La boîte à idées progressistes "Terra Nova" jette un pavé dans le mille-feuilles territorial avant les élections régionales...
Bllet de Florestan:
Montaigne disait qu'il fallait "frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui" pour être plus intelligent...
C'est la raison pour laquelle, on trouvera ce qui suit sur l'Etoile de Normandie, le webzine de l'unité normande qui assume et défend son régionalisme normand, incarné, enraciné en son territoire normand:
Terra Nova, c'est la boutique d'en face: ils sont "progressistes", "libéraux" favorables à la "mondialisation" et lorsque ces experts s'aventurent sur nos terres, ils démontrent surtout qu'ils ne sont attachés à rien: chez ces héritiers directs de la chapelle de "Saint-Simon" qui avait, au début du XIXème siècle, pour projet l'idéal rationnaliste de "remplacer le gouvernement des hommes par le gouvernement des choses", c'est le triomphe sans imagination et sans surprise de la géographie fonctionnelle sur toute autre considération au nom d'une vision utilitaire du territoire forcément plus efficace que toute autre considération: pour Terra Nova, les territoires n'existent pas en eux-mêmes. Ils ne sont qu'espaces passifs du déploiement social et économique de l'activité des métropoles, pour le meilleur et pour le pire!
On notera surtout que ce pavé de Terra Nova jeté dans le mille-feuilles territorial est publié à quelques mois des prochaines élections régionales avec la principale proposition de stopper le mouvement de décentralisation au moment même où l'actuelle majorité présidentielle contourne dans son action territoriale le bloc régional hérité de la réforme de 2015, bloc trop puissant à son goût au point d'envisager le report des élections régionales après les présidentielles de 2022, à la faveur de la crise sanitaire en cours...
Nous pensons, au contraire des gens de "Terra Nova" qui pourrait aussi nous pondre un rapport sur comment coloniser la planète Mars, que l'enracinement dans un territoire, la prise de conscience d'un espace-vécu et le sentiment d'appartenance et d'identité, voire la fierté de participer à une communauté humaine de destin cultivant un héritage, un patrimoine et un projet pour son territoire que cela soit au niveau national, ou au niveau régional ou local est le principal moteur de l'action publique ou privée pour créer les richesses et les emplois du présent et de l'avenir.
Exemples:
Vous avez un autocollant sur votre plaque d'immatriculation ? Attention, c'est illégal | Actu
C'est la raison pour laquelle, nous défendons ici le principe d'expérimenter l'idée de la subsidiarité régionale, une idée qui reste inconnue des experts de Terra Nova alors que ces derniers dénoncent, non sans raison, l'hyper spécialisation des compétences attribuées à telle ou telle collectivité territoriale dans la loi NOTRe de 2015 au point de fustiger un "taylorisme territorial" qui peut justifier, aujourd'hui une très néfaste et inutile guéguerre entre, par exemple, les conseils départementaux et les conseils régionaux.
Plus que jamais, il faut ouvrir le droit à l'expérimentation pour des collectivités territoriales assises sur de vrais territoires: la Normandie la seule région-province de France, la Corse, collectivité territoriale unique, l'Alsace toute récente collectivité européenne ou la région à identité forte de Bretagne (qui reste à réunifier) ou encore le département de la Vendée sont, d'ores-et-déjà, des territoires qui ont demandé à l'Etat central le droit à expérimenter la subsidiarité régionale...
L'Etoile de Normandie suggère que les présidents des territoires concernés se rencontrent et se concertent pour défendre l'idée de la subsidiarité régionale dans le débat national.
Nous avons affirmé notre thèse. Nous vous laissons vous débrouiller avec celle de... Terra Incognita!
Le cercle de réflexion Terra Nova s’attaque au « dogme » de la décentralisation (lemonde.fr)
Le think tank social-démocrate estime, dans un rapport publié mercredi 13 janvier, qu’il serait plus judicieux de transformer la conception et le pilotage des politiques publiques que d’approfondir la décentralisation.
Dans son rapport publié mercredi 13 janvier, intitulé « Après la décentralisation, 15 propositions pour refonder l’action territoriale », le cercle de réflexion Terra Nova, de sensibilité sociale-démocrate, n’y va pas par quatre chemins. Alors que doit être présenté en conseil des ministres, à la fin du mois de janvier, le projet de loi dit « 4D » – pour décentralisation, déconcentration, différenciation, décomplexification –, ses auteurs, Daniel Béhar et Aurélien Delpirou, n’hésitent pas à affirmer, à rebours des principales associations d’élus regroupées au sein de Territoires unis (Association des maires de France, Assemblée des départements de France et Régions de France), que « la question n’est pas celle d’un approfondissement de la décentralisation ».
« En quelques années, la “défense des territoires” s’est imposée comme le mainstream de la pensée politique en matière d’action publique », constatent les auteurs, prenant comme exemple la déclaration de politique générale prononcée le 15 juillet 2020 par Jean Castex, dans laquelle il citait pas moins de trente fois le terme « territoires ». Ainsi s’inscrivent-ils en faux contre certaines interprétations du mouvement des « gilets jaunes » y ayant vu une « revanche des territoires », opposant métropoles dynamiques et mondialisées aux espaces « périphériques » laissés pour compte. « La question des inégalités territoriales ne peut se réduire à une opposition entre une “France des métropoles” et une “France des territoires” », insistent-ils. De fait, c’est dans les grands pôles urbains que le taux de pauvreté est le plus important : 16,1 %, contre 14,3 % en moyenne en France métropolitaine.
Deux blocs de collectivités
Terra Nova pourfend avec vigueur le « dogme » décentralisateur. « Dans les années 1960-1970, la décentralisation incarnait une promesse politique », estiment les auteurs. Aujourd’hui, « [elle] ne constitue plus un enjeu de société, mais devient une affaire de répartition de compétences ». Ils fustigent le « taylorisme territorial », poussé à son extrême par la loi NOTRe du 7 août 2015, qui assigne chaque échelon administratif dans une spécialisation des compétences. Un principe qu’ils jugent « dépassé, inefficace et contre-productif ». « Et s’il fallait renoncer au principe de spécialisation des compétences normées par le législateur et organiser des combinaisons de responsabilités et des coopérations entre acteurs territoriaux ? », interrogent-ils.
Ce rapport invite à se situer « après la décentralisation » autant d’un point de vue stratégique que chronologique. Il n’est plus temps de lancer un « nouvel acte » de décentralisation. Non parce que notre organisation territoriale serait sans défaut, loin de là ; elle fait d’ailleurs l’objet de remises en cause aussi récurrentes que familières. Mais parce qu’il est précisément vain de penser, comme le montre le présent rapport, qu’on pourrait trouver un nouvel équilibre territorial satisfaisant en cherchant à contenir nos espaces de vie dans un seul périmètre, gouverné par une seule autorité, dotée de compétences exclusives.
Le territoire français ne doit plus être pensé comme un simple jeu d’emboitement d’échelles, du niveau local au national. On doit prendre en compte la mobilité des Français, leurs déplacements toujours plus nombreux et complexes, au sein de bassins de vie dilatés. Notre espace vécu dépend toujours plus de systèmes de connexions, qui démultiplient nos espaces d’appartenance et d’exploration. Aucun découpage administratif ne peut délimiter les lieux définis par les usages : du domicile au travail, du travail aux loisirs et plus généralement vers tous les lieux où l’on trouve des ressources, où l’on étend ses réseaux de proximité, où se déploient toutes les dimensions de nos existences. Mais comment organiser le pouvoir politique d’espaces à géométrie variable ? L'analyse de Daniel Béhar, Professeur à l’Ecole d’urbanisme de Paris (Université Paris-Est) et Aurélien Delpirou, Maître de conférences à l’Ecole d’urbanisme de Paris (Université Paris-Est).
Pour lire en intégralité le rapport proposé par Terra Nova:
Microsoft Word - Décentralisation 3-3.docx (tnova.fr)
Commentaire de Florestan:
Avec les deux éléments que nous avons soulignés et mis en gras, on voit bien la logique universalisante des gens de Terra Nova qui appliquent à l'échelle infra-nationale ce qui fait leur obsession à l'échelle nationale ou supra-nationale: la suppression des frontières en particulier et, d'une manière générale, la relativisation des identités culturelles nationales ou régionales qui pavent la réalité humaine.
L'être humain ne se réduit pas à ses usages utilitaires.