Hommage à Guillaume NORMAND

Dans les restos chics parisiens ou ailleurs où l’on se gauberge avec du homard à 500 Francs le kilo, on ne se doute rien. On ne sait pas combien le métier de marin pêcheur peut être dangereux…

Vendredi 26 mai matin, au large d’Audierne, la mer est mauvaise mais Guillaume Normand, (eh oui !) pêcheur de ligne expérimenté et respecté par ses pairs prend néanmoins le large pour une partie de pêche au bar de ligne. Très soucieux de différer son départ pour des raisons de sécurité, il part néanmoins : à son bord, un passager… un certain Edouard Michelin.

Ils partent vers la Chaussée de Sein où les gigantesques vagues levées par la houle océanique peuvent danser furieusement sur les pavetons en dessous : Guillaume Normand connaît les fonds comme le fond de sa poche et le bar aime le bouillon surtout au début du flot . Dans le Cotentin, on connaît ! On a le raz Blanchard et personne dans le coin, dans la Hague ou ailleurs n’est assez inconscient pour aller affronter les « marmites » du Blanchard lorsque la météo ne le permet pas : en général lorsque le vent est contraire au courant de la marée... Un clapot monstrueux se lève comme une sorte de mascaret qui  peut retourner les embarcations même munies d’un moteur puissant…

                               

La journée se passe : aucune nouvelle de Normand et de son passager. Le Cross donne alors l’alerte. Un Bréguier atlantique survole la zone et repère une trainée de gasoil suspecte. Un démineur de la Marine Nationale appareille de Brest et repère un corps flottant entre deux eaux : il est rapidement identifié. C’est Edouard Michelin.

Hommage national, télés, radios, presse etc… etc…

Les plongeurs repèrent l’épave du « Liberté » c’est le nom du ligneur dont le patron était Guillaume Normand : il repose par 70 mètres de fond posé sur le flanc bâbord. Le patron est peut-être encore à bord…

Qui parle maintenant de Guillaume Normand au fond de l’eau ? Les pêcheurs du comité d’Audierne sont amers : ils viennent de le dire sur Radio France Breizh Isel. Il n ‘y aura pas d’hommage national à Guillaume Normand…

En hommage à tous nos pêcheurs de nos côtes de Bretagne et de Normandie auxquels ceux qui se gaubergent de fruits de mer dans des menus gastros à 100 euros ne pensent jamais !

Texte écrit par Florestan d’Hudimesnil.

Comments

[musique63]

Trop peu d'hommages à Guillaume Normand ont été lus sur la toile, merci à Florestan de l'avoir fait. Une pensée aujourd'hui à l'épouse de Guillaume Normand, aujourd'hui décédée, si peu de temps après la disparition accidentelle de son mari, laissant deux jeunes filles sans parents, hommage à cette famille si douloureusement éprouvée

[Marie]

Je vis en bordure de mer et je sais combien ce métier est dangereux.

Nos mers sont capricieuses et pour les marins c'est leur gagne pain, alors il faut sortir par gros temps, avec la marée peut être que le temps va se lever et voilà que la brume tombe, impossible de rentrer, il faut pêcher, notre journée n'est pas terminée.

Un grand Hommage à cette profession qui au péril de leur vie, nous ramènent du poisson que nous apprécions.

Marie

[Phil14]

J'aurais aimé qu'on évoque aussi les pêcheurs du Havre disparus récemment... mais il est vrai que
la Bretagne est plus médiatique, même l'étoile de
Normandie s'y met!

[lionel50]

Pour continuer dans le sens de Florestan, j'ai assisté du haut des falaises de Port en Bessin (en 1992 ou 93) à l'entrée de deux bateaux de pêches par gros temps. Nous étions tous époustouflés par le courage, le sang froid et la technique de ces hommes!
Nous étions là, en balade dominicale ou pour un jour férié, venus prendre le vent et voir les paquets de mer frapper la digue. Deux coquilles de noix se sont présentées à l'entrée du port, tout le monde les a regardé (et il y avait du monde), comme au spectacle!
L'entrée est très étroite, avec le gros temps il leur a fallu trouver le bon angle, le bon moment pour que la mer les fasse entrer. Ils ont essayé à plusieurs reprises, au risque d'être fracassés contre la digue, pendant que l'autre attendait son tour. Un grand moment d'humilité pour tous les jeunes cadres dynamiques et "preneurs de risques" en congés qui étaient là, parmi les spectateurs!