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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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28 janvier 2021

COUP DE GUEULE: Mais quand va-t-on enfin prendre au sérieux l'idée de région dans ce pays?

Billet de Florestan:

Les récentes tribulations verbales de Jean Castex, pathétique Premier ministre de passage dans la toute nouvelle communauté européenne d'Alsace, le 23 janvier dernier, nous oblige à pousser un énième coup- de- gueule sur la question régionale...

La France donc Paris, peine à définir exactement l'objet régional faute de s'y intéresser sérieusement.

On le sait que trop ici: les élites françaises donc parisiennes sont engoncées dans leurs certitudes centrales et jacobines. Paris c'est la France et la France c'est Paris qui est capitale de l'Etat dans l'espace français depuis... Clovis, soit près de 1500 ans, excusez du peu!

Cependant, cela ne justifie en rien la paresse intellectuelle et idéologique sur l'idée régionale: ce n'est pas parce qu'une réalité ne vous intéresse pas ou vous agace au point de vouloir l'éradiquer qu'elle n'existe pas. Souvent, elle résiste au point de mettre en difficulté sérieuse les pouvoirs qui voudraient l'anéantir.

Et il arrive même que cette réalité régionale périphérique méprisée ou niée soit la solution lorsque le centre connaît de sérieux problèmes pour gouverner l'ensemble et décider d'un avenir commun notamment en période de crise grave comme en ce moment.

Nous sommes ici des régionalistes normands convaincus de l'utilité et de la réalité des solutions régionales, autrement dit, girondines pour résoudre des problèmes causés par les excès du jacobinisme ou des problèmes que les outils jacobins ne sauraient résoudre selon le principe évident édicté jadis par Aristote (et repris au Moyen-âge par Saint Thomas d'Aquin) que c'est aux acteurs directement concernés de prendre une décision: si cela n'est pas possible, la responsabilité est alors transférée à une autorité supérieure. C'est ainsi que peut se définir le principe de subsidiarité et la subsidiarité régionale consiste à faire confiance aux autorités régionales concernées pour développer et gouverner un enjeu national se trouvant  dans la région concernée.

C'est faire preuve de pragmatisme et de bon sens car de ce "laissez-nous faire" surgit bien souvent du terrain et de ses expériences les solutions qu'un bureaucrate lointain, aussi intelligent soit-il, ne trouvera jamais...

Mais, "quand on n'a qu'un marteau" disait Mark Twain, "on ne peut qu'enfoncer des clous!" Faute de connaître l'existence des autres outils. Ou pis, faute de savoir s'en servir correctement ou de le vouloir puisque la perversité jacobine peut aller jusqu'au dévoiement de l'outil régional pour des raisons politiciennes ou conjoncturelles totalement étrangères à la poursuite de l'intérêt national.

C'est sous de bien médiocres auspices que la pseudo-réforme régionale a été menée dans les années 2014/2015 par la précédente majorité gouvernementale Hollande/Valls:

Rappelons les faits...

En 2013, la Commission européeenne avait menacé sérieusement de mettre la France à l'amende à raison de plusieurs milliards d'euros si elle ne démontrait pas rapidement sa capacité à mener de grandes réformes structurelles pouvant conduire à faire des économies d'échelle substantielles dans le but de remettre la France dans la trajectoire financière et comptable prévue par le Traité de Lisbonne, à savoir: ne pas dépasser 3% du PIB pour le niveau du déficit public et ne pas dépasser 60% du PIB pour le niveau de la dette publique. C'était le "monde d'avant..."

Début 2014: MM. Hollande et Valls sortent de leur chapeau LA réforme idéale qui calmera la Commission européenne...

La fusion régionale applique à la géo-histoire millénaire française les recettes bêtes et méchantes de la fusion d'entreprises.

Bien évidemment, la réalité s'est montrée rebelle, toujours plus complexe et intelligente que les idées simples et médiocres de ceux qui pensent avoir le pouvoir de l'enfermer.

A l'occasion de cette improbable réforme, personne ne s'est réellement interrogé sur l'idée de région. Comment la définir avec précision et avec sérieux ni comment en définir son utilité pour l'intérêt national pour éviter le double risque du centralisme d'une part et du séparatisme d'autre part, sachant que les pouvoirs centraux parisiens tout à leur préjugé jacobin craignent fondamentalement que l'idée de région ne soit la boîte à Pandore à ne surtout pas ouvrir si l'on veut sauvegarder l'intégrité de la République française "une et indivisible". C'est même cette crainte fondamentale qui entrave toute réflexion et toute initiative un tant soit peu sérieuse sur l'idée régionale en France.

La seule bonne méthode pour redéfinir la carte des régions de France aurait été de partir, à nouveau, de la maille départementale qui conserve depuis 1790 la mémoire géo-historique séculaire de la France: dans la plupart des cas, derrière un département ou plusieurs, se cache une province historique.

A partir de cette méthode sérieuse et rigoureuse il aurait été possible de construire enfin de vraies régions permettant de faire l'indispensable synthèse des deux conceptions de la géographie régionale qui ne cessent de s'affronter bien inutilement au risque de complexifier la crème et la pâte d'un mille-feuilles territorial français passablement indigeste...

En effet, s'il s'était agi de prendre le fait régional au sérieux, il fallait faire de la région, le lieu et le moyen permettant d'associer la géographie humaine de la géo-histoire provinciale qui est celle des appartenances, de l'espace-vécu enraciné, de l'identité, de la fierté, avec la géographie fonctionnelle de l'espace économique, de la décision institutionnelle, politique et administrative avec son périmètre territorial...

Bref! Associer au mieux sur un même territoire la région de la raison avec la province du coeur: dans cette conception qui a pour elle l'honnêteté intellectuelle et le respect des réalités, nulle obsession stupide pour une soi-disant "taille européenne" qui n'existe pas. Une vraie région n'est ni grande, ni petite: c'est une vraie région par ses qualités et sa cohérence.

Faisons l'expérience de superposer la carte des anciennes provinces sur celle des départements: on trouvera très vite des cohérences et des évidences régionales qu'il est indispensable de ne pas ignorer!

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Dès février 2014 craignant la révolte de ses grands barons régionaux socialistes et de relancer l'épineuse question régionale bretonne,  François Hollande renonce très vite à l'idée de refaire la carte des régions sur la base départementale pour machiavéliquement proposer la méthode de fusionner deux ou trois régions contiguës en instrumentalisant la question de la réunification de la Normandie avec cet argument simple pour les benêts de la sphère politico-médiatique parisienne qui découvraient ébahis la question régionale comme une poule découvre une brosse-à-dents: la fusion régionale ça marche pour les Normandie (sic) donc ça peut réussir ailleurs!

C'est ainsi que le "cas d'école normand" va être utilisé pour vendre la fusion régionale ailleurs. L'autre avantage pour Hollande est aussi de régler définitivement un vieux compte personnel avec un certain Laurent Fabius...

En mai 2014, nous avions envoyé à Alain Rousset qui présidait alors l'association des Régions de France un projet de carte de France à 15 ou 16 régions-provinces qui résultait de l'application de la méthode exposée ici: cette carte proposait, outre la réunification de la Normandie, celle de la Bretagne bien sûr! mais aussi celle du Dauphiné, de la Gascogne, du Poitou, de la Savoie, etc...

http://normandie.canalblog.com/archives/2018/11/02/36836760.html

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http://normandie.canalblog.com/archives/2019/07/26/37522608.html

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Nous avions eu très vite un retour très positif du directeur de cabinet d'Alain Rousset lui-même très intéressé par notre démarche. A l'époque l'ARF ne désespérait pas d'obtenir auprès de MM. Valls et Hollande le droit de co-piloter la plus ambitieuse réforme territoriale depuis la départementalisation de 1790. En vain...

La suite, vous la connaissez.

Aujourd'hui bien peu s'intéressent sérieusement à la question régionale dans le domaine de la recherche universitaire et l'intérêt pour cette question est proche de zéro dans les cursus des grandes écoles parisiennes et, par conséquent, dans le cirque politico-médiatique parisien.

Laurent Davezies, l'économiste qui fait de la géographie a eu, néanmoins, l'honnêteté de reconnaître ce trou noir intellectuel parisien car cette recherche sérieuse existe pourtant bel et bien dans de nombreuses universités françaises notamment en province mais elle n'a pas les relais politiques et médiatiques suffisants pour se faire connaître et influencer la décision politique à l'exception, peut-être, là encore du cas normand avec un collectif régional des géographes universitaires normands qui de 2010 à 2015 a joué un rôle important dans les débats publics qui ont accompagné la réunification de la Normandie.

Compte tenu des urgences inédites que nous avons à subir, l'idée régionale pourrait enfin jouer un rôle important sinon historique pour la France et son avenir:

Là encore, la Normandie, seule vraie région sur la carte de France, région d'intérêt national avec l'Axe Seine, pourrait montrer la voie en étant le laboratoire territorial où les solutions de la subsidiarité régionale pourraient être expérimentées si l'Etat central parisien nous faisait enfin confiance!

Mais on craint de faire un rêve éveillé pour ne pas voir un cauchemar:

Le triomphe d'une géographie fonctionnelle économiste d'inspiration néo-libérale explosant aussi le bien le cadre régional que le cadre national au nom de la mise en place d'un archipel métropolitain mondial quitte à faire disparaître la plus légitime et la plus honnête des régions de France!


 

Dans la matinale de ce 28 janvier sur France Culture, après les palinodies d'un Premier ministre en Alsace, que peut-il rester d'une idée mal digérée?

Pas grand chose...

https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-politique/le-billet-politique-du-jeudi-28-janvier-2021

Jean Castex a confié qu'il n'avait "jamais été convaincu" par la réforme de 2015, qui a fusionné plusieurs régions entre elles

L'histoire que nous vous racontons ce matin pourrait être un exercice pour les orthophonistes : à l'Est, Jean Castex lâche du lest.  

Mais plus que la diction, ce qui pose problème dans ce dossier, c'est le rapport de l’État aux régions.

Alors disons-le, ce qui se joue ici n'est pas extrêmement spectaculaire. Il est question de collectivités locales et de rapports entre les institutions. On a déjà vu plus croustillant. 

Et pourtant, hier après-midi au Sénat, la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault a suscité quelques exclamations dans l'assistance. Elle défendait ainsi les déclarations du Premier ministre :  

« Au fond, il a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ».

Alors de quoi s'agit-il ? Quelle est donc ce sujet assez technique sur lequel le Premier ministre a dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas ?

Eh bien il s'agit de la taille et de la cohérence des régions françaises. On a déjà évoqué ce thème sur France Culture.

En 2015, François Hollande a créé les "grandes régions". Cette réforme avait par exemple réunifié les deux Normandie (la haute et la basse), marié Rhône-Alpes et Auvergne. L'Alsace fut intégrée dans un vaste ensemble, qui comprend aussi Champagne-Ardenne et Lorraine.

Et voici donc ce qu'en a dit Jean Castex il y a quelques jours :

"Je voudrais vous faire une confidence personnelle: je n'ai jamais été convaincu par la création de ces immenses régions (en 2015), dont certaines ne répondent à aucune légitimité historique et surtout ne me paraissent pas répondre aux besoins grandissants de nos concitoyens pour une action publique de proximité"

Alors Jean Castex reprend ici une critique connue contre ces très grandes régions. Pas d'unité historique. Par exemple, quel sens y a-t-il à regrouper Limoges et Saint-Jean-de-Luz dans la même collectivité ? C'est pourtant le cas dans la région Nouvelle Aquitaine.  

Il y a quelques décennies Henri Kissinger, le chef de la diplomatie américaine, s'amusait à demander : "quel est le numéro de téléphone de l'Europe ?" ; une manière de souligner l'absence d'unité et de cohérence de ce grand ensemble européen.  

Ici, Jean Castex fait un peu la même chose avec la région Grand Est : Grand Est, quel numéro de téléphone ?  

Car le Premier ministre n'a pas parlé depuis n'importe où. Il l'a fait en Alsace, à Colmar. D'où les applaudissements nourris.  

Les élus locaux alsaciens n'ont jamais digéré d'être dilués dans la région Grand Est.  

Nombre d'entre eux l'ont vécu comme une provocation, une négation de l'identité alsacienne.  

Ils l'ont d'autant plus mal vécu, qu'à l'autre bout du pays, la Bretagne, elle, est restée intacte.  

Mais le cas est intéressant, car depuis, les Alsaciens ont contourné le problème : ils ont crée une nouvelle structure. Une "collectivité européenne d'Alsace". 

Démembrer

Cette collectivité, c'est une fusion entre les deux départements alsaciens, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Plus précisément, une fusion entre les deux conseils départementaux, qui ont mis leurs compétences en commun.  

Elle a vu le jour tout récemment, le 1er janvier dernier. Disons le clairement : cette collectivité souhaite peu à peu obtenir les compétences qui sont du ressort de la région, comme la compétence économique. Le président de la toute nouvelle structure appelle même à « démembrer » la région Grand Est. Voici au moins une revendication imagée...

Alors quel constat en tirer ?  

D'abord, bien sûr, on peut s'interroger sur l'aspect électoral des déclarations de Jean Castex. Cherche-t-il, à quelques mois de la présidentielle, à se concilier le vote des électeurs de la droite modérée et Européenne, nombreux en Alsace ? Sans doute.  

Mais on peut aussi noter plus largement l'échec de cette réforme de 2015 des grandes régions. Si l'objectif était de limiter le sentiment identitaire alsacien, c'est l'inverse qui s'est produit.  

Si l'objectif était de diminuer le fameux millefeuille administratif, ça n'a pas marché non plus : il y a même une couche de plus, avec cette nouvelle collectivité.  

En somme, « le mille-feuille français n'en finit pas de s'étoffer ». 

Tiens, ce pourrait être un autre exercice de diction.  

Frédéric Says


 

Commentaire de Florestan:

Nous confirmons, sorti du micro-ondes de France Culture,  le mille-feuilles territorial n'est pas très "croustillant"!

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Commentaires
C
Sauf que le représentant de chez cassoulet que nous avons le malheur d'avoir comme premier ministre n'est pas du tout a sa place ,il se plante sur tous les sujets la liste serait d'ailleurs trop longue pour les énumérer ,mais même le Havrais n'a pas non plus gâté la Normandie lorsqu'il était premier ministre .
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M
La réunification des deux Normandie fut une réparation d'une erreur du passé. Pour le Grand Est: si les Alsaciens n'avaient pas refusé en bloc la fusion de leurs deux départements, ils ne seraient pas aujourd'hui dans un grand machin.
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G
M Hollande manquant de projet s'est empressé de détricoter la réforme territoriale voulue par Sarkozy, qui n'avait pas eu le courage de la mettre en oeuvre plus tôt, dommage, cela aurait déjà réduit le nombre d'élus. N'écoutant que son courage qui ne lui disait rien, m Hollande n'a touché ni au nombre d'élus ni au mode de calcul de leurs indemnités...<br /> <br /> Il aurait pu restructurer légèrement le découpage des régions, cela aurait certainement été plus efficace en matière d'économie, mais les élus dd droite comme de gauche, ont toujours tout fait, y compris contre leur majorité pour freiner toute évolution qui diminuerait le nombre d'élus, en ce moment, ce sont les sénateurs qui freinent des 4 fers...
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