Les états à petite taille sont à la mode!
Certains aime leur pays, c'est légitime, d'autres leur région (avec un vrai nom et nom un "numéro", ou une position cardinale "haute" ou "basse", qui ne veut rien dire....). Certains se sentent "citoyen du monde", c'est leur choix, à moins bien sûr de le respecter ce "monde".
Mais les grands états, cela semble dépasser, cela semble ne plus répondre aux aspirations... et ils sont source de conflits : on le voit bien avec les leurres et les limites de l'universalisme, ou de "nous sommes supérieurs" donc "on doit diriger ou imposer sa propre vision du monde aux autres".... Chacun en France donnant des leçons aux Etats-Unis sur la guerre d'Irak ou Katrina, puis aujourd'hui les Etats-Unis fustigent la "vertueuse" France et sa politique depuis 30 ans. Qui est en feu en Europe, la seule en feu : la France!.
On se demande avec tous ce qui s'accumule comment ça pourrait aller plus mal.....
Que la France ou les Etats-Unis aient des positions et les défendent c'est normal, mais tout le monde n'y est pas habilité sauf à exprimer son opinion strictement personnelle donc à n'exprimer que dans son coin.
Ces pensées mènent forcément à des impasses, et l'on s'en bien qu'il va falloir sortir de ces considératons.
Mais que permet concrètement un état de petite taille :
> cela permet de faire une meilleure politique puisque la mentalité d'un petit état est assez homogène (ou plus homogène), cela ne voulant pas dire qu'il n'y a pas de clivages politiques, bien au contraire. Fort de ce "groupe", l'acceptation de l'autre, de l'étranger est facilité.
> cela permet que le vote est moins noyé dans la masse, on se sent plus acteur et permet de ne pas avoir ce "sentiment d'impuissance". Normallement, si les acteurs politiques ne se laissent pas déborder, les risques de violence sont limitées.
> cela permet que les décisions ou les actions soient entreprises au plus près de citoyens qu'elles concernent. Le citoyen d'un petit Etat se sent associé aux décisions locales.
> cela permet de mieux respecter les choix environnementaux, culturels, et d'échanges avec des petits états. La peur de la mondialisation est mieux canalysée, on se sent plus protégé. Les liens sociaux sont plus ressérés et il existe une plus grande fraternité naturelle (puisque le vivre ensemble ne se décrète pas par une loi ou par une institution, et la sensation d'abandon ou de vide s'en trouvent diminuées. Le résultat est que la stabilité est plus forte, l'envie d'échanges et d'innovations est plus forte, ainsi que l'envie de participer : le vote en devient plus fort, les questions sur les enjeux sont plus proches, et ainsi sur des enjeux plus forts les citoyens ne sont pas pris au dépourvu).
> cela permet la diminution de conflits, et guerres possibles entre états à caractères universalistes (donc entre grands états). En effet si une institution représentante des petits Etats permet de contrôler et de réguler ses souverainetés alors ces petits Etats ne se font pas la guerre. Dans le cadre de l'Europe, cette grande institution serait bien sûr une Union Européenne "intégrée" et politique (ce qui n'est pas vraiment le cas aujourd'hui).
Exemple de petits Etats existants ou futurs : Luxembourg, Catalogne, Suisse etc....
C'est une proposition après discussions et réflexions, c'est une fin sans exprimer de moyens pour y parvenir et auxquels politiciens, politilogues, acteurs, et tout à chacun, peuvent réfléchir.
Yuca de Taillefer.
Je met ci-dessous pour alimenter la réflexion sur ce thème, l' article :
"La vogue des Etats de petite taille" du 08/11/2005, par Daniel Vernet dans le Monde
Chronique
La vogue des Etats de petite taille, par Daniel Vernet
LE MONDE | 08.11.05 | 15h58 • Mis à jour le 08.11.05 | 15h58
Pourquoi la Catalogne n'aurait-elle pas son Etat ? Pour le représentant du parti nationaliste catalan, la question est rhétorique. Pourquoi pas en effet ? Après la dislocation des derniers grands ensembles européens, soviétique à l'Est, yougoslave au Sud, les Etats modèles réduits semblent de nouveau en vogue. Au Conseil européen de Luxembourg, en juin 1991, alors que la Slovénie et la Croatie venaient de proclamer leur indépendance, François Mitterrand avait passé un petit papier à son ministre des affaires étrangères Roland Dumas. "Si on commence comme ça, combien de nouveaux Etats faudra-t-il reconnaître ?", demandait le président de la République. Suivait une liste de quatorze noms où se trouvaient quelques régions européennes.
On n'en est pas là mais, en Russie comme dans les Balkans, la décomposition est loin d'être terminée. On peut le regretter, comme François Mitterrand, qui craignait que la guerre ne surgisse de ces rivalités entre "tribus". On peut au contraire penser qu'il n'y a pas d'autre solution pour assurer au moins un semblant de stabilité. La multiethnicité est une belle idée, mais la séparation de populations qui se haïssent vaut mieux que des affrontements permanents. C'est vrai dans le Caucase, où la Russie peine à maintenir l'ordre malgré une répression féroce, y compris contre les civils. C'est vrai dans les Balkans, où le statut du Kosovo, gelé au printemps 1999 après l'intervention de l'OTAN contre la Serbie de Milosevic, sera réexaminé avant la fin de l'année, avec la nomination de Martti Ahtisaari, ancien président finlandais, comme envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU.
Quels que soient les habillages sémantiques qui seront trouvés pour faire avaler la pilule aux dirigeants de Belgrade toutes tendances confondues, on se dirige vers l'indépendance. Quel sera alors le sort des Serbes restés au Kosovo ? La partition peut-elle répondre à leurs aspirations ? De la réponse dépendent les réactions en chaîne que l'indépendance du Kosovo pourrait déclencher. Imaginons la pire des hypothèses : les Serbes réclament l'indépendance de la Republika Serbska, première étape de son absorption par la Serbie. Les Croates en profitent pour annexer l'Herzégovine, ce qui signerait la fin de la Bosnie-Herzégovine, reconnue par la communauté internationale en 1992. L'indépendance du Kosovo pourrait aussi donner des idées aux Albanais de Macédoine malgré les progrès accomplis par ce pays pour l'apaisement des tensions ethniques et pour l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne. Si la communauté internationale parraine l'indépendance du Kosovo, pourquoi ne finirait-elle pas par reconnaître celle de l'Abkhazie, voire de la Transnistrie, qui veulent se détacher la première de la Géorgie, la seconde de la Moldavie, avec la neutralité bienveillante de la Russie ? Dans l'ex-Yougoslavie, l'union de la Serbie et du Monténégro apparaît bien mal en point. Les Monténégrins envisagent toujours un référendum sur l'indépendance. L'union, maintes fois menacée, avait pourtant été ressoudée sous les auspices de l'UE et de son haut représentant pour la politique étrangère, Javier Solana, à tel point que ce pays étrange a été surnommé "la Solania".
Pour l'heure, la seule réponse à la fragmentation réside dans la perspective européenne ouverte par les diverses moutures de la politique de stabilisation qu'offre Bruxelles. Mais croire que la désintégration est une étape inévitable vers l'intégration dans l'Union européenne, c'est surestimer les forces d'une organisation en passe d'être débordée.
Daniel Vernet
Article paru dans l'édition du 09.11.05