Colère d'Hervé MORIN: Le péage sur les ponts de la Seine (Normandie et Tancarville) pourrait sérieusement augmenter!
Voici que l'un des plus anciens serpents de mer normands se réveille, à savoir la question de la gratuité du passage sur les grands ponts de la Seine en aval de Rouen (Normandie, Tancarville et Brotonne) qui assurent depuis 1959 l'unité concrète de la Normandie.
En effet, le fait que ces grands ouvrages d'art aient été totalement financés par l'emprunt et par le remboursement de ces emprunts par les usagers normands desdits ouvrages payants sans la moindre participation de l'Etat central (contrairement à ce que ce dernier a pu faire pour le franchissement des deux autres grands estuaires français à Bordeaux et à Saint-Nazaire) ne nous laisse pas de nous étonner!
C'est à croire que les Normands ayant la double réputation d'être dociles tout en ayant la bourse profonde pouvaient être abandonnés à leur sort par un Etat central parisien qui ne comprend que les rapports de force solidement établis.
Le fait que les grands ponts jetés au-dessus de la Seine et qui ont réunifié la Normandie avant l'heure soient toujours payants et demeurent comme l'un des grands passifs de cette calamiteuse division normande qui aura duré plus de cinquante ans (1960- 2015), reste à corriger: en 2027 verra le terme des concessions actuelles sur les ponts de Normandie et de Tancarville mais mettre fin à cette servitude financière qui acheverait l'heureuse réunification normande risque d'être plus compliquée que prévue en raison des événements actuels: la crise du Covid et des travaux d'entretien plus chers que prévus plombent les comptes d'exploitation des deux ouvrages...
Colère légitime d'Hervé Morin, le président de la Normandie!
La crise sanitaire et la perspective d’importants travaux de remise en état, avant la fin de la concession en 2027, plombent les comptes des ponts de Normandie et de Tancarville. Les enjeux financiers pourraient dépasser la centaine de millions d’euros. Avec comme conséquence possible une augmentation du péage.
Un prêt garanti par l’État pour sécuriser 2021
Sans surprise, les effets de la crise du Covid se sont fait sentir sur le trafic du pont de Normandie en 2020. Avec une conséquence directe sur le chiffre d’affaires. La Chambre de commerce et d’industrie Seine-Estuaire est le concessionnaire des ponts de Normandie et de Tancarville. Son directeur général, Eric Lehéricy, décrit la situation : De mars à mai, le premier confinement a entraîné une baisse de 80 % de nos trafics. Pour le second, la baisse a été de l’ordre de 40 %. Résultat pour 2020, une baisse de 20 % de notre chiffre d’affaires, soit environ 20 millions d’euros.
Un problème pour la CCI, qui doit rembourser jusqu’en 2026 l’emprunt réalisé pour la construction du pont de Normandie. Il reste encore plus de 200 millions d’euros en 2020. Les remboursements annuels dépassent les 40 millions d’euros. Pour faire face à cette échéance, la CCI a signé la semaine dernière un Prêt garanti par l’État (PGE) de 19 millions d’euros. Nous avons trouvé un accord avec six banques pour engager ce PGE,
explique Eric Lehéricy. Ce prêt
va nous permettre de sécuriser notre année 2021.
140 millions pour des travaux de remise en état ?
Mais les problèmes financiers du pont de Normandie ne s’arrêtent pas là. La fin de la concession, à l’horizon 2027, pose des questions autrement plus importantes. Sept ans avant la fin de cette concession, la clause de « revoyure » prévoit que l’État et la CCI s’entendent sur le montant des travaux pour que les ponts soient restitués à l’État en bon état.
Selon nos informations, le coût de ces travaux était initialement prévu à un peu plus de 50 millions. Ils seraient désormais estimés par l’État à 140 millions. Une équation impossible à assumer pour la chambre de commerce. Un tel scénario nécessiterait l’intervention des collectivités. Depuis la construction du pont de Normandie, la Région Normandie et les Départements de la Seine-Maritime, du Calvados et de l’Eure garantissent la dette de la CCI.
« Des travaux en cours d’évaluation »
Du côté de la Chambre de commerce et de la préfecture de Région, représentant l’État, on ne confirme pas le montant des futurs travaux. Rien n’est stabilisé,
souligne Eric Lehéricy. Nous sommes dans une période de négociations pendant laquelle on ausculte la totalité des ouvrages, ponts de Normandie et de Tancarville. Mais il est certain que les chiffres prévus dans les comptes, il y a dix ou quinze ans, ont évolué. Nous devrions être fixés dans les six prochains mois.
Même son de cloche à la préfecture : Les choses ne sont pas fixées. La définition de la nature des travaux et l’estimation des coûts sont en cours d’évaluation. Tous les acteurs du territoire doivent travailler ensemble sur ce dossier. Les élus et l’État ont un intérêt commun. Nous parlons d’ouvrages exceptionnels et de leur pérennité.
Vers une hausse des tarifs du péage de 15 % ?
Hervé Morin n’apprécie pas l’évolution récente de ce dossier. Le président centriste de la Normandie se rebelle, une nouvelle fois, contre l’État.
À aucun moment, l’État n’a joué son rôle de contrôle sur cette concession. Et là, l’on nous annonce des travaux à 140 millions ! La solution pour les payer : l’État préconise une augmentation de 15 % des tarifs du péage. Totalement inacceptable ! Ce pont, il est emprunté par les habitants de Beuzeville, par les entreprises d’Honfleur… par les Normands. Son rôle économique et social est vital pour la Normandie.
Le début de l’année 2021 s’annonce sportif entre la Région et le ministère de la Transition écologique, en charge des transports.
Commentaire de Florestan:
On rappelera à Monsieur Jean-Christophe Lalay auteur de l'article ci-dessus et journaliste d'un quotidien breton à la rédaction de Caen que le pont de Saint-Nazaire est gratuit ainsi que les autoroutes et voies rapides en... Bretagne grâce au soutien financier massif de l'Etat central parisien et des collectivités locales depuis... cinquante ans!
Il y a 20 ans, le pont de Saint-Nazaire devenait gratuit (ouest-france.fr)
Second commentaire de Florestan:
Nous suggérons à Hervé Morin de faire ce que les collectivités territoriales bretonnes ont fait pour que le pont de Saint-Nazaire soit gratuit...