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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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23 mai 2021

Préjugés sur la langue normande: La Manche (libre) ne l'est pas...

Aperçu cet article dans la dernière édition hebdomadaire de La Manche Libre au sujet du panneautage en normand décidé par la commune de Marchésieux:

On se réjouit que plus d'une centaine de communes normandes ont opté pour un panneautage français/normand là où l'usage culturel et historique est pertinent. Mais le plumitif anonyme de La Manche Libre auteur de l'article ci-dessous estime nécessaire de rappeler que "le Normand n'est pas une vraie langue mais une déformation de la langue française..."

Les préjugés ont la vie dure!

Marchuus

 

Cet article a fait vivement réagir nos amis de la langue normande.

Nous vous proposons de lire la réaction et les explications de Rémi Pézeril de l'association Magène.

Boujou !
Inondons La Manche Libre de mails...  Les préjugés ont la vie dure, mais c'est aussi parce qu'il faut les contredire sans cesse!
administration@lamanchelibre.com
Des arguments:
1) le normand n'est pas "une déformation du français" : les deux langues, normand et français, ont évolué à partir du latin avec des différences dues à leur histoire, influences germaniques, scandinaves marquées en normand. Voici ce qu'en dit Jean-Pierre Montreuil, linguiste, professeur de langues romanes aux États-Unis, écrivain en Cotentin auteur d'une quinzaine de livres bilingues.
De toute évidence, le normand est une langue. Ce n'est pas une langue officielle, nationale, aussi développée que le français dans beaucoup de domaines. Mais la très grande majorité des langues du monde n'est ni officielle, ni nationale, ni développée dans tous les domaines, ni même écrite ou littéraire, ni même dotée d'une profondeur historique comme la nôtre. Certaines "faiblesses" (comme la représentation de l'abstraction dans les langues d'oïl) sont compensées par certains "atouts" (comme la richesse métaphorique dans ces mêmes langues).
Des circonstances externes à la langue ont fait que nous sommes plus rabelaisiens que malherbistes.
Langue, patois, parler, dialecte... Quel mot utiliser?
 
Patois: – C'est vraiment un mot à éviter parce qu'il est porteur de connotations tout à fait négatives.
 
Parler: – Parler est neutre et non entaché de jugement négatif. Mais il insiste sur l'oralité et fait référence à une extension géographique ou sociale limitée : le parler de Cherbourg, le parler des pêcheurs de Port-en-Bessin...
Dialecte: – C'est avant tout un mot technique, surtout utilisé dans les ouvrages universitaires...
On évitera de dire des choses comme : "le normand est un dialecte du français", comme s'il y avait une relation intrinsèque dominant/dominé. 
On parlera plutôt de convergence, deux langues développées parallèlement à partir de la même source. 
Issue du latin, la langue normande n'est pas passée par le français pour devenir normande, ni le contraire d'ailleurs. – Qui que vous en dites ? Jean-Pierre Montreuil
J'ai repris ceci dans le "Livret de conversation" destiné aux "Cafés normands" qui sera distribué gratuitement (sera imprimé la semaine prochaine)
2) Geraint Jennings m'a fait remarquer que le jerriais et le guernesiais sont des langues officielles ! 
Jean-Pierre Montreuil en écrivant dans Le Boués-Jaun, la revue de l'association d'Alfred Rossel,  pensait au normand du continent:  "pas une langue officielle, nationale..." : mais chez nous il s'agit d'une langue officielle (et à Guernesey aussi) et nationale (selon les recommandations de la commission sur l'identité insulaire, Jersey est une nation, comme l'Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles... dans le contexte Britannique et du Commonwealth).
 
3) vous pouvez citer Victor Hugo : – Paraît que Victor Hugo en exil à Guernesey a mis des mots normands dans ses romans ? – Veire, il écrivit: «Quant au patois, c’est une vraie langue, point méprisable du tout. Ce patois est un idiome complet, très riche et très singulier. Il a des savants spéciaux, parmi lesquels il faut citer le traducteur de la Bible en guernesiais, M. Métivier ». « Paroisse se prononce paresse. On a ‘‘un mâ à la gambe qui n’est pas commun’’. On n’est pas ivre, on est ‘‘bragi’’. On n’est pas mouillé, on est ‘‘mucre’’. Une poche est une ‘‘pouque’’, un chou est une ‘‘caboche’’, la chaussée est la ‘‘cauchie’’ (...). La langue judiciaire et légale a, elle aussi, l’arrière goût normand ». Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer, publié en 1866.
 
4) De nombreux dictionnaires normand-français de milliers de mots existent ce qui montre que les différences sont plus "qu'une déformation du français":
 
– Fraink Le Maistre a pairaé eun Dictionnaire Jersiais-Français imposant en 1966 et achteu vos pouvaez suure sus https://www.jerriais.org.je/ des cours adultes en ligne en jèrriais. « C'est une langue vivante, nous avons hâte de la transmettre aux générations à venir » Ben Spink, chef du service, Geraint Jennings, agent de promotion, Marianne Sargent, Charlie Le Maistre, Aline Catermole, enseignants.
 
Geraint écrit : Îles de la Manche (au lieu d'anglo-normandes - il s'agit d'une recommandation de la commission du Gouvernement de Jersey sur
l'identité insulaire : l'usage du nom traditionnel en français des Îles au lieu de celui inventé par l'état français pour imposer sur nous une dénomination anglaise).

Commentaire de Florestan:
On peut aussi parler du "français régional" qui qualifie la langue française influencée dans son lexique par la langue régionale du lieu. Certains mots de la langue normande sont entrés dans le français pratiqué en Normandie ou plus largement dans le Nord de la France. Exemples: "clanche" pour poignée de porte, "bagnole" (du cauchois, petit "banneau") pour automobile dans le français populaire. Ou encore, le mot "pieuvre" (un mot jerriais passé dans le français littéraire grâce à Victor Hugo).
Enfin, le terme de "patois" même affligé d'un présuposé négatif sinon méprisant peut aussi avoir une acception positive et affective pour les "patoisants" et, delà, devenir un étendard de fierté linguistique pour lutter contre le mépris dominant linguistique jacobin à l'instar du mot "nègre" qui devient la "négritude" sous la plume d'Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor, notre plus grand poète normand...
Le "patois" est donc l'arme sinon l'âme de notre... "normanditude".
Voir aussi:
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