, a dû déjà avoir affaire à Philippe Belaval: la féodalité est actuellement plus sûrement logée entre les lambris dorés des cabinets ministériels parisiens que dans le granit séculaire montois!
Une nomination pour un poste épique!
Pour Thomas Velter désormais au pied du Mont-Saint-Michel, les travaux d'Hercule commencent avec une double urgence de fermeté: le Mont-Saint-Michel étant aussi une citadelle dont certains veulent toujours faire le siège...
1) Assurer un plan de financement aussi solide que robuste de l'EPIC du Mont-Saint-Michel avec l'objectif d'améliorer l'organisation des navettes et des parkings.
2) Construire un projet aussi solide que robuste de l'EPIC du Mont-Saint-Michel qui doit être un projet au service de la culture et de la spiritualité.
Nous insistons sur le fait que le chantier numéro 2 est aussi important que le premier:
Pour en finir avec l'instrumentalisation commerciale et territoriale du Mont Saint Michel il est urgent de valoriser l'authentique histoire culturelle et spirituelle du Mont-Saint-Michel, une histoire enracinée dans sa terre normande.
Si l'EPIC ne met pas au coeur de son projet culturel la mise en valeur de l'évidence du lien historique, culturel, spirituel et symbolique entre le Mont-Saint-Michel et Avranches et le Mont-Saint-Michel et la Normandie alors il est à craindre que cet EPIC ne soit une bergerie de plus où les loups s'entre-dévoreront après avoir croqué tous les moutons... normands!
Lire, ci-après, le pedigree de l'impétrant du gouvernement en tant que futur... "gouverneur" du Mont-Saint-Michel. A lire cette fiche on sera frappé par l'évidence: l'impétrant serait-il le plus fin connaisseur de la civilisation médiévale anglo-normande au tournant des XII et XIIIe siècles et, ne faisant pas mystère de sa passion pour l'histoire et le patrimoine de la culture chrétienne, le candidat idéal pour le Mont-Saint-Michel?
https://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Organisation/Le-cabinet-du-ministre/Thomas-Velter
Biographie de Thomas Velter :
Né en 1984, diplômé de droit et titulaire d’un master en stratégie et décision publique, il débute sa carrière en tant que chargé de mission au cabinet du ministre du Budget en 2006, avant de devenir consultant assistant au sein d’Euro RSCG (HAVAS) Public Affairs jusqu’en 2007.
Il travaille ensuite aux côtés de Franck Riester, d’abord en tant que collaborateur à l’Assemblée nationale où ce dernier siège en qualité de député de Seine-et-Marne puis assure, dès 2008, la direction de son cabinet lorsque Franck Riester est élu député-maire de Coulommiers, puis président de l’agglomération.
En 2017, Thomas Velter est désigné par Bruno Le Maire pour assumer les fonctions de chef de cabinet au ministère de l’Économie et des Finances.
Thomas Velter est nommé chef du cabinet, conseiller auprès de Franck Riester, ministre de la Culture, par arrêté du 17 octobre 2018
Le fil twitter de l'impétrant nous apprend des choses intéressantes mais qui confirment nos craintes:
https://twitter.com/thomasvelter?lang=fr
Thomas Velter s'intéresse au littoral mais plutôt sous l'angle de la planche de surf (et des dauphins): il sera difficile au directeur de l'EPIC du Mont-Saint-Michel de faire du surf dans la baie même par un fort coefficient de marée...
Thomas Velter s'intéresse au Mont-Saint-Michel lorsque Philippe Belaval s'y intéresse pour rappeler que le Centre des Monuments Nationaux n'a pas à contribuer plus qu'il ne faudrait à l'EPIC car le CMN assure l'entretien de la Merveille "ce prodigieux bâtiment qui renferme les grandes salles de l'abbaye et le cloître récemment restauré" nous précise ledit Belaval retweeté par celui qui n'était alors pas encore nommé directeur d'un EPIC qui n'a pas encore son budget...
Il est à craindre que des loups aussi jacobins que parisiens ne s'emparent définitivement de notre Mont-Saint-Michel !
C'est la raison pour laquelle ledit Thomas Velter a retweeté les propos de son patron de ministre clamant haut et fort l'affirmation suivante: "pour que le Mont Saint Michel continue de rayonner à travers le monde et de faire la fierté de la France, nous faisons le choix d'une gouvernance équilibrée entre l'Etat et les collectivités"...
Corrigeons, effectivement, l'emphase ministérielle: "nous faisons le choix d'une gouvernance équilibrée entre l'Etat et... l'Etat."Dumoins, pour l'instant...
Le co-pilotage du Mont-Saint-Michel Velter / Belaval... avec, sur le rocher, un administrateur breton plutôt relou ça promet! En Normandie on dit: " a plus fort la pouque"!
Les élus Normands vont-ils rester spectateurs de cette mascarade consternante organisée par Edouard Philippe?
On attend la réaction du sénateur de la Manche Philippe Bas qui s'inquiète, non sans raison, d'une nouvelle défausse budgétaire de l'Etat central sur les collectivités territoriales pour faire tourner cet "EPIC" et celle d'Hervé Morin, le président de la Normandie qui boycotte ostensiblement l'opération en refusant de saborder le syndicat mixte du rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel tant qu'il n'aura pas la certitude d'avoir une solution définitive, raisonnable et acceptée par tous pour le passif laissé par le syndicat mixte qu'il préside: c'est une position de responsabilité que nous saluons.
Quant à la région où le dit Velter aurait ses attaches pour y séjourner souvent, on ne trouvera aucune allusion à la Normandie sur le dit compte twitter!
A moins d'avoir une conception extensive de l'appelation géographique normande pour tenir compte du classement des huîtres de Cancale au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO (retweet d'Olivier Roellinger) ou d'un effet miroir sur la surface d'une piscine d'eau de mer sur l'estran de Saint-Malo...
Justement! Nous n'avions aucune illusion!
La nomination de Thomas Velter à la direction générale de l'EPIC du Mont-Saint-Michel n'est pas simplement une erreur de casting c'est aussi la preuve que nos élites gouvernementales techno-gestionnaires qui surfent sur le numérique ont perdu le contact avec le patrimoine culturel et spirituel séculaire de notre pays...
Reste à trouver un président... sachant qu'il est encore possible de mettre un élu local ayant la passion et la connaissance de ce patrimoine à la tête de l'EPIC du Mont-Saint-Michel: David Nicolas le maire d'Avranches et président de l'intercommunalité du pays du Mont-Saint-Michel est le candidat idéal.