Billet de Florestan:
"La fin ne justifie jamais les moyens."
Nous le redisons encore: le billet mis en ligne sur l'Etoile de Normandie le jour du 14 juillet, notre fête Nationale, n'invite pas à contester ou à critiquer le choix de la vaccination ou à discuter de la pertinence de la politique sanitaire suivie par le gouvernement quand bien même il y aurait beaucoup à dire.
Le sujet du débat ici ouvert est profondément politique sinon philosophique car il s'agit de savoir si nous avons encore le droit d'arbitrer librement ce qui nous convient ou non sur un sujet essentiel sinon intime: notre santé.
Et nous savons que l'attachement viscéral à notre liberté de penser et d'agir, à notre libre arbitre est au coeur de l'identité française et, tout particulièrement, au coeur de l'identité normande qui repose, comme vous le savez sur l'héritage d'un patrimoine juridique et coutumier qui fut très protecteur du droit des personnes privées:
Quelques expressions normandes en témoignent encore:
"Sire de Sei": Seigneur de soi-même
"C'est mon dreit et j'y ti!"! c'est mon droit et j'y tiens!
La clameur de Haro pour appeler au secours contre toute voie de fait sur la personne humaine.
Ou encore, la devise encore inscrite sur les armoiries de la monarchie britannique fondée par Guillaume Le Conquérant: "Dieu ET mon droit" ce qui signifie que le chef de l'Etat est au service du droit et non l'inverse qui, dans la logique continentale européenne héritée de l'Empire romain, fait du souverain politique l'arbitre en dernier ressort de l'état de droit au nom de l'intérêt général...
Les authentiques amoureux de la matière normande le savent: dans le domaine normand ou anglo-normand hérité de nos ducs, le souverain ne peut pas faire de l'état de droit et de la loi les instruments de sa politique du moment.
Jean Sans Terre, qui a voulu copier le Capétien français "empereur en son royaume" l'a appris à ses dépens et c'est pourquoi Jean n'avait plus de terres quand il dut concéder la "Grande Charte" à ses barons et à ses populations mécontentes!
Les partisans du "pass sanitaire" sont tentés d'opposer la responsabilité à la liberté en nous rappelant cet adage: "la liberté individuelle s'arrête là où commence celle des autres". Le mot est fameux mais, au fond, il définit bien mal la Liberté car, certes, une authentique liberté individuelle responsable doit savoir s'arrêter avant de rencontrer (souvent violemment et accidentellement) celle des autres: d'où le respect scrupuleux des gestes barrières voire l'obligation d'être vacciné pour se protéger quand on est une personne à la santé fragile. On n'a ici jamais contesté cette nécessité.
Mais tout le problème est de définir, politiquement, c'est-à-dire dans la cité ce que peut être concrètement la liberté des autres car s'il s'agit de définir l'intérêt général comme la liberté des autres s'exerçant au détriment de la liberté individuelle comme l'a très lucidement perçu Alexis de Tocqueville dans la "Démocratie en Amérique" c'est ouvrir la voie la plus sûre à un conformisme social ou d'Etat d'autant plus autoritaire qu'il se pare de la vertu morale de faire le bien des individus y compris contre eux-mêmes.
N'oublions pas que la Révolution française est devenue sous la 1ère République une tyrannie sous prétexte de défendre "l'utilité publique" quitte à tuer les ennemis de la Liberté au nom de la Liberté. On sait que cette considération a armé notre chère Charlotte d'un couteau.
Et Robespierre avait trouvé chez Jean -Jacques Rousseau de quoi justifier le pire de sa politique car dans sa théorie du "Contrat social", Jean-Jacques avait vu lui aussi le problème mais l'a tranché en décrétant l'obligation de l'individu citoyen d'être vertueux c'est-à-dire de se soumettre à tous les effets concrets d'une loi dès lors qu'il l'a votée en tant que citoyen: c'est ainsi que des démocraties peuvent décider d'être moins libres notamment en cas de péril majeur sachant qu'une moindre liberté n'est pas le moindre des périls, bien au contaire!
Macron Créon...
On pourrait aussi évoquer le cas d'Antigone face à Créon pour ce qui concerne la hiérarchie des principes à respecter dans la cité: rendre les honneurs funèbres au cadavre d'un criminel fauteur de troubles est-ce plus ou moins important que de laisser pourrir ledit cadavre sur la voie publique pour l'édification de tous?
Avec la décision d'Emmanuel Macron on se trouve confronté de façon inédite et donc historique au même dilemme: liberté individuelle versus vaccination rendue, de fait, obligatoire puisque le choix excessivement discutable a été fait de contraindre à une certaine mort sociale celles et ceux qui pensent autre chose que ce que pense le gouvernement.
Ce samedi 17 juillet 2021, dans les rues de Caen et de Rouen de nombreux Normands (encore plus nombreux que la fois précédente) manifestaient au cri de "Liberté...
A Caen:
https://actu.fr/normandie/caen_14118/jamais-on-ne-manifeste-la-c-est-grave-un-millier-de-personnes-a-caen-contre-le-pass-sanitaire_43525609.html
« Jamais on ne manifeste, là c’est grave » : un millier de personnes à Caen contre le pass sanitaire
Samedi 17 juillet 2021, plus d’un millier de personnes ont manifesté à Caen contre le pass sanitaire.
Le pass sanitaire, l’obligation de se vacciner contre le Covid-19, la restriction des libertés : à Caen (Calvados) comme un peu partout en France, le mouvement d’opposition a rencontré un assez fort écho.
Samedi 17 juillet, plus d’un millier de personnes ont manifesté dans les rues. Un défilé hétéroclite en termes de classes sociales, d’âges et d’horizons politiques.
Marian cadre supérieur est ainsi venu avec ses amis Thomas et Sofiane. Trois jeunes trentenaires qui habituellement « ne manifestent jamais. Mais là c’est grave. Ce n’est pas une question de pro ou anti vaccin. Le pass sanitaire, quelle est la raison ? » interroge-t-il.
Il y a une vision polarisée du débat alors qu’il faut réconcilier tout le monde. Le pays et même le monde sont rentrés dans un schéma unidirectionnel qui ne me plaît pas. Je ne veux pas me balader toujours avec mon téléphone pour savoir si je peux entrer dans un resto.
« Au nom de la démocratie. »
Dans le cortège un groupe d’amis, tous soignants, du Calvados et de l’Orne sont aussi venus se faire entendre « au nom de la démocratie. »
« Je ne manifeste pas contre le vaccin », commente Vicky une infirmière. « Il faut être vacciné, mais qu’on laisse le choix aux gens », déclare-t-elle.
On a le droit de décider de ce qu’on fait de notre corps.
Vicky Infirmière
Pas encore vaccinée, « mais je n’ai pas le choix », Vicky est aussi venue pour la « réforme des retraites » qui se profile.
Un exemple parmi d’autres que les revendications exprimées samedi à Caen dépassent le cadre de la crise sanitaire. Car si beaucoup de manifestants ont scandé régulièrement des « Liberté, Liberté », les « Macron démission » se sont aussi fait entendre.
« En ce moment c’est une personne (le président) qui décide pour tout le monde », soutient un homme. « C’est de l’hystérie et du fatalisme. »
A Rouen:
À Rouen, quelque 1 500 personnes réunies à la manifestation contre le pass sanitaire
Une nouvelle manifestation a eu lieu, samedi 17 juillet 2021, à Rouen (Seine-Maritime), contre le pass sanitaire. Elle a mobilisé quelque 1 350 personnes, selon la préfecture.
Trois jours après leur première mobilisation pour contester le pass sanitaire, les manifestants se sont à nouveau rassemblés, samedi 17 juillet 2021. Le rendez-vous était donné à 14 heures place de l’hôtel de ville de Rouen (Seine-Maritime), et ils étaient 1 350 personnes à répondre à l’appel, selon les chiffres communiqués par la préfecture de Seine-Maritime. Selon la police, la manifestation, au plus fort, a rassemblé 1 550 personnes.
Le cortège, qui scandait « Liberté ! » et a chanté à plusieurs reprises la Marseillaise, s’est dirigé vers le centre-ville, avec des étapes rue des Carmes, place du Vieux-Marché et au palais de justice notamment.
« On est libre de choisir »
Parmi les participants, des non-vaccinés, des vaccinés et des Gilets jaunes, dont le collectif du rond-point des Vaches. « Nous sommes une trentaine dans le collectif, et sommes tous présents aujourd’hui. En tant que Gilets jaunes, nous manifestions déjà contre la privation de libertés il a y quelques années », détaille Michel, habitant de Sotteville-lès-Rouen. « Il n’est pas question que je me fasse vacciner. Je prends ce que je peux, au niveau de mon alimentation, pour me protéger du Covid. » À bientôt 70 ans, il dit n’avoir jamais été contaminé, alors qu’il se rend « à toutes les manifestations » et fait « toutes les bises ».
Même détermination chez Vivien, 27 ans. « Le vaccin, normalement, on est libre de le choisir. On doit connaître tous les composants d’un vaccin, là, ce n’est pas le cas. La privation de libertés, bien sûr que j’en ai peur. Mais je suis là pour ça, pour me battre pour retrouver cette liberté bafouée. » Lui aussi est Gilet jaune, « depuis le début », et fait part de l’hypothèse selon laquelle le vaccin pourrait modifier le système génétique.
Les manifestants approchés insistent : ils ne sont pas anti-vaccination. Daniel, 75 ans, est lui aussi présent, et vacciné. Il est là « pour défendre la liberté individuelle de chacun. C’est inadmissible que l’on oblige les gens ! » Le Rouennais dit s’être posé des questions avant de se faire vacciner. « Je l’ai fait quand même, car compte tenu de mon âge [75 ans, NDLR], s’il y a des effets secondaires… » Il explique que sa fille soignante, en revanche, refuse de recevoir les doses. « Je respecte son choix, mais elle risque de perdre son travail en septembre… »