" Paul dans sa vie " sur grands écrans en Normandie.

  Une fois n'est pas coutume! Parfois il n'y a pas que de la violence ou de la niaiserie à la télévision et au cinéma (second degré!). Un film à voir :  "Paul dans sa vie".

    
Une note parue le 25 janvier 2005 sur "l'Etoile de Normandie" intitulée "Un documentaire sur un paysan de la Hague reçoit un prix international" présentait déjà ce très bon film.
"PAUL DANS SA VIE", production de la télévision régionale France 3 Normandie est projeté sur les grands écrans suivant à partir des dates indiquées (durée : 1h40)

3 mai : Cinéma "l'Odéon" de Cherbourg (Cotentin)
3 mai : Cinéma "Le Grand Large" à Fécamp (Cote d'Albatre/Pays de Caux)
10 mai : Le "Café des Images" à Hérouville-Saint-Clair (Calvados)
17 mai : Le Cinéma "Drakkar" à Yvetot (Pays de Caux)
17 mai : "Cinéma de La Plage" à Hauteville-sur-Mer (Cotentin)
24 mai : Le Normandy à Thury-Harcourt (Suisse Normande)
31 mai : Le Palace à Equeurdreville (Cotentin)
7 juin : Le Rex à Sées (Orne)

Le Monde consacre à "Paul dans sa vie" un bien biau papier !

Critique
"Paul dans sa vie" : un paysan pur et dur confronté à une caméra amie

LE MONDE | 02.05.06 | 13h36  •  Mis à jour le 02.05.06 | 13h36

Rémi Mauger, réalisateur à la télévision, né en Normandie : "Je connais Paul depuis mon enfance ici dans la Hague, quand tout le monde ou presque était paysan. Lorsque j'avais 20 ans, on me disait de profiter de lui, parce que des comme ça, je n'en verrais plus beaucoup." Paul Bedel : "Tu veux faire un film sur moi ? Tu vas te donner bien du mal. Les gens doivent nous trouver folkloriques. Mais moi, je ne suis pas dans le folklore, je suis dans ma vie."

Voilà le projet de Rémi Mauger. Tout est dit. Cet homme du cru, marqué comme tous les gens du coin par l'irruption d'une usine nucléaire dans sa lande natale, témoigne. Devenu cinéaste, il a vu comment l'usine a chamboulé la région. Il a vu son père, agriculteur, répondre comme beaucoup d'autres aux sirènes atomiques, changer de métier, de vie, de rythme. Et il a ressenti le besoin, à travers ce film documentaire, Paul dans sa vie, de signer cet hommage à ce paysan pur et dur, l'un des derniers à se sentir en harmonie avec son activité et son environnement.

Qui est Paul Bedel ? Un type qui a tout sacrifié pour poursuivre la tâche de son père, faire en sorte que ses mains "remplacent les siennes". C'est à pied qu'il tire sa carriole à foin, en tracteur qu'il se rend aux champs, en Mobylette qu'il va pêcher sur la plage, à marée basse, pour ramasser crabes, homards et bigorneaux. Cela fait des années et des années qu'il obéit aux saisons, sans voir passer le temps, sans avoir vu que le temps s'en va. Traire les vaches au pré, renifler l'odeur du lait qui n'est pas la même suivant le champ où la bête s'est repue, faire du beurre que ses soeurs vendent aux voisines, semer blé et avoine, faucher, récolter, réparer les machines, alterner petits bricolages et grosses corvées.

Paul suit l'heure solaire et lit le journal le lendemain de sa parution, quand l'un de ses frères le lui amène. Placide, il regarde le Salon de l'agriculture à la télévision : le folklore, il est là, dans cette rassurante image entretenue par l'imaginaire. On y parle de valeur ajoutée, de beurre au goût de noisette : "Tout a goût de noisette !", ironise-t-il, lui qui, au fil des ans, a dû s'habituer à voir les champs qui entouraient les siens désertés.

Paul a de l'humour : "Pour avoir un oeuf, il faut que je laboure, récolte du blé pour en nourrir ma poule. Tu parles d'un boulot !" Il a toujours voulu vivre "au plus près du naturel", il tient un journal intime depuis toujours, dans lequel il consigne ses faits et gestes, et le temps qu'il fait, le temps "qui n'est jamais perdu". Depuis toujours aussi, il est bedeau à l'église du village, le curé lui a confié mission d'apporter la communion aux personnes alitées. La première fois qu'il a donné l'hostie, c'était pour son père. Emotion.

Paul a les larmes aux yeux lorsqu'il parle de son père. Il dit aussi que ses vaches font partie de la famille depuis des générations, que chacune est le portrait craché de sa mère, et que ça lui fait quelque chose de vendre ses veaux avant de prendre sa retraite.

Paul est un innocent, un brave type, terriblement attachant, l'un de ces hommes sur lesquels des gens comme Rémi Mauger, disciple de Raymond Depardon, ont à coeur de faire un travail de mémoire. Paul dans sa vie est le prototype de beaux films sur l'héritage, la transmission, le patrimoine, que l'on devrait voir sur une télévision digne de ce nom.

N'accusons pas les programmateurs du service public : Paul dans sa vie a été diffusé sur quelques antennes régionales de France 3 dans une version de deux fois 52 minutes, et dans son entier au milieu de la nuit. Le portrait d'un type qui n'a pas vendu son âme ne peut pas passer en prime time.

Jean-Luc Douin

Article paru dans l'édition du 03.05.06

Comments

[Florestan]

D'accord avec l'analyse de Lionel 50 à propos du préjugé favorable à la Bretagne dans le Sud Manche (je suis à Granville): en gros on dit que la réunification n'a aucun intérêt car Rouen c'est trop loin et ça regarde vers Paris. Si l'on regarde les migrations (travail et tourisme) c'est un peu vrai. Il y a des Rouennais ou des Havrais qui découvrent avec plaisir Granville et la baie du Mont St Michel construit par des architectes normands et rouennais (soit dit en passant!)Mais peu de Granvillais passent par curiosité la Seine. Néanmoins, quand j'explique à ma boulangère de la rue Le Campion, au copain de mon frère qui est gestionnaire de l'Intermarché de Saint Pair ou à mon voisin syndicaliste de gauche qui habite à Chanteloup que ce n'est pas le conseil général d'Ille et Vilaine, le conseil régional de Bretagne ou la communauté d'agglo de Rennes qui va financer un nouveau médecin dans le canton de St Poix, le désenclavement routier de Granville, le maintien d'une maternité à Granville, l'électrification de la ligne Caen- Rennes, l'arrivée d'un ferry voiture/ camions à Granville pour les îles anglo-normandes... etc etc. Non ce n'est pas l'argent des bretons qui financera mais bien le vôtre normands du Sud Manche qui payez déjà des impôts locaux plus lourds que la moyenne nationale car la "basse" Normandie est une petite région pauvre: il en serait évidemment autrement fiscalement et budgétairement avec la 5ème région de France en part de PIB, à savoir la Normandie réunifiée: ce qui permettrait des relations équilibrées avec la Bretagne voisine en toute confiance et sérénité...
Utilisez cet argument il fait son effet dans le Sud Manche je vous l'assure!

Florestan d'Hudimesnil

[lionel50]

OF avec la "haute" Normandie, certes ce n'est pas l'idéal, mais cela aurait le mérite de donner plus de poids à la Normandie et lui donner plus de visiblité en interne et en externe. Le découpage actuel d'OF participe à un matraquage incidieux (voir subliminal) et inculque le notion de basse et haute comme une norme. Je ne sais pas quelle est la vision d'OF en "haute" Normandie, mais en "basse", rien que le titre de Paris Normandie renforce une vision de parisien, hautain et bourgeois ("Rouen, Paris, bah! c'est du pareil au même!") aux "hauts" Normands. Les gens du centre et sud manche ont souvent cette reflexion et sont plus réticents à la Réunification que dans le nord Cotentin. Les bobos rennais semblent plus les séduire.
Beaucoup de jeunes font leurs études à rennes et souvent reviennent convaincus! hélas!
Là ou il y a le plus de boulot à faire pour changer les mentalités, c'est le centre et sud manche et l'orne.
Je comprend bien que d'un point de vue rédactionel ce serait l'inféodation totale à la pensée rennaise et néo- bretonne. Delicat!

[J PH JOLY]

Il vaudrait mieux que OF ne "symbiose" pas la région entière. En effet il était question d'un rachat par eux de Paris NORMANDIE!!! Ne rêvons pas l'inverse est totalement impossible...

[Yuca 2 Taillefer]

Bien vu Lionel50, j'en ai remis une couche sur le blog OF. Même si tous mes messages ne paraissent pas, notamment le dernier où je lui répond, je pense que ça "commence" à être constructif avec OF.
Forcément à prendre avec des pincettes les gens de OF, c'est des gens vraiment sympas, mais ils restent des Bretons...

[lionel50]

J'aimerais réagir sur un point des commentaires fait par M. DURON, président de la région choco BN sur la numéristion des archives de Ouest Eclair et leur mise à disposition par Normannia. il décare en effet:
" Ouest-France est en symbiose avec nos territoires, observe le président Philippe Duron"

Non M.Duron, OF n'est pas en symbiose avec nos territoires car il ne couvre pas la totalité de la région Normandie, chose qu'il fait avec les régions Bretagne, Pays de Loire. Cela participe à mon sens aussi à l'éclatement de la région, puisque vu de l'extérieur, la "basse Normandie" est liée, voir inféodée au grand ouest, cette pseudo région qu'on nous martèle de façon insidieuse. M. Raffarin, ex 1er Ministre, nous avez mis en boite avec nos 2 régions, comprenez "quand allez vous les réunifier?" alors qu'en parallèle il activait le grand ouest en laissant les services de l'Etat basés en Normandie se délocaliser à Rennes ou Lilles!
Ancien prof de quoi ? Géographie? Histoire? Laissé moi rire!

http://blog.ouest-france.fr/index.php/?2006/04/22/55-la-basse-normandie-pilote-pour-la-conservation-de-la-presse-et-des-outils-de-lhistoire&cos=1