SERQUEUX-GISORS: les premiers trains de fret font trop de bruit et c'est parvenu jusqu'aux oreilles de Valérie Pécresse...
La ligne de fret ferroviaire reliant directement le port du Havre à la région parisienne vient d'être mise en service dans la plus grande discrétion tant les riverains notamment du côté de Pontoise sont à l'affût de la moindre nuisance sonore générée par des convois ferroviaires plus lourds et plus longs que les trains de voyageurs.
Légitimement, les riverains sont inquiets et peu satisfaits des réponses apportées par les technocrates et les ingénieurs de SNCF Réseau qui n'ont pas la culture de la démocratie d'usage qui demeure une étrangeté exotique en France.
Il y a donc, urgence à ce que les améliorations nécessaires soient apportées dès que possible car la colère des citoyens riverains électeurs provoque la colère des élus locaux concernés, notamment à Pontoise: une colère qui est revenue jusqu'aux oreilles de Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France qui est en campagne pour sa réelection...
Ne nions pas la difficulté du sujet: nous ne sommes pas dans les vapeurs verbales de grandes incantations verbales sur le Grand Paris ou sur l'Axe Seine qu'apprécient la maire de Paris, le Nouveau Maître de Rouen ou un ancien Premier ministre redevenu maire du Havre. Nous sommes dans la réalité avec ses contradictions sinon ses dilemmes.
La liaison ferroviaire du Serqueux-Gisors est d'intérêt nationale pour la compétitivité du grand maritime du Havre mais la qualité de vie des riverains de la ligne ne doit pas être passée par pertes et profits: il est donc impératif que ce sujet d'intérêt général ne fasse l'objet d'aucune instrumentalisation politicienne électorale.
Si ce n'est pas déjà fait, Valérie Pécresse a le devoir d'en parler avec Hervé Morin, le président normand qui n'a eu de cesse de faire des offres de bonne volontés à la présidente de l'Ile-de-France pour une coopération interrégionale ambitieuse sur l'Axe Seine: mais avec un Etat central plus que jamais incertain sur les sujets d'intérêt général de long terme, difficile de faire quoique ce soit!
Ces derniers demandent le report de la mise en service prévue cette semaine « tant que de réelles mesures de compensations pour les riverains ne sont pas en application ».
« C'est absolument inadmissible. Il faut que ce mépris cesse ! » Ce samedi à Pontoise, rendez-vous était donné pour une conférence de presse du collectif d'élus opposés à la nouvelle ligne de fret Serqueux-Gisors.
Dans la salle, beaucoup d'hommes mais quatre femmes à la tribune. Marie-Christine Cavecchi, présidente (LR) du conseil départemental du Val-d'Oise, Valérie Pécresse, présidente (Libres !) de la région Ile-de-France, entourée de ses deux vice-présidentes val-d'oisiennes ; Stéphanie Von Euw, également maire de Pontoise et Florence Portelli, maire de Taverny. L'objectif est clair : il s'agit de mettre un véritable coup de pression à la SNCF.
Car le temps est à l'urgence. En effet, après trois ans de chantier et malgré l'opposition locale de longue date, l'axe reliant le port du Havre (Seine-Maritime) à la région parisienne est fin prêt. Les premiers trains étaient même annoncés pour ce vendredi. Finalement, ils devraient faire leur apparition la semaine prochaine. Au grand dam des riverains qui estiment toujours que les mesures antibruit promises sont loin d'être au rendez-vous.
Pourtant, dans le Val-d'Oise, il s'appuie sur la ligne J empruntée par les trains de voyageurs, traverse ainsi quinze communes dont Pontoise, où les voies sont implantées en plein centre-ville. « Nous demandons le report de cette mise en service tant que les mesures de compensations ne sont pas en application et aujourd'hui elles n'existent pas, affirme Stéphanie Von Euw. Pourtant, les exigences ne sont pas irréalistes, elles sont juste normales ». La maire de Pontoise regrette notamment que les 40 m linéaires de mur antibruit prévus au départ à Pontoise soient « abandonnés ».
« 2 km d'écran » sont bien installés à Eragny-sur-Oise, Saint-Ouen-l'Aumône, Osny et Chars. « Des travaux représentant un investissement de huit millions d'euros », précisait en décembre dernier SNCF Réseau. En parallèle, l'entreprise publique finance également une campagne de protection des pavillons les plus proches de la voie.
Très insuffisant selon le collectif pour qui la SNCF doit s'engager sur « une modernisation du matériel roulant, des murs antibruit » avec une doctrine «précise et d'ensemble » et des travaux d'insonorisation sur l'ensemble des propriétés de Pontoise impactées et pas avec un principe de « saucissonnage». « C'est un projet rempli d'inepties dans des zones très urbanisées contre lequel on se bat depuis des années », insiste Marie-Christine Cavecchi.
Mise en service le 12 mars, la nouvelle ligne de fret ferroviaire SNCF fait déjà grincer les dents des riverains et élus, dont la présidente de la Région Île-de-France, à Pontoise.
Le projet de la ligne de fret ferroviaire dite Serqueux-Gisors de la SNCF a été lancé « dans la plus grande discrétion » vendredi 12 mars 2021, regrettent Guylaine Chironnier, la présidente du Collectif Alertes Ripostes Fret (CARF) et Valérie Pécresse, la présidente de la Région Île-de-France, qui s’expriment sur le sujet ce samedi 13 mars.
Le tout premier train de fret empruntant la ligne J depuis 1988 a traversé le centre-ville de Pontoise (Val-d’Oise), vendredi 12 mars 2021.
« À midi tapant », précise Guylaine Chironnier, la présidente du Collectif Alertes Ripostes Fret (CARF).
Guylaine Chironnier dénonce certaines inégalités dans la protection des habitations. Elle estime qu’un mur anti-bruit résoudrait ce problème. Rien n’est cependant prévu à Pontoise. (©Jo.C. / La Gazette du Val-d’Oise / Actu.fr)
Les premiers trains circulent
« Il est passé tout doucement, au pas, mais ça ne m’a pas empêché de remarquer tout de suite qu’il ne s’agissait pas d’un train habituel. Le bruit est plus lourd, même au ralenti. J’espère qu’ils n’iront pas plus vite, sachant qu’ils ne s’arrêtent pas en gare de Pontoise, contrairement aux trains de voyageurs », poursuit la Pontoisienne, dont la maison est située à 21 mètres des voies.
Pour rassurer et épargner des nuisances sonores aux riverains, SNCF Réseau avait promis au CARF et aux élus de fournir des protections acoustiques (murs antibruit, remplacement de portes et fenêtres) aux habitations les plus impactées. Or, ces dernières sont très peu à avoir bénéficié de ces mesures.
« Seuls les murs les plus proches devant lesquels plus de 68 décibels (dBa) ont été relevés sont éligibles. Ça filtre pas mal de monde. Et ensuite les procédures sont extrêmement longues », regrette Guylaine Chironnier.
Parmi les premières à s’être manifestée dès l’ouverture des visites préalables de la SNCF, en septembre, la présidente du CARF n’a toujours pas obtenu les fonds nécessaires pour lancer le chantier.
« Un acousticien missionné par la SNCF est simplement venu chez moi pour mesurer l’espace entre le double vitrage », explique-t-elle.
Constat d’huissier
Guylaine Chironnier invite, par ailleurs, tours les présidents d’associations opposées au projet à faire expertiser et constater par un huissier l’état du bâti au plus vite avant l’intensification du fret, comme elle l’a fait avec l’association de riverains du Clos-des-Anglaises, dans son quartier.
« Il s’agit de se prémunir d’éventuelles dégradations, comme l’apparition de fissures ou autres, sachant que beaucoup d’habitations anciennes longent la voie ferrée », précise-t-elle.
La présidente du Carf estime que « la meilleure solution serait d’aménager des écrans acoustiques », comme à Éragny-sur-Oise, Saint-Ouen-l’Aumône ou encore Osny. « Hélas ce n’est pas prévu à Pontoise », conclut-elle.
Valérie Pécresse et le Collectif des Élus de la ligne J
Guylaine Chironnier, a par ailleurs été invitée à intervenir au côté de Valérie Pécresse, samedi 13 mars 2021, à 12h, au Dôme de Pontoise.
La présidente (Libres !) de la Région Île-de-France, qui a souhaité « redire publiquement » son « opposition aux conditions de mise en service » de la ligne de fret, au côté de sa vice-présidente (Libres !) Stéphanie Von Euw, maire (Libres !) de Pontoise, ou encore de Marie-Christine Cavecchi,la présidente (LR) du Conseil départemental du Val-d’Oise.
Avec l’association de plusieurs autres élus, y compris des Yvelines, concernés par cette intensification du fret, le Collectif des Elus de la ligne J, ils dénoncent, entre autres, « le mépris de milliers de riverains », ainsi que celui de « la convention d’intention votée par la Région en février 2021 visant à lutter contre le bruit ferroviaire en Île-de-France, purement ignorée par la SNCF ».
« Des compensations légitimes »
« Comment saisir l’observatoire du bruit de la SNCF pas encore créé ? », ironisent les élus franciliens, qui insistent sur « l’absence d’informations et de concertation de la SNCF ».
En outre, ils attendent « des compensations légitimes pour le bien-être des habitants ».
La conférence de presse est retransmise en direct sur la page Facebook de la Ville de Pontoise.