Futur port de l'AXE SEINE: Le siège sera au Havre. Mais le port risque d'être parisien faute de volonté normande commune!
Billet de Florestan:
Ce que nous vous annoncions ici même il y a quelques semaines est confirmé officiellement: le siège du futur port de la vallée de la Seine fusionnant les actuels grands ports maritimes du Havre et de Rouen ainsi que le port fluvial de Gennevilliers-Paris, sera au Havre car tel est le bon plaisir d'un ancien Premier ministre redevenu maire du Havre.
Par principe, on s'en réjouira: la Normandie récupère, enfin, une place de commandement d'intérêt national sur un sujet essentiel pour son économie régionale. Mais notre joie sera prudente et ce pour deux raisons sinon deux inquiétudes majeures:
1) Il ne faudrait pas qu'une coquille vide havraise et normande soit remplie à Paris: qu'importe le contenant ou le conteneur, ce qui compte c'est le contenu et le pouvoir réel. Pour lors, nous restons dans le cadre d'un grand port maritime d'intérêt national qui reste la chasse gardée de la haute-administration publique: la réalité restera reléguée à l'extérieur de la salle du conseil d'administration du futur grand port de l'Axe Seine avec voix consultative...
2) Dans ce dossier essentiel sinon vital pour l'avenir de notre Normandie, qui justifie l'intérêt national de la réunification de la Normandie, on aurait dû avoir et ce, depuis longtemps, un pilotage normand au plus haut niveau, à savoir: une réunion de travail et de cadrage entre Hervé Morin (conseil régional), Edouard Philippe (communauté urbaine du Havre) et Nicolas Mayer-Rossignol (métropole de Rouen). Malheureusement, il n'en est rien. Il n'y a pas d'équipe normande chez les grands élus de notre région. Edouard Philippe et surtout Nicolas Mayer-Rossignol considèrent qu'ils peuvent gérer cette importante affaire sans la région Normandie que tous ignorent (y compris l'Etat quand il joue au mécano avec nos ports sans nous demander notre avis) pour ce qui est de définir les enjeux et le projet mais ils ne manqueront pas de cesser de l'ignorer pour la solliciter pour tous les financements du développement concret du futur port de l'Axe Seine:
Pourtant, celui qui finance devrait commander...
S'il y a plus de 300 millions sur la table pour financer la "chatière" qui permettra, enfin, une communication correcte entre la darse de Port 2000 à la Seine via le port intérieur du Havre, on ne le doit pas à l'Etat central parisien, ni à un ancien Premier ministre redevenu maire du Havre et encore moins au petit oiseau de Rouen: c'est la région Normandie qui propose ce financement et qui attend encore le feu vert.
Redisons-le encore: en dix ans de bavardages et de postures sur l'Axe Seine, la seule nouveauté positive et concrète dans ce dossier, c'est la réunification de la Normandie avec l'émergence d'une autorité d'action publique régionale qui devrait, en toute légitimité, prendre la direction de ce projet puisqu'elle en sera, de fait, le principal financeur!
Pour tous ceux qui suivent avec intérêt et passion nos affaires normandes, notamment les lecteurs de l'Etoile de Normandie, ce dossier de l'Axe Seine que nous savons ici essentiel pour notre Normandie est une source d'inquiétude et d'irritation: l'intérêt général normand n'est pas perçu ni porté par les grands élus en cause, notamment du côté de la métropole de Rouen et son maire-président actuel qui croit pouvoir diriger une métropole aussi bien en Normandie que sur la face cachée de la lune...
Il y a un lobby breton. Inutile d'insister. Mais il y a aussi un lobby nordiste qui a obtenu de haute lutte, à la fois la construction du canal Seine-Nord et la direction de son développement futur.
Mais pour obtenir le développement et la direction d'un axe Seine portuaire et logistique pourtant d'intérêt national, il n'y a toujours pas de lobby normand.
Lire ci-après:
- Le communiqué de presse officiel du gouvernement:
- La réaction sur Twitter d'Hervé Morin, président de la Normandie: elle est claire sinon logique comme un problème qui réclame sa solution... logique! A savoir que la région Normandie qui sera, à n'en pas douter, le premier partenaire financier d'un futur port d'intérêt national installé au coeur même de la Normandie, ne souhaite pas n'être qu'un robinet à argent public!
- La réaction sur Twitter de Jean-Baptiste Gastinne, vice-président du conseil régional de Normandie et maire adjoint du Havre: sans surprise!
- La réaction sur Twitter de Marine Caron, conseillère centriste à la Métropole de Rouen qui, hélas, ne voit pas plus loin que les horizons bornés par les hauteurs forestières qui enserrent le méandre rouennais...
C’est donc #LeHavre qui a été choisie (sans grande surprise) pour accueillir le futur siège d’#HAROPA face à Rouen et Paris. Félicitations à LH pour cette belle opportunité dynamique qui s’ouvre à eux.
#Rouen, ville de l’entre-deux & de l’équilibre avait pourtant tous les arguments pour convaincre. Mais elle avait aussi et surtout besoin de ce nouvel élan pour relancer l’attractivité du territoire. Une nouvelle bataille de perdue.
Dont acte. 🚢
Espérons maintenant que nous ne laisserons pas passer les opportunités pour valoriser le GPRM dans cette fusion portuaire...
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https://lnkd.in/dNy9pn4
- La réaction de Nicolas Mayer-Rossignol maire de Rouen et président de la Métropole de Rouen est doublement irritante, on s'en doutera... Irritante car, sur le fond, le bougre a raison. Mais sur la forme et la stratégie qu'il faudrait mener pour que ce projet portuaire soit réellement une réussite au service de l'intérêt général de Rouen et, partant, de la Normandie, le bougre a tout faux! Comme d'habitude! Et cela devient lassant...
Suite aux annonces diffusées ce 28 octobre 2020 à la presse par le Ministère de la mer sur la réforme portuaire et la fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris, voici une déclaration de Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen et Président de la Métropole Rouen Normandie.
« J’apprends ce matin par voie de presse, que le siège du futur établissement réunissant les ports du Havre, de Rouen et de Paris (HAROPA), ainsi que son futur directeur général auraient été choisis et annoncés par le Gouvernement. Ceci alors qu’aucun projet précis d’organisation, de gouvernance et de répartition des emplois de ce futur établissement n’ait été communiqué. Ceci alors qu’aucune ambition réelle en matière d’investissements, notamment pour la transition écologique, le report modal et la compétitivité qui en découle, n’ait été décidée.
Il n’est pas question ici de s’engager dans une querelle fratricide entre Le Havre et Rouen ; bien au contraire, je considère que l’avenir du développement durable de la Vallée de la Seine passe par ce couple, ce moteur à deux chambres que constituent la métropole rouennaise et l’agglomération havraise. Mais je le dis clairement et solennellement : Rouen doit être respectée. Sans Rouen et sa Métropole, il n’y a pas d’Axe Seine possible.
Je demande des engagements fermes et concrets du Gouvernement sur quatre points :
- La présidence du futur établissement qui doit revenir à un Rouennais ;
- Les emplois qui doivent être préservés, confortés et développés sur le site rouennais ;
- Un plan d’investissements massif pour les infrastructures portuaires rouennaises, en particulier pour favoriser le report modal et la transition écologique ;
- Une gouvernance suffisamment souple qui inclut les collectivités locales et les acteurs économiques locaux.
Comme Maire de Rouen et Président de la Métropole Rouen Normandie, je ne soutiendrai ce projet que si ces quatre conditions précises sont remplies.
J'ai appelé Madame la Ministre de la Mer Annick Girardin, à qui j’ai exposé ma position (sic!).
J’ai proposé qu'une réunion se tienne prochainement à Rouen (ou en visioconférence selon la situation sanitaire) avec le Premier Ministre, les Ministres concernés et les trois Maires du Havre, de Rouen et Paris, pour échanger sur cet enjeu stratégique, non seulement pour Rouen et sa métropole mais pour notre pays.»
Commentaire de Florestan: