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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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11 mars 2020

CONFERENCE du Séminaire Normandie de l'UP CAEN: Les politiques publiques régionales normandes en question

Au château de Caen, dans la salle d'études de l'auditorium du musée des beaux-arts ce mardi 10 mars 2020 devant un public attentif et nombreux, nous donnions la dernière conférence publique de notre session annuelle 2019/2020 du séminaire "Normandie" de l'Université Populaire de Caen (11ème année).

Après avoir défini dans la séance précédente ce que pouvait être une politique publique régionale authentiquement normande, nous avons procédé à un examen critique de ces politiques publiques régionales normandes quant aux résultats et aux modes de mise en oeuvre avant d'ouvrir notre réflexion sur une conclusion prospective quant aux enjeux géo-politiques qui ne manqueront pas de déterminer l'avenir de notre Normandie après les élections régionales de 2021. Tenir la Normandie face au futur Grand Paris sur la question de la gouvernance de l'Axe Seine sera, en effet, le grand sujet...

L'Etoile de Normandie vous propose de lire, ci-après, le texte support de cette conférence proposée par votre serviteur:


 SEMINAIRE NORMANDIE, UP CAEN 2019/2020 11ème session

Mardi 10 mars 2020 (18/20h)

« Les politiques publiques régionales normandes en question. Bilan de la mandature d’Hervé Morin »

(seconde séance)

1charlotte Corday

Charlotte Corday, icone du girondinisme normand

Nous poursuivons le développement de notre propos sur la question de définir une politique publique régionale normande tout en faisant un premier bilan de la première mandature régionale présidée par M. Hervé Morin depuis la réunification de la Normandie au 1er janvier 2016.

Après avoir passé en revue, lors de la première partie de notre propos, les principes et réalités pouvant définir une authentique politique publique régionale normande ( Politique publique régionale ou politique publique en région? Décentralisation / Déconcentration ou Régionalisation? Cohérence entre découpage régional administratif et géo-histoire régionale: le cas unique normand...), nous tenterons d'entrer un peu plus dans le détail en examinant la mise en oeuvre de quelques politiques publiques régionales normandes essentielles quant aux enjeux et urgences pour l'avenir de notre région non sans poser, en introduction à notre réflexion, la question politiquement fondamentale:

La Normandie est-elle une alternative démocratique et girondine ?

Nous examinerons, donc, les quatre exemples suivants :

1) La politique d'intelligence territoriale normande en faveur des entreprises de notre région.

2) La prise de compétence de la région pour prendre en charge l'orientation et la formation professionnelle de la jeunesse normande.

(Ces deux politiques stratégiques normandes sont, bien entendu, liées entre elles tels que l'amont ou l'aval d'un même fleuve...)

3) La défense et la valorisation du patrimoine immatériel de la culture normande.

4) L'avenir du site du Mont-Saint-Michel: un affrontement entre l'Etat central et la région Normandie.

On tentera de dresser les aspects positifs et négatifs de ces politiques normandes mises en oeuvre notamment vis-à-vis de la coopération indispensable mais parfois, souvent, difficile avec un Etat central qui promet un droit à l'expérimentation et une nouvelle génération de contrats de plan ou avec d'autres acteurs de la société civile régionale (par ex: le CESER) en faisant le constat plutôt inquiétant que le conseil régional de Normandie est, pour l'instant, quasiment, la seule institution normande à occuper le créneau pourtant essentiel de la défense et de la promotion de l'intérêt général normand.

Enfin, nous terminerons par une conclusion prospective sur les perspectives à donner pour le second mandat régional normand qui s'ouvrira après les prochaines élections régionales de 2021: l'enjeu sera certainement dominé par la question de la gouvernance de l'Axe Seine qui relie notre Normandie à sa puissante voisine, la région parisienne.

L'avenir de la Normandie sera, plus que jamais, dépendant de la lucidité géopolitique de celui ou celle qui aura l'honneur de la présider.

 

INTRODUCTION : la Normandie, alternative girondine ?

Dans un contexte politique national plutôt tendu où l’affrontement idéologique est fort entre les extrêmes et un « extrême centre » placé à la tête d’un État central plus que jamais jacobin et autoritaire, La Normandie pourrait se définir comme un projet alternatif sinon une antidote au jacobinisme d'une "aristocratie stato-financière"  (Emmanuel Todd) devenue folle qui met le pays sous tension...

Par ses politiques publiques et par la façon dont elles sont mises en oeuvre, la Normandie se doit d'être l'alternative girondine démocratique, sociale, pragmatique et efficace que nous espérons tous ici pour que soit enfin démontrée l'évidence:

La Normandie est le bouclier social des Normands, à commencer par les plus jeunes d'entre eux car la Normandie a plus que jamais besoin d'un avenir qui se pense et se réalise en Normandie.

2hervé morin 2016

Hervé Morin, le soir de sa victoire lors des premières élections régionales normandes (décembre 2015)

Depuis plus de trois ans, grâce à la bienheureuse réunification de notre région, Hervé morin, un président de région heureux d'agir enfin pour toute la Normandie a mis en musique des politiques régionales vigoureuses pour servir un intérêt général normand longtemps resté en déshérence et pour parer le plus efficacement possible à des urgences lancinantes.

Depuis trois ans, ces politiques authentiquement normandes qui amplifient les effets positifs du retour à l'évidence unitaire normande, ont permis un véritable réveil de notre région dans les domaines essentiels tel que celui du développement économique et entrepreneurial: la Normandie est, désormais, la dernière région de France pour le nombre de défaillance d'entreprises. Elle est aussi en tête des régions de France pour les investissements dans l'industrie ou pour les exportations. Après des années de déclin industriel et entrepreneurial, nous ne pouvons qu'applaudir devant un tel bilan.

Mais, car il y a comme toujours un mais, la "gouvernance", autrement dit, la façon de mettre en oeuvre ces politiques régionales ou de les concevoir le plus en amont possible avec le ban et l'arrière ban des acteurs régionaux concernés peut, parfois, décevoir ou inquiéter:

A la décharge d'Hervé Morin qui est ardent dans sa mobilisation pour le service de l'intérêt général normand et qui est tout à son désir d'aller au plus vite ou d'être plus "agile" ou "expérimental" sur tel ou tel dossier, il peut être irritant d'avoir à partager les arbitrages et la concertation d'une nouvelle politique régionale normande avec des acteurs sociaux régionaux, institutionnels ou associatifs qui, jusqu'au 1er janvier 2016, se moquaient de la Normandie comme d'une guigne!

Et il est vrai que, en reprenant le mot savoureux de Jules Barbey d'Aurevilly, pour un certain nombre de responsables de la société civile régionale, notamment dans le mouvement syndical (patronat inclu...), il ne s'agissait pas de "faire dans tous les cas de la Normandie, un majorat de renommée", bien au contraire, hélas, car le courant d'air frais d'une action régionale normande totalement renouvelée a bousculé des "corps intermédiaires" enkylosés dans le corporatisme et le localisme. 

Par exemple: la CFDT a eu un mal de chien à construire un comité régional normand puis que les oranges de Basse-Normandie ne parlaient pas aux oranges de la Haute et vice-versa!

3 logo cgt normandie

Autre exemple: la CGT qui s'est pourtant dotée d'un comité régional normand interprofessionnel dès 1976 en raison du poids stratégique de l'industrie dans notre région et qui a, en conséquence, une finesse d'analyse sur les grands enjeux sociaux et économiques de la Normandie, refuse de collaborer à des politiques publiques régionales en raison d'un vieil atavisme étatiste jacobin nostalgique d'un Etat central aménageur autrefois tout puissant. Cela explique, en partie, l'acharnement actuel de la CGT contre le gouvernement au risque que cet énième bras de fer contre une aristocratie parisienne d'Etat qui ne croit plus dans l'Etat qu'elle sert, lui fasse oublier l'essentiel: l'intérêt immédiat des salariés, notamment en Normandie.

Dernier exemple: le Médef n'a toujours pas compris qu'il y avait, désormais, qu'une seule Normandie et que le riche tissu entrepreneurial normand devait se muer en équipe des entreprises normandes dans une région encore très industrielle, ouverte aux investissements internationaux et dont les entreprises exportent au delà de la moyenne nationale...

C'est, par exemple, un comble, de constater que le Médef de Rouen continue avec mépris et suffisance d'ignorer le reste de la Normandie sous prétexte de privilégier une relation considérée comme plus pertinente avec... la région parisienne!

A côté d'acteurs sociaux institutionnels qui, pour l'essentiel et sauf rares exceptions, se contrefichaient de la Normandie pour, au mieux, la remiser dans nos musées, il y a un mouvement associatif qui pouvait, dans de nombreux cas, être en avance dans la reconnaissance de l'évidence normande, notamment dans le domaine de l'action culturelle, sportive et sociale: dans ce cas, pour la définition des nouvelles politiques régionales par l'exécutif du conseil régional de la Normandie enfin réunifiée, la difficulté était tout autre car il a fallu éviter de réinventer un fil à couper le beurre.

Par exemple: l'agence régionale de l'attractivité a dû admettre que la fête annuelle des Normands  le jour de la Saint Michel existait déjà...  Dans ce cas, la seule solution possible pour le conseil régional est de co-construire la politique régionale en créant un cadre qui assure (financièrement) et qui rassure (juridiquement) le mouvement associatif déjà mobilisé au moyen d'une convention.

C'est précisément le choix qui a été fait pour mettre en oeuvre la toute nouvelle politique publique de défense et de promotion de la langue normande, le conseil régional conventionnant avec la fédération régionale des associations culturelles concernées.

Pour résumer, une alternative démocratique girondine normande pourrait se manifester concrètement, au niveau de la méthode et de la forme de la façon suivante :

Faire l’exact contraire du jacobinisme techno-bureaucratique national.

C'est ainsi que le dialogue social ne consiste pas à ce que vous soyez tous et toujours d'accord avec moi, que les corps intermédiaires doivent être respectés et que la société civile doit être invitée à participer et à la construction des politiques publiques d’intérêt général normand… A condition d’une appropriation et d’une éducation à la Normandie d’une société civile régionale qui ne pense pas encore suffisamment en terme de région normande malgré le réveil actuel.

 

6logonormandie

 

 

 La mise en œuvre concrète des politiques publiques régionales normandes.

 

Pour mettre en œuvre des politiques régionales normandes dans le cadre contraint des compétences concédées par l’État central aux collectivités territoriales dans une logique de déconcentration et d’expérimentation plus que dans une authentique décentralisation régionale et avec des moyens financiers constants arbitrés par la loi de finance nationale, il y a deux options possibles :

 Celle de la contractualisation par convention entre la région Normandie et les acteurs de la société civile déjà en place et à l’oeuvre en tant qu’experts de fait : dans ce cas, la Région apporte son crédit institutionnel et financier pour conforter, consolider et affermir les acteurs et leurs projets. C’est la méthode qui a été retenue pour mettre en place une politique normande inédite de soutien à la langue régionale normande.

 Celle de la création d’agences régionales spécialisées avec pour but d’être un acteur en tant que tel voire être l’acteur principal et incontournable pour mettre en œuvre de la façon de la plus rapide et la plus efficace possible une action régionale normande sur des sujets et des urgences jusque là en totale déshérence : c’est le cas, par exemple, de l’agence régionale de l’attractivité qui fonctionne désormais avec le comité régional du tourisme mais qui doit tenir compte dans son fonctionnement et ses projets avec des acteurs de la société civile déjà investis sur le créneau jusque là ignoré par les pouvoirs institutionnels de la valorisation de la Normandie. L'avantage de cette externalisation d'une politique publique hors de son administration habituelle est celui d'une plus grande liberté d'action, d'agilité (comme on dit aujourd'hui). L'inconvénient c'est qu'il faut veiller aux bonnes relations et à la complémentarité entre l'administration d'origine et l'agence spécialisée car la première n'a pas à exercer une tutelle sur la seconde et la seconde n'a pas à se substituer au rôle de la première.

 

Exemple N°1 : l’ADN au service des entreprises normandes. Une politique d’intelligence territoriale au service de l’emploi des Normands (bouclier social).

5logo ADN

L’Agence de Développement de la Normandie a été créée très vite au tout début du mandat d’Hervé Morin en 2016 car l’urgence stratégique d’une politique d’intelligence territoriale en matière de développement entrepreneurial et industriel a été identifiée comme prioritaire et ce avec raison : Hervé Morin souhaite que la réunification de la Normandie soit perçue par les Normands comme une bonne chose ayant des effets positifs et concrets, directement observable par les Normands.

La réunification est faite, certes, au nom de l’Histoire-géographie mais elle permet aussi et surtout de sauver et de créer des emplois.

 Au lancement de cette agence toujours dirigée par Alexandre Wahl, on se souvient de certains sarcasmes du genre : « une agence qui va dépenser l’argent public pour sauver des canards boiteux ». Sarcasmes bien vite oubliés tant le bilan est exceptionnellement positif sur un domaine où nous disait qu’on avait tout essayé !

 Par exemple, le désormais fameux dispositif ARME (Anticipation Redressement Mutations Economiques) a permis de sauver plus de 13000 emplois normands depuis 2016. Dernière entreprise sauvée en date : 37 emplois à la menuiserie Acibois (Mouen).

 Via l’ADN et fonds souverain régional normand doté de 100 millions par an, la région se substitue aux banquiers souvent frileux et défaillants. Il arrive même que la région se substitue à la BPI une société financière pourtant contrôlée par la caisse des dépôts et donc l’État et dont le rôle est, précisément, de sécuriser financièrement les entreprises en difficulté !

 Autre dispositif : le « coup de pouce » de la région à la reprise et sécurisation financière des TPE artisanales et commerciales qui connaît un grand succès sur l’ensemble du territoire normand.

 Dernière actualité : le 9 mars 2020 l’ADN, donc la région, s’engage dans un nouveau contrat de filière avec le réseau régional normand « SOTRABAN » originaire de Basse-Normandie et qui couvre désormais toute la Normandie avec l’objectif de créer une solidarité industrielle et commerciale entre tous les entreprises normandes sous-traitantes de grands groupes industriels : en 2019 ce réseau comportait 88 entreprises adhérentes, la plupart étant des PME de moins de 50 salariés pour un total de 5000 emplois. Depuis 2017, l’ADN a ainsi sécurisé quelques 12 filières industrielles normandes pour 12 millions d’euros.

Une politique de l’intérêt général normand est donc aux commandes du développement économique régional avec une vision stratégique de moyen et long terme : c’est la meilleure solution pour lutter contre le chômage.

 La région Normandie fait donc une politique économique de soutien direct aux entreprises normandes que l’État central française n’ose plus réaliser.

Avec la reprise en mains du dossier ferroviaire (nouvelles rames OMNEO) cette politique d’intelligence économique et territoriale conçue comme étant le « bouclier social » des Normands est assurément la réussite la plus éclatante de ce premier mandat normand présidé par Hervé Morin: une politique dont la mise en oeuvre est placée sous la responsabilité de Sophie Gaugain, la première vice-présidente de la région en charge du développement économique.

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Sophie Gaugain, 1ère vice-présidente de la Région Normandie en charge du développement économique.

Bel hommage normand contemporain rendu à celui qui fonda l'économie politique au XVIIe siècle, un certain Pierre Le Pesant de Boisguilbert, un... Normand, Rouennais qui plus est!

https://www.francebleu.fr/loisirs/evenements/hommage-pierre-le-pesant-de-boisguilbert

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Le parlementaire rouennais Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646- 1714) fondateur de l'économie politique.

Agir donc le plus en amont possible des difficultés et anticiper au maximum tel est le moyen utilisé pour stimuler le réveil entrepreneurial normand. Mais cette action normande risque de butter rapidement contre un plafond de verre : la faible attractivité salariale, le manque de mobilité, la faiblesse du niveau de diplômes et l’inadaptation des formations aux emplois proposés sur fond d’un retard socio-scolaire normand encore trop important qui est le pire du passif de la division normande : la jeunesse normande n’est pas assez formée ou elle est mal formée et quant aux meilleurs ils s’en vont sans revenir...

 

Exemple N°2 : la prise de compétence de la région pour prendre en charge l’orientation et la formation professionnelle de la jeunesse normande.

Faut-il laisser tomber l'idéal de la démocratie girondine régionale au nom de l’efficacité face à une urgence ?

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L'idée de contractualiser avec tous les représentants et acteurs de l'épais bocage de l'orientation et de la formation professionnelle des jeunes adultes n'a pas été retenue pour penser et construire la 3ème grande agence régionale normande qui va devoir se charger d'un sujet essentiel sinon stratégique pour l'avenir de notre région, à savoir: l'orientation et la formation professionnelle de la jeunesse normande.

Au lieu de conventionner largement avec tous les acteurs sociaux et institutionnels concernés par ce sujet très important, la région a fait le choix d'un pilotage direct et d'une maîtrise restrictive limitée aux acteurs institutionnels sous prétexte d'être plus efficace et plus réactif.

On le sait, Hervé Morin souhaite s'impliquer directement et personnellement dans cette aventure car il a pris conscience que le retard socio-scolaire de la jeunesse normande et sa formation trop souvent inadaptée aux réalités professionnelles, constituaient les deux éléments les plus graves et les plus inquiétants du passif de la division régionale.

En un mot, à la veille d'une mutation en profondeur des emplois en raison de la révolution numérique en cours, la situation socio-scolaire actuelle de la jeunesse normande menace directement l'avenir de notre région!

Mais fallait-il, pour autant, sous prétexte d'efficacité et d'urgence, exclure du conseil d'administration mais aussi du conseil consultatif de la nouvelle agence régionale de l'orientation et des métiers, les organisations syndicales de salariés et le mouvement associatif régional consacré à la jeunesse et à la famille?

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Jean-Luc Léger, l'autre président normand...

Au delà de cette remise en cause, bienveillante, des arbitrages faits par le président de la Normandie, notre réflexion critique sur les politiques régionales normandes ne saurait être aboutie sans dire un mot, pour finir, de ce fameux "Ceser à rien" qui n'est pas rien, tout de même, puisque les 130 membres du Conseil économique social et environnemental régional (CESER), répartis en quatre collèges, sont sensés représenter la société civile régionale auprès de l'exécutif régional avec lequel le CESER doit définir l'intérêt général normand et les politiques publiques régionales afférentes. C'est ainsi que le CESER publie des rapports analysant tel ou tel enjeu régional à la suite de sa saisine par le président de région.

Dans le cas qui nous importe ici, en amont de la mise en oeuvre de la nouvelle agence régionale de l'orientation et des métiers, la saisine du CESER pour avis (elle est obligatoire) a été faite par Hervé Morin qui peut tenir compte ou non du rapport d'expertise dudit CESER ainsi que de l'avis que ce dernier vote officiellement à l'occasion de ses séances plénières. Pour résumer, dans le cas qui nous préoccupe, la saisine du CESER est obligatoire mais son avis reste consultatif...

Vous vous doutez bien qu'il s'agit-là du scénario idéal car, hélas, dans la réalité, ce n'est pas le cas: le co-pilotage des politiques publiques normandes entre l'exécutif régional normand et le CESER qui lui correspond n'existe pas, ou dumoins, n'existe pas assez!

On ne reviendra pas ici sur les raisons conjoncturelles sinon personnelles qui auraient pu faire penser que l'actuel président du CESER de Normandie, un certain Jean-Luc Léger, était un opposant politique au président de région Hervé Morin, en raison de sa proximité avec Nicolas Mayer-Rossignol qui est, au conseil régional, le chef de l'opposition socialiste à l'actuelle majorité régionale...

Après trois années de réunification normande, de l'eau a coulé sous les ponts de la Seine et il serait heureux d'en finir avec certaines postures aussi vaines qu'inutiles afin de s'entendre sur l'urgente nécessité de construire une action publique régionale normande ambitieuse, dynamique et efficace car nous avons la chance unique d'avoir la seule vraie région de France (avec la Corse) où le périmètre de la région de la raison correspond avec celui de la région du coeur.

Mais au-delà des personnalités contrastées des deux présidents concernés, le CESER a des problèmes structurels qui contrarient son fonctionnement et, en conséquence, fragilisent sa position aux côtés d'un exécutif régional qui peut être tenté, de son côté, pour des questions d'efficacité ou d'urgence, par une pratique discrétionnaire du pouvoir.

Ces problèmes structurels résultent du fait que l'actuel CESER de Normandie est, avant tout, le résultat de la fusion entre les CESER de Haute et de Basse-Normandie: avec ses 130 membres "socioprofessionnels", la seconde assemblée régionale est plus peuplée que la première (102 conseillers régionaux). Ainsi, le 10 octobre dernier lors de la séance pour voter sur l'avis officiel du CESER concernant l'agence régionale de l'orientation et des métiers, il y avait 25 conseillers absents qui ne se sont même pas donné la peine de donner un pouvoir...

Comme il n'y a pas d'enjeu politique sérieux autour de ces avis promis au classement vertical définitif, les assemblées plénières du CESER ressemblent à un théâtre d'ombre où les rôles sont tenus a minima au point que face à cette légèreté, on ne manquera pas de s'interroger sur l'action de M. Léger, le président du CESER.

Revenons encore sur le vote de cet avis sur la nouvelle agence régionale de l'orientation et des métiers: cet avis a été finalement adopté avec 61 votes pour, 33 contre et 11 abstentions.

Or le rapporteur de cet avis devant l'assemblée plénière du CESER, Christophe Leroy qui représente l'UNSA, a voté... contre! Voilà qui est original!

Explication? Il s'agissait d'utiliser l'occasion de ce vote pour protester contre l'absence des syndicats de salariés et des associations familiales dans le conseil d'administration et le conseil consultatif d'une agence régionale en charge de l'orientation de la jeunesse normande.

Cette protestation est légitime voire nécessaire.

Mais n'aurait-il pas fallu protester avant ou, mieux encore, n'aurait-il pas été plus efficace de rencontrer le président de région et d'organiser une réunion de travail sur ce sujet? Sachant que les réunions préparatoires n'ont pas manqué (la région en a même organisé six dans le courant de l'année 2019...).

Sur un sujet aussi sérieux et stratégique pour l'avenir de notre région, anticiper la critique et faire remonter ce qu'il faut au président de la Normandie fait partie du rôle sinon de la responsabilité du président du CESER.

Avant sa mise au vote pour adoption, le texte de l'avis fait l'objet de commentaires de la part des diverses organisations et associations représentées au CESER. On l'a dit, l'orientation et la formation professionnelle de la jeunesse normande sont des sujets très importants... En conséquence, au titre des "déclarations des groupes",  la CFDT a laissé deux pages de commentaires de même que la FSU. La CGT, une page et un tiers. L'UNSA... quatre lignes. Quant aux organisations patronales elles n'ont pas jugé utile d'écrire quoique ce soit!

L'avis officiellement voté par le CESER salue l'initiative de la région mais déplore l'oubli de certains acteurs socio-professionnels dans le tour de table du conseil d'administration et du conseil consultatif de l'agence régionale de l'orientation des métiers.

De cet avis, (p.4) on retiendra notamment que les associations familiales et de jeunesse mais aussi les écoles d’ingénieurs ne soient pas associés au conseil d’administration. Enfin le rôle du Comité Régional pour l'Emploi, la Formation et l'Orientation Professionnelle de Normandie (CREFOP) reste ignoré.

https://www.cariforefnormandie.fr/qui-sommes-nous/le-crefop-de-normandie/

 

Exemple n°3 : la défense et la valorisation du patrimoine immatériel de la culture normande

 

6bis cafénormand

 

Depuis le printemps 2019, après une journée d'études fondatrice à l'abbaye-aux-Dames de Caen siège de la région Normandie en janvier 2019, une toute nouvelle politique régionale normande est mise en oeuvre à partir d'une contractualisation entre la région Normandie, la FALE la fédération régionale des associations culturelles qui tiennent à bout de bras depuis des années le patrimoine linguistique normand, la Fabrique des patrimoines, la LOURE (une association spécialisée dans le collectage du patrimoine musical de la Normandie rurale et populaire) pour sauver, défendre valoriser, transmettre le patrimoine immatériel de la culture et langue normande.

Edouard_de_Lamaze

Edouard de Lamaze est le vice-président en charge à la région de cette nouvelle politique régionale avec la conscience d'avoir à sauver, de toute urgence, un patrimoine immatériel précieux en raison de son passé prestigieux et du rôle que l'étude du Normand pourrait jouer pour mieux nous confronter à la langue anglaise qui envahit, en ce moment, la langue française.

 Archive: http://normandie.canalblog.com/archives/2020/01/12/37933350.html

Cette nouvelle politique publique régionale pour la langue normande s'est dotée d'un conseil scientifique international constitué de chercheurs en linguistique, dialectologie, histoire et littérature normandes, droit normand. Mais aussi des écrivains qui cultivent la langue normande à l'oral et à l'écrit.

Enfin, l'Atlas Linguistique de la Normandie, la grande oeuvre lancée par le dialectologue Patrice Brasseur en 1973 est achevé avec l'objectif d'une numérisation et d'une diffusion sur Internet.

Dans le cadre de la convention passée avec la FALE, le Conseil régional de Normandie consacre 75000 euros à une toute première politique publique de sensibilisation à un patrimoine culturel authentiquement normand qui est menacé de disparition. Dans ce cadre, des cafés normands, moments de convivialité partagés dans la langue normande sont organisés depuis un an avec un grand succès auprès du public. C’est un début mais, il faut avouer que c’est peu si l'on devait comparer avec le budget consacré dans d'autres régions pour défendre un patrimoine des langues régionales qui est, il faut bien le reconnaître, menacé partout.

Il faudrait, en effet, développer l’aide directe à la diffusion et à l'édition d'outils papier et numérique utiles à la promotion de la langue normande sachant que les associations concernées ont acquis une expertise indéniable en la matière pour la bonne et simple raison que durant des décennies, les institutions culturelles publiques normandes se contrefichaient de maintenir vivant le patrimoine immatériel de la langue normande, sauf rares exceptions.

On retrouve, là encore, la difficulté évoquée plus haut qui est qu'une institution politique et administrative accepte de faire confiance aux acteurs associatifs qui savent faire: on attend donc que la région Normandie finance davantage un "laissez-nous faire" typiquement girondin et normand. Une autre difficulté consiste aussi à faire travailler ensemble des acteurs qui oeuvraient, jusque-là, seuls dans leur coin: l'individualisme normand n'est pas un mythe.

Il est, par exemple, regrettable que ne soit pas encore décidé ni financé un collectage intégral des archives sonores de la langue normande produites partout en Normandie depuis près de 50 ans: c'est pourtant une tâche urgente à faire au moment où la pratique du Normand en tant que langue vivante est gravement menacée.

Je suggère que l'on s'inspire des méthodes de l'Agence de Développement à l'égard des entreprises normandes pour sauver la langue normande sachant que le président de la Normandie, Hervé Morin, s'est assigné des objectifs ambitieux concernant l'enseignement de la langue normande pour relayer une transmission familiale qui n'existe plus.

Mais il va falloir s'affronter au mur idéologique culturel jacobin qui, d'une manière générale, continue de dénigrer la culture régionale (toujours considérée par certains "cultureux" professionnels comme passéiste, régressive et identitaire) au profit d'une culture subventionnée en régions sur prescription nationale-parisienne: c'est ainsi que l'on peut s'interroger sur certains choix proposés par la Fabrique du patrimoine, l'association sous contrat avec la région Normandie qui a pour objectif d'étudier et de valoriser les patrimoines et héritages culturels de notre région.

C'est ainsi que l'exotisme se déguise dans la moraline de l'altérité alors que l'altérité d'une langue normande en voie de disparition se trouve placée sous nos yeux...

http://www.lafabriquedepatrimoines.fr/index.php?post/69

 Mais il y a plus grave: le rectorat de l'académie de Caen-Normandie refuse que l'on puisse parler d'enseignement de la langue normande à l'école intégré au temps scolaire car l'Education Nationale ne reconnaît toujours pas officiellement le "patois" normand comme étant une langue régionale de France à part entière...

Hervé Morin souhaitait pourtant que dans un collège par département normand et au moins dans un lycée de la région, on puisse proposer aux élèves volontaires un tel enseignement. Il va donc falloir négocier sérieusement avec Mme la rectrice...

On vous renvoie à la lecture du billet d'humeur posté récemment par Michel Feltin-Palas sur le site de l'Express:

https://www.lexpress.fr/culture/les-normands-redecouvrent-leur-langue-malgre-l-etat_2120372.html

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Exemple  n°4 : Le Mont Saint Michel, un affrontement ÉPIQUE avec l’Etat

 

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Depuis 2015 et la fin officielle des travaux de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, tout le monde sait qu'il faut remplacer un syndicat mixte local à bout de souffle et grevé du déficit de fonctionnement des navettes et de la gestion des parkings: la délégation de service confiée au groupe Transdev est un échec. L'Etat a donc eu la bonne idée de créer pour le site du Mont-Saint-Michel un Etablissement Public d'Intérêt Commercial (EPIC) à l'instar du Musée du Louvre et des domaines des châteaux royaux de Versailles et de Chambord. En mars 2019, Christophe Beaux, ancien directeur de la Monnaie de Paris, avait été nommé par le Gouvernement en tant que préfigurateur d'un EPIC qui devait être opérationnel pour le 1er janvier 2020.

En fait, il n'en est rien: l'EPIC a beau être officiel depuis le début de cette année mais c'est une coquille vide et le syndicat mixte tel un vieux cacochyme est toujours en place. D'ailleurs, il est toujours présidé par Hervé Morin qui refuse sa dissolution selon le principe de sagesse qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras!

La raison?

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C'est que le tour de table financier de l'EPIC n'est toujours pas assuré en raison d'un différend persistant avec Philippe Bélaval, le haut-fonctionnaire qui dirige le Centre des Monuments Nationaux dont fait partie l'abbaye montoise qui est la Tour Eiffel du Moyen-âge...

En effet, les revenus des entrées payantes de notre abbaye normande permettent d'équilibrer les comptes du CMN qui a dû faire face à la restauration de l'Arc de Triomphe après son saccage par des pseudo Gilets Jaunes et par le manque à gagner résultant de l'incendie de Notre-Dame dont les tours étaient visitées par des milliers de touristes dont l'argent de poche tombait aussi dans l'escarcelle du CMN...

Après avoir bataillé avec succès pour éviter le transfert de gestion de l'abbaye au futur EPIC du Mont-Saint-Michel,  Philippe Bélaval estime désormais que le CMN n'a pas à contribuer financièrement à cet EPIC en prétextant de la prise en charge des travaux d'entretien et de restauration de l'abbaye considérée moins comme un monument du patrimoine normand que comme un monument national... (La Tour Eiffel du Moyen-âge disions-nous).

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 Thomas Velter, directeur général de l'EPIC du Mont-Saint-Michel: une erreur de casting?

Pour tenter de trouver une solution, Edouard Philippe en tant que Premier ministre, a validé il y a quelques semaines la nomination de Thomas Velter à la direction générale de cet EPIC: une parfaite erreur de casting puisque cet ancien directeur de cabinet du Ministre de la Culture pourtant né à Alençon pour, ensuite, faire ses études supérieures à Rennes, n'a visiblement pas la fibre historienne ou patrimoniale ni même normande. C'est un gestionnaire qui va devoir aller chercher les sous que son EPIC n'a toujours pas: le match avec Philippe Bélaval va donc se poursuivre histoire de nous démontrer que la féodalité se porte bien non pas sous les voûtes gothiques montoises mais entre les lambris des cabinets ministériels parisiens...

Quant au projet de cet EPIC qui devrait justifier son existence et le fait qu'on y mette l'argent public nécessaire, on doit se contenter des déclarations humoristiques sur un réseau social bien connu de l'actuel administrateur breton du Mont-Saint-Michel qui avait souhaité le transfert définitif de ce dernier outre-Couesnon à la faveur d'une tempête portant un nom celtique... Décidément! le "C" de l'EPIC n'est pas celui de la Culture!

Pour trouver un projet qui soit vraiment à la hauteur des enjeux du site du Mont-Saint-Michel, il faut aller non pas du côté de Saint-Malo mais à Avranches, en Normandie, là où sont conservés les extraordinaires manuscrits médiévaux de l'ancienne abbaye bénédictine du Mont-Saint-Michel fondée par le duc Richard 1er de Normandie en 966.

En effet, à l'initiative de David Nicolas, le maire d'Avranches (qui aurait le profil parfait pour présider un EPIC du Mont-Saint-Michel) les manuscrits font actuellement l'objet d'une étude scientifique approfondie.

De leur côté, les collectivités territoriales concernées, à commencer par la région Normandie et le département de la Manche, refusent de mettre plus d'argent qu'elles ne peuvent en mettre car l'Etat n'a pas les moyens financiers de son ambition: le sénateur de la Manche Philippe Bas a même tenté de faire passer un amendement à la loi de finances pour contraindre Philippe Belaval et le CMN de passer à la caisse: en vain!

L'EPIC doit, en effet, reprendre à son compte le passif de l'actuel syndicat mixte avec l'urgence de repenser le système des navettes qui a vieilli plus vite que prévu et dont les coûts de maintenance explosent. En outre, la tentation de l'Etat est d'aggrandir le cercle des collectivités territoriales intéressées au financement et au fonctionnement de l'EPIC: les Bretons déjà présents avec la région Bretagne et le département d'IIe-et-Vilaine se tiennent en embuscade alors que la présidence de l'EPIC a été promise à un élu local que l'on espère... normand!

Bref! pour résumer, l'EPIC du Mont-Saint-Michel est une coquille vide: toujours pas de présidence, de financement ni de projet!

L'affrontement avec l'Etat central est donc total alors qu'il s'agit du fleuron du patrimoine historique, culturel et spirituel de la Normandie avec la cathédrale de Rouen ou les grandes abbayes de Caen.

Puisque le droit à l'expérimentation doit être prochainement à l'ordre du jour, ne serait-il pas judicieux que l'EPIC du Mont-Saint-Michel puisse passer sous une tutelle 100% normande?

 

CONCLUSION

Après ce tour d'horizon que l'on espère complet des politiques publiques régionales normandes mises en oeuvre depuis maintenant quatre ans par la mandature présidée par Hervé Morin, il nous faut relativiser l’alternative girondine normande sans pour autant observer la montée d'un « jacobinisme » à l’échelle régionale comme certains croient pouvoir le dénoncer.

En effet, on n'observe pas en Normandie, comme malheureusement dans certains grands machins néo-régionaux issus de la réforme de 2015, une recentralisation au profit de la métropole régionale. Sous la mandature d'Hervé Morin, le territoire normand reste équilibré (équilibre réalisé entre Caen / Rouen et Le Havre) mais il faut bien observer que dans les méthodes et la définition des projets et des actions sur les sujets considérés comme urgents et stratégiques par le président de région, la tentation d'une conception discrétionnaire de la prise de décision est bien présente (ex : arbitrages sur le fonctionnement de l'agence de l’orientation et relégation du CESER)

 Pour le dire d'un mot, le bilan d'Hervé Morin, de notre point de vue normand, est objectivement bon. Le bilan de l'action normande en matière de développement économique est flatteur: la réunification de la Normandie joue pleinement son rôle de "bouclier social des Normands". A n'en pas douter, la Cour régionale des comptes devrait confirmer ce bilan si l'on doit faire la balance entre dépenses de fonctionnement, investissements et niveau d'endettement.

Mais ce bilan n'est pas exempt de critiques:

On signalera, de notre point de vue, deux erreurs importantes, l'une en terme d'initiative et l'autre en terme de méthodes.

1) Il nous semble dangereux de pousser à la fusion des universités de Caen et de Rouen car il y a un risque de déstabilisation du réseau normand de la COMUE qui démontrait enfin qu'un fédéralisme universitaire normand était possible.  La Normandie est pour l'instant l'exemple d'une fusion réussie tant qu'on ne confonde pas fusion et fusionnite! La réunification du cadre n'implique pas que l'on fusionne tous les acteurs qu'on y trouve!

 2) Une autre erreur : ne pas assez travailler avec les réseaux et instances de la Normandie institutionnelle et de la société civile régionale organisée (par ex: le CESER, les consulaires...). Certaines instances ne sont jamais ou peu réunies ( par ex: la Conférence Territoriale de l'Action Publique).

On peut comprendre qu'il fallait rapidement mettre en oeuvre le grand chantier de la réunification normande pour en faire une réalisation concrète utile à tous les Normands quitte à ne pas perdre de temps avec des corps intermédiaires et autres institutionnels qui, par localisme et corporatisme, ignoraient ou méprisaient les réalités normandes avant le 1er janvier 2016.

Ce sera donc une priorité à mettre en oeuvre lors de la seconde mandature régionale normande qui s'ouvrira après les prochaines élections régionales de 2021: faire enfin vivre une démocratie régionale d'esprit fédéral et girondin sur le territoire normand.

 Une autre difficulté, l'absence des autres grandes Collectivités Territoriales normandes dans la définition stratégique de l’intérêt général normand: malgré la loi NOTRE (2015) qui a aggrandi le champ des compétences du conseil régional, les départements font de la résistance notamment sur des sujets qui sont pourtant de la prérogative de la Région (par ex: l'attractivité territoriale). Un "G6" (les cinq départements + la région) se réunissait régulièrement... A notre connaissance, la dernière réunion de ce G6 a eu lieu le 19 janvier 2018 au château de Martainville...

Archive: http://normandie.canalblog.com/archives/2019/01/29/37059731.html

Quant à une réunion sinon une coopération entre les agglomérations de Caen, Rouen et Le Havre, n'en parlons même pas, c'est Hervé Morin qui fait la planche sinon le pont!

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Hervé Morin est donc politiquement seul lorsqu'il s'agit d'agir pour la défense et la promotion de l'intérêt général normand: on s'en réjouira car nous avons un vrai président à la tête d'une vraie région. Mais avouons que c'est un peu inquiétant car l'affrontement demeure inévitable avec l’État sur la question des financements, mais aussi sur la question culturelle qui n'est pas tranchée clairement : culture subventionnée en région prescrite à Paris ou culture régionale assumée ? Ou sur la question plus symbolique du Mont Saint Michel.

 L’entente avec l’État reste essentiel : les relations entre Hervé Morin et le préfet de région Durand sont bonnes et les négociations pour le futur et premier contrat de plan Etat / région Normandie ont commencé même si ce futur contrat de plan n'aura plus à financer les grandes infrastructures du territoire régional, même si le préfet de région n'a toujours pas reçu à l'heure où nous écrivons sa lettre de mission en la matière...

 

 

 

CONCLUSION PROSPECTIVE

 

Perspectives normandes après 2021 : la Normandie, plus que jamais un sujet de géo-politique !

12cauchemarGrumbach

Les élections municipales risquent de tourner à la Bérézina pour les candidats d'En Marche. Raison de plus pour eux de penser dès à présent à la suivante, à savoir, l'élection régionale qui est, en quelque sorte, la nôtre, si nous prenons comme nous le faisons ici depuis des années, la question régionale au sérieux.

A défaut de pouvoir peupler en masse des conseils municipaux pouvant nommer des maires aux couleurs suédoises d'En Marche, l'opportunité semble plus favorable, notamment par le mode de scrutin, d'entrer plus largement dans les conseils régionaux pour y développer une réflexion authentiquement régionale... On peut toujours rêver!

Face la double évidence normande, celle d'une Normandie enfin réunifiée et celle d'un Hervé Morin qui s'est montré capable d'incarner politiquement la Normandie et un intérêt général normand qui n'avait jamais été aussi bien servi, les Macronistes réseautent et réfléchissent aussi à l'avenir de notre région qui, depuis plus onze siècles, est en équilibre géo-politique entre la puissance parisienne, la vallée de la Seine et la mer:

Présider la Normandie n'est pas de tout repos. Il ne s'agit pas de porter les doléances périphériques du réduit breton à la capitale ni de gérer les ressources humaines et immobilières d'un grand machin néo-régional oriental ou de présider à une zone de préfixe téléphonique. Il s'agit, dans le cas d'école normand, de présider une géo-histoire millénaire et faire, sciemment, de la géo-politique à l'échelle infra-nationale: la Normandie est une région d'intérêt national qui a l'avantage et l'inconvénient d'être un carrefour placé sous le nez de la plus puissante région urbaine d'Europe et dont la mégalopole concentre les centres de conception et de décision pour la 5ème puissance économique mondiale.

La Normandie est donc un pari géo-politique qui consiste à démontrer que l'intérêt national ne doit pas être confondu avec l'intérêt parisien: l'enjeu se cristalise sur l'aménagement et le développement futur de la vallée de la Seine qui permet de relier Paris à la mer  tout en étant  l'épine dorsale de la Normandie avec sa ville métropole régionale de Rouen.

11schéma stratégique Philizot

Cartographie générée par le périmètre d'action de la délégation interministérielle à l'Axe Seine dirigée par le préfet François Philizot: une Normandie utile pensée depuis... Paris!

Toute la question est de savoir si la vallée de la Seine est seulement un "axe", un "corridor" puissamment piloté depuis l'amont parisien ou si la vallée de la Seine en est vraiment une avec une profondeur régionale normande pour sa rive gauche (jusqu'à Cherbourg, Le Mont-Saint-Michel, Alençon avec, au delà: l'axe "Plantagenêt" ou "la route du blé" vers Chartres et Orléans) et pour sa rive droite (Dieppe et au delà: Amiens, Metz et l'Europe centrale).

Si l'on reste dans la logique radiale ou axiale "Axe Seine" on prend le risque de faire resurgir des brumes de la Seine, le fantôme du "Plan Delouvrier" d'une région parisienne étendue jusqu'au Havre qui avait justifié la division normande et la relégation de Rouen au statut de seconde Mantes-la-Jolie.

Si, en revanche, on réussit politiquement à imposer depuis Rouen, Caen et Le Havre et depuis le conseil régional de Normandie une logique à la fois transversale (vers le Sud-Ouest et vers le Nord-Est) et maritime, alors la Normandie peut exister réellement et jouer son rôle tel un outil dont il faut absolument se servir pour en justifier l'existence, d'où la comparaison de la Normandie avec un navire. Il n'y a, en effet, pas plus triste qu'un navire qui a été démâté, désarmé ou qui demeure échoué sur sa souille au fond du port au lieu de... naviguer vers la haute mer!

Reprenons...

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La chasse au Morin sera-t-elle ouverte après 2021?

Les Macronistes réseautent donc ils réfléchissent: la géopolitique normande, notamment celle de l'Axe Seine se confond aussi avec une géopolitique partisane, une politique d'endiguement du centriste réfractaire girondin normand Morin sur un axe allant du Havre aux Hauts-de-Seine: Giverny pour eux n'étant certainement pas une frontière...

La fusionnite est, en effet, dans tous les esprits entre Paris et Le Havre : fusion des GPM au 1er janvier 2021. Fusions départementales (Yvelines + Hauts-de-Seine); fusion de la Petite Couronne avec Paris pour faire le Grand Paris ou fusion Grand Paris / IDF (Pour en finir avec Valérie Pécresse?).  Mais aussi fusion Eure/ Seine-maritime pour faire renaître une grosse haute Normandie départementale dans le cadre de l’Axe Seine. L’objectif est donc à la simplification territoriale et administrative par processus de fusion pour arriver au bout du processus :

La fusion capitale Normandie+ Grand Paris pour faire, à terme, une « euro-région » : voilà, pour résumer, ce qui hante certains cerveaux en marche. Le fantôme Delouvrier Grumbach Rufenacht est toujours bien vivant…

Compte tenu de la culture politique partisane jacobine de notre république, il est à craindre que ces élections régionales qui sont pour nous importantes pour déterminer la suite de l'actuelle renaissance normande, ne servent de marche-pied aux marcheurs présidentiels pour préparer... l'élection suivante, la seule élection qui les intéressent et qui intéresse encore une majorité de Français, à savoir: l'élection présidentielle de 2022.

D’ici là et après : vigilance normande !

 

1charlotte Corday

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Commentaires
M
Un public nombreux reuni à proximité du foyer de contagion de Breville Beuville, une réunion publique aussi indispensable que le rassemblement évangéliste de Mulhouse qui est à l'origine de la situation dans le haut Rhin et des foyers de la Manche et du calvados....Après ça demande des comptes aux autorités...
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C
A propos du futur Contrat de Plan Etat/Région Normandie:<br /> <br /> <br /> <br /> Bertrand Tierce, rédacteur de la Chronique de Normandie nous apprend ceci:<br /> <br /> <br /> <br /> La signature du nouveau contrat de plan État/Région Normandie sera l'un des temps forts de la rentrée prochaine. Depuis le début de l'année, le président Morin et le préfet Durand ont engagé les travaux préparatoires. Leurs discussions vont s'accélérer en mai, avec le fléchage des crédits d'État, la signature officielle est prévue à l'automne. Pour avancer, le préfet Durand vient de recevoir son pré-mandat de négociation. Avec lui, l'État regarde dans 3 directions : • La création d'un écosystème d'excellence dans les domaines de la formation supérieure, de la recherche et de l'innovation. • La promotion d'une "Normandie durable" (biodiversité, énergies renouvelables, maîtrise des risques…). • Et enfin l'attractivité et de la cohésion du territoire, pour donner envie de Normandie aux Normands comme aux "Horsains". <br /> <br /> <br /> <br /> Mon commentaire : c'est important pour la Normandie, pas seulement pour lever des moyens financiers, mais surtout pour définir collectivement les priorités stratégiques du territoire. Hervé Morin et Pierre-André Durand sont d'accord sur un point : le temps du saupoudrage est révolu, il faut hiérarchiser les actions en se concentrant sur l'essentiel ; le scénario de l'auberge espagnole n'est plus compatible avec des financements publics qui font peau de chagrin.
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